Lundi 23 mars, à la Halle, 20h, dans le cadre du cycle Grands Interprètes, le tsar de la musique dite classique, Valery Gergiev, est de retour dans notre bonne ville de Toulouse. Cela fait plus de 20 ans qu’il revient le plus régulièrement possible. Mais qui donc va s’en plaindre, n’est-ce pas ? Il est accompagné de son Orchestre préféré, l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg.
Le programme est entièrement russe avec Moussorgski et Tchaïkovski. Anastasia Kalagina interprètera Les Enfantines, cycle de mélodies de Modeste. Suivront les Variations sur un thème rococo de Piotr, avec au violoncelle solo notre tout jeune Edgar Moreau qui, décidément a pris goût au ciel toulousain. 2013, c’était déjà Gergiev et Chosta, 2014, c’était Sokhiev, et Chosta encore. Il aura 21 ans le 3 avril. Quel début de carrière!! Mais un résumé – déjà – de sa bio vous en dit plus.
Et pour clore le concert, quoi de plus russe que les Tableaux d’une exposition. Vous l’avez compris, si vous n’appréciez pas le romantisme aux racines slaves, dommage. Mais il vaudra mieux s’abstenir pendant que d’autres vont se délecter.
Programme, suivi de bios plus détaillées, suivies de quelques mots sur les œuvres
Modeste Moussorgski [1839-1881]
Les Enfantines (orchestration de Rodion Chédrine)
Avec la nourrice – Au coin – Le scarabée – Avec la poupée – Avant de s’endormir
Le chat “Matelot” – à dada ~ 16 mn
Piotr Ilitch Tchaïkovski [1840-1893]
Variations sur un thème Rococo, opus 33, pour violoncelle et orchestre
Moderato assai quasi Andante – Thema. Moderato semplice
Variation I. Tempo della Thema
Variation II. Tempo della Thema
Variation III. Andante sostenuto
Variation IV. Andante grazioso
Variation V. Allegro moderato
Variation VI. Andante
Variation VII. & Coda. Allegro vivo 18mn
Un entracte d’environ une vingtaine de minutes
Modeste Moussorgski [1839-1881]
Tableaux d’une exposition (orchestration de Maurice Ravel)
Promenade – Gnomus – Promenade – Il vecchio castello – Promenade – Tuileries – Bydlo – Promenade
Le ballet des poussins dans leurs coques – Samuel Goldenberg et Schmuyle – Promenade
Le marché de Limoges – Catacombae – Cum mortuis in lingua mortua – La cabane sur des pattes de poule
La Grande Porte de Kiev ~ 30 mn
Valery Gergiev : sa bio est une des plus impressionnantes qui soient concernant un chef d’orchestre, car il n’est pas que chef. C’est un véritable homme-orchestre qui gère une multitude d’affaires, entre les orchestres, les festivals auxquels il participe : Il a créé et dirige plusieurs festivals dont Stars of the White Nights, le Gergiev Festival (Pays-Bas) et le Moscow Easter Festival. Il y a les nombreuses invitations à diriger. Il n’oublie pas encore de conseiller de futurs chefs d’orchestre tout en participant à l’émergence de pléthore de chanteurs de renommée devenue pour certains, mondiale.
Valery Gergiev est Directeur Artistique et Général du Mariinsky depuis 1988.
En 1997, après la disparition de Sir Georg Solti, Valery Gergiev a repris le World Orchestra for Peace. Le maestro est Chef Principal du London Symphony Orchestra et, à partir de 2015/16, deviendra chef principal du Munich Philharmonic Orchestra.
Il a développé le répertoire d’opéra et de ballet du Théâtre Mariinsky qui va maintenant du XVIIIe au XXe siècle et dans lequel on retrouve toutes les symphonies de Beethoven, Brahms, Mahler, Prokofiev et bien sûr Chostakovitch, sans oublier les Requiem de Mozart, Berlioz, Verdi, Brahms et Tishchenko et divers travaux de compositeurs tels que Stravinski, Dutilleux, Henze, Schedrine, Gubaïdoulina, Kancheli et Karetnikov. En 2006, le Concert Hall construit sur le site d’ateliers qui avaient brûlés, et le 2 mai 2013 a ouvert le nouveau Théâtre Mariinsky (Mariinsky-II) le long du bâtiment historique. Le Théâtre Mariinsky a été transformé en un complexe théâtre et salle de concert, sans égal en Russie. Créé par Valery Gergiev en 2009, le label d’enregistrement du Mariinsky a déjà réalisé plus de vingt-cinq disques qui ont suscité les éloges des critiques et du public à travers le monde.
