Les Ides de Mars
La traduction littérale du titre américain (The Ides of March) n’était peut-être pas assez claire pour la France. Pourtant ces Ides de Mars qui virent l’assassinat de César à la suite d’un incroyable complot semblent avoir inspiré, si ce n’est la trame, du moins tout le cynisme qui hante le dernier opus de George Clooney. Celui-ci nous entraîne dans une primaire américaine, genre de consultation pré-électorale que les Français connaissent parfaitement aujourd’hui. Il nous plonge au cœur d’un QG de campagne, celui de Mike Morris (George Clooney, toujours nickel chrome). Dans l’armada qui l’entoure, deux lieutenants ont en main sa destinée : Paul, le directeur de campagne (Philipp Seymour Hoffman, comme d’habitude formidable) et Stephen, un jeune conseiller encore un peu vert mais plein de certitudes (Ryan Gosling, ici dans un rôle qui révèle une profondeur de jeu qui en dit long sur le talent de ce comédien fascinant). Il y a également Molly, une très jeune et très jolie stagiaire (plus que convaincante Evan Rachel Wood). A l’affut de ce beau monde, Ida (Marisa Tomei), mélange sournoisement l’amitié et son boulot de journaliste au Times. Face à eux, Tom (Paul Giamatti), le patron de la stratégie du camp adverse, va se révéler un manipulateur redoutable. Et nous voilà dans un véritable thriller que l’on regarde avec…effroi ! Non, se dit-on, tous ces faux semblants, ces scandales sexuels, ces retournements de veste, ces coups bas, tout relève du roman bien sûr. Quoi que… Allez, ne nous leurrons pas, ce film n’est pas loin du docu-fiction et il faudrait être bien naïf pour s’imaginer le contraire. Sans être original sur le thème traité, le film de George Clooney souligne tout de même avec une force peu commune le cynisme et la brutalité qui accompagnent immanquablement toute marche vers le pouvoir suprême. Un montage superbe et des éclairages somptueux sont au rendez-vous d’un film, non pas à grand spectacle, mais tout entièrement tourné vers l’activité mentale des personnages. Et avec le casting 5 étoiles réuni ici, autant dire que c’est un régal !
Robert Pénavayre
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