Cela faisait longtemps que je n’étais pas allée voir un film d’animation au cinéma. Avec le phénomène » coolitude du mois d’août » et la magie des re – sorties, j’aurais pu aller (re)(re)(re)(re)(re)(re)(re)(re)voir mon voisin Totoro (ça n’aurait été que la 251ième fois après tout), mais j’ai été forte, je n’ai pas cédé à la tentation et m’en suis plutôt allée faire un tour du côté de la Côte d’Ivoire.
Yopougon, comme vous le savez peut – être (ou pas) est un quartier populaire d’Abidjan. Et dans ce quartier vit la Aya du titre, sa famille et ses 2 meilleures copines, Bintou et Adjoua.
Et en cette fin des années 70, la vie n’est pas toujours simple pour une fille de 19 ans vivant dans un pays qui s’ouvre sur l’extérieur et laisse entrer la télévision dans les foyers mais est encore très ancré dans les traditions. Si la bouillonnante Bintou et la timide Adjaoua ne pensent qu’à aller danser dans les maquis et se trouver un riche mari (qui financera leur salon de coiffure), Aya rêve émancipation et études de médecine. Mais le cours de la vie va avoir tôt fait de les rattraper toutes les 3.
Produit par le studio Autochenille Production (spécialisé dans l’animation et fondé par Joan Sfar et Clément Oubrerie), Aya de Yopougon est l’adaptation de la BD du même nom (créé par Marguerite Abouet).
Même si je ne suis pas une fan absolue du graphisme et de l’animation (les goûts et les couleurs hein !), j’ai apprécié le voyage dans cette Afrique seventies, loin des clichés d’un exotisme mal placé, laissant bonne place à un récit souvent drôle et hyper vivant.
Marguerite Abouet réussit d’ailleurs le pari de créer un personnage ultra – féminin, évoluant dans une société patriarcale, mais revendiquant son indépendance.
Aya de Yopougon vaut tout autant pour ses personnages que pour la découverte des us et coutumes d’un quartier (et d’une certaine vision d’un pays) : la drague (véritable sport national), les maquis, le langage (hyper coloré mais parfois un peu déstabilisant pour mes oreilles de petite occidentale).
Rythmé par des chansons populaires et de vieux spots télé (so kitch !), le film s’avère aussi un constat social, témoin de la disparité des richesses, de l’inégalité face à l’éducation et l’accès aux soins médicaux.
Toutefois, j’ai eu l’impression que l’adaptation d’Aya de Yopougon souffrait un peu des mêmes symptômes que celle du Chat du Rabbin (autre BD à succès signé Joan Sfar et également produite par Autochenille Production). Il est toujours délicat d’adapter une série (surtout une comme celle de Marguerite Abouet, qui compte pas moins de 7 volumes) tant il est difficile d’en synthétiser l’essentiel ou simplement de passer du papier à l’animé.
Dans un cas similaire, il me semble que Marjane Satrapi et son compère Vincent Paronnaud avaient totalement réussi leur pari concernant celle de Persepolis.
En vous remerciant.