Valery Gergiev travaille avec le Metropolitan Opera, les : Vienna, New York et Rotterdam Philharmonic Orchestras et le Filarmonica della Scala. En 2014, le Children’s Chorus of Russia, fondé à l’initiative de Valery Gergiev, a participé à la cérémonie de clôture des Jeux Olympiques XXII à Sotchi.
Les prix et récompenses de Valery Gergiev, nominations et titres et présidences sont…innombrables !!
Dernière venue : le 9 janvier 2013, avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg
Violoncelle : Edgar Moreau – Programme : Chostakovitch
Anastasia Kalagina
Anastasia Kalagina est diplômée du St Petersburg State Rimsky-Korsakov Conservatoire. Elle rejoint en 1998 The Mariinsky Academy of Young Singers. Anastasia Kalagina est soliste du Théâtre Mariinsky depuis 2007.
Parmi les très nombreux rôles qu’elle a déjà interprété au Théâtre Mariinsky, on retrouve tous les grands rôles de soprano, de Mozart à Richard Strauss.
Son répertoire comprend aussi les rôles de soprano de l’oratorio Elias de Mendelssohn, les Symphonies de Mahler n°2, n°4 et n°8, le Requiem de Mozart, le Requiem de Fauré, le Requiem allemand de Brahms, le Stabat Mater de Dvorák et Carmina Burana de Carl Orff.
Son répertoire de musique de chambre comprend des œuvres de : Rimsky-Korsakov, Tchaïkovski, Rachmaninoff, Medtner, Chostakovich, Schumann, Schubert, Liszt, Brahms, Fauré et Debussy.
Sa carrière est jalonnée de nombreuses récompenses et de prix.
Edgar Moreau
Récompensé d’un Premier Prix et de six prix spéciaux aux dernières auditions des Young Concert Artists à New-York en novembre 2014, « Révélation Instrumentale 2013 » et « Soliste Instrumental 2015 » des Victoires de la Musique Classique, Edgar Moreau remporte à 17 ans le Deuxième Prix du XIVe Concours Tchaïkovski à Moscou en 2011 sous la présidence de Valery Gergiev où il s’est vu décerner aussi le Prix d’interprétation de la meilleure œuvre contemporaine. Il est également lauréat du dernier Concours Rostropovitch en 2009 avec le Prix du Jeune Soliste.
Né en avril 1994 à Paris, il commence le violoncelle à quatre ans ainsi que le piano, instrument pour lequel il obtient son prix au Conservatoire de Boulogne-Billancourt en 2010. Après avoir suivi l’enseignement de Xavier Gagnepain, il est admis au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris dans la classe de Philippe Muller en 2009. Il vient d’intégrer la Kronberg Academy où il étudie avec Frans Helmerson.
Se produisant déjà en soliste à l’âge de onze ans avec l’Orchestre du Teatro Regio de Turin en 2006, il a depuis joué avec des orchestres de pointure mondiale dirigés par des chefs tout aussi renommés. Et c’est du même niveau pour ce qu’il en est des Festivals ou Rencontres ! Ses futurs engagements continuent ce début de parcours absolument tonitruant !
Edgar a sorti en 2014 son premier album chez Erato, PLAY. Il joue un violoncelle de David Tecchler de 1711.
Dernière venue : le 9 janvier 2013, avec l’Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg
Programme : Chostakovitch – Concerto pour violoncelle et orchestre n°2
Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg
Directeur Général et Artistique Valery Gergiev
C’est l’un des plus anciens ensembles musicaux de Russie. Son histoire remonte au début du XVIIIe siècle avec le développement de la Kapella Cour Instrumental. Au XIXe siècle, c’est le chef d’orchestre Eduard Napravnik qui joue un rôle extrêmement important dans l’émergence de l’Orchestre qu’il a dirigé pendant plus d’un demi-siècle. L’excellence de l’orchestre a été reconnue à maintes reprises par des musiciens de classe internationale qui ont pu le diriger, comme Berlioz, Wagner, von Bülow, Tchaïkovski, Mahler, Rachmaninov et Nikisch. À l’époque soviétique, la tradition de cet illustre ensemble s’est poursuivie avec des chefs tels que Yevgeny Mravinsky, Konstantin Simeonov et Yuri Temirkanov.
L’orchestre a eu l’honneur d’être le créateur de nombreux opéras et ballets de Tchaïkovski, des opéras de Glinka, Moussorgski et Rimski-Korsakov et des ballets de Chostakovitch, Khatchatourian et Asafiev.
Depuis 1988, l’orchestre est dirigé par Valery Gergiev, musicien de premier ordre et figure marquante dans le monde de la musique. L’arrivée du Maestro Gergiev à sa tête a inauguré une nouvelle ère d’expansion fulgurante du répertoire de l’orchestre.
Dernière venue : le 9 janvier 2013, dirigé par Valery Gergiev – Programme : Chostakovitch
Pour les fameuses Variations sur un thème rococo, l’orchestre utilisé par le compositeur est celui d’une petite formation de type : la petite harmonie 18è soit, bois et cors par deux, les cordes et pas de percussions. Pour ne pas rivaliser avec le violoncelle, les cordes sont limitées au strict rôle d’accompagnement, souvent en pizzicatos. Il est à remarquer que tout ce qui est dialogue est confié aux vents.
Cette œuvre est contemporaine de la Symphonie n°4, de la Valse-Sherzo pour violon et orchestre, mais aussi d’écrits comme : « C’est à Mozart que je dois d’avoir consacré ma vie à la musique… » ou encore : « Mozart est le Christ des compositeurs… »
Concernant toujours ces Variations, si l’on s’appuie sur les propos de l’un de ses biographes, Edwin Evans, on peut affirmer qu’elles sont connues de tous les violoncellistes comme étant dans leur ensemble, l’une des œuvres les plus précieuses et raffinées, mais avec des qualités plus grandes encore : chaque variation a un charme et un piquant qui lui est propre et chacune d’entre elles est accompagnée d’une orchestration brillante, lumineuse, délicate, une orchestration que Tchaïkovski maîtrise à la perfection quand elle correspond tout à fait au propos décidé. C’est un divertimento mais, dès l’annonce du thème, nous savons que la forme romantique – très 19è – va l’emporter sur le caractère baroque – 18è.
C’est en accord avec cette forte envie du moment de réinterpréter le passé que le musicien va décider de l’effectif orchestral pour accompagner ce solo de violoncelle. Les forces ainsi mises en place ne menaceront jamais de couvrir l’instrument soliste, aussi bien la virtuosité de l’exécutant que les mélodies expressives de la partition. Il sélectionne des variations qui imposent son propre sens de l’ordre et de la limite. Il invente un thème original agencé de façon claire, équilibrée, d’un genre tout à fait mozartien. Enfin, ces Variations ne sont jamais des pastiches. Dès la très expressive introduction orchestrale jusqu’à la coda très virtuose, nous sommes bien dans la musique de Tchaïkovski. Même si, la version la plus populaire correspond à celle, fortement remaniée, du jeune violoncelliste allemand Fitzenhagen, le dédicataire et créateur à Moscou en 1877, dont le compositeur pourra dire : « …un vrai usurpateur, le diable en personne » tout en laissant faire, amer et dépité !
Quelques mots sur Les Tableaux d’une exposition
En 1874, il a 35 ans, Moussorgski a l’idée de composer cette œuvre à la suite d’une visite qu’il fait d’une exposition posthume de dessins et d’aquarelles – 400 – de l’architecte Victor Hartmann, ami intime du musicien jusqu’à son décès. C’est une série de dix pièces, une succession d’images précises dans lesquelles le musicien essaie d’exprimer musicalement les impressions qu’il a pu éprouver devant les œuvres de son ami. Chaque pièce porte le nom d’un tableau. Il est d’ailleurs reconnu que certaines sont d’une vie et d’une expressivité remarquable. Une indication programmatique pour chaque pièce se trouvait au début de chacune. C’est, au départ, une série de dix pièces pour piano, « rédigée par Nicolas Rimski-Korsakov ». Elles seront orchestrées une première fois par un certain Touchmalov et exécutées à Saint-Pétersbourg en 1891, dix ans après la mort du compositeur.
C’est le chef d’orchestre Serge Koussevitski – réfugié à Paris pour fuir alors la Russie des Soviets – qui va passer commande à Maurice Ravel d’une nouvelle orchestration en 1922, orchestration si brillante et si personnelle que d’aucuns n’hésitent plus de parler des Tableaux de Moussorgski…et Ravel. Ce dernier a su avec bonheur exploiter toutes les possibilités inhérentes à une partition dont l’écriture pianistique est pleine de résonances orchestrales. La commande passée, c’était pour frapper un grand coup de com’ pour la prochaine saison de ses « Grands concerts symphoniques ». L’ex-contrebassiste du Bolchoï qui a remisé l’archet pour la baguette se doit de marquer les esprits.
Et sur la place de Paris, qui jouit de la meilleure aura, « de la meilleure réputation de magicien coloriste des forces orchestrales » ? Maurice Ravel. Ce qui “tombe“ bien, notre compositeur a besoin d’argent. Il se met au travail illico, et commence d’ailleurs par le dernier tableau, la fameuse La Grande Porte de Kiev, grandiose et majestueuse conclusion, un véritable chant épique, une imposante glorification du peuple russe. Le chef, nouveau dans ses fonctions, a visé juste. La création, le 19 octobre 1922, est un triomphe. « Ravel sut concilier le goût et l’éclat (…), le respect de Moussorgski et une spectaculaire appropriation, autrement dit la rudesse du ton et le raffinement. » Il laisse sur le bord du fossé une vingtaine d’orchestrations dites sérieuses mais, finalement, de qualité artistique non retenue.
Ce qui est caractéristique dans cette œuvre, au piano d’abord et, coup de génie de Ravel à l’orchestre ! c’est son intention descriptive et le rôle de l’imagination motrice, l’importance de l’élément folklorique et national, l’absence de développements, technique contraire en effet à la nature réaliste d’un Moussorgski, la spontanéité de l’inspiration qui en fait une musique extrêmement concentrée, faisant appel à la seule sensibilité et qui est véritablement l’expression de l’âme russe du XIXè siècle, cette âme qui prend conscience de sa propre valeur et qui aspire alors à l’émancipation. Pendant ce temps, Staline devient le premier secrétaire du Comité Central du parti communiste.
L’effectif orchestral, très riche, se compose de : 3 flûtes et une petite flûte, 3 hautbois et un cor anglais, 2 clarinettes et une clarinette basse, 2 bassons et un contrebasson, un saxophone alto, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, un tuba, les timbales et une importante percussion dans laquelle on retrouve : glockenspiel, cloches, triangle, tam-tam, crécelle, fouet, cymbales, tambour, grosse caisse, xylophone, et célesta, 2 harpes et bien sûr tous les pupitres de cordes en quantité correspondant aux bois et cuivres et percussion.
L’introduction intitulée « Promenade » réapparaît plusieurs fois entre les diverses pièces pour former interlude, et son thème principal se retrouve même dans certains tableaux. Ce véritable leitmotiv constitue ainsi, malgré la diversité des tableaux, le ciment qui scelle l’unité de l’ensemble. Et, malgré ces multiples retours, ce thème n’engendre nullement la monotonie, grâce à sa valeur musicale intrinsèque mais aussi aux variations expressives que l’auteur lui fait subir. Cette promenade représente la personnalité du musicien qui, au cours de l’exposition, allant et venant d’un tableau à l’autre, tantôt flâneur, tantôt empressé, et représente encore ses états d’âme successifs comme l’émotion qu’il éprouve au souvenir de l’ami défunt il y a peu.
Vous trouverez partout titre et détails de chacun des dix tableaux.
Michel Grialou
Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg
Valery Gergiev (direction)
lundi 23 mars – Halle aux Grains (20h00)
Sites Internet
Orchestre du Théâtre Mariinsky de Saint-Petersbourg
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