Quand le Super 8 donnait naissance à des héros
Pour son troisième long, J.J.Abrams se lance dans un véritable hommage à cette technologie devenue aujourd’hui autant muséale que mythique : le Super 8. Inventé en 1965 par Kodak, ce format de film pour amateurs a fait rapidement florès grâce à ses innovations et a permis à bon nombre de passionnés de faire leurs premiers pas derrière la caméra. A l’évidence, ce fut le cas de J.J. Abrams et Steven Spielberg. Ce qui nous vaut un brin de nostalgie très palpable dans ce film. L’action se passe, au début des 70’s, dans une petite ville industrielle de l’Ohio. Là, une équipe de joyeux branquignols de la caméra Super 8 passe son temps à tourner un film de zombies. A peine adolescents, ils sont déjà plein de passion pour le genre, n’hésitant pas à passer leurs nuits en tournage. C’est ainsi que le plus grand des hasards leur fait imprimer sur la caméra un accident ferroviaire. Si le réalisateur en herbes hurle à la plus-value pour son film, il n’en est pas de même des autorités militaires. En effet, le dit convoi transportait un chargement top secret du 3ème type. En fait un alien qui, profitant de l’accident, se fait la malle et commence à provoquer dans le secteur des phénomènes étranges typiques : pannes d’électricité, disparition de matériaux et…d’humains. Jusqu’au jour où la petite amie du responsable des maquillages de la joyeuse équipe tombe dans les pattes du monstre. Démarre alors la traque de l’extra-terrestre, en fait un clone un rien plus menaçant qu’E.T. mais qui, lui aussi, veut rentrer dans sa planète-patrie. Alternant avec une régularité métronomique les séquences d’angoisse et de suspense avec celles plus calmes dans lesquelles il filme la vie commune de cette Amérique profonde, J.J Abrams nous livre ici un véritable hommage à son mentor Steven Spielberg qui, faut-il le préciser, a non seulement produit ce film mais également participé à son écriture et à sa préparation. Les références aux Dents de la mer, E.T, 1941 et autres Rencontres du Troisième type sont nombreuses et font sourire gentiment. Le film lui, se traîne un peu sur ses presque 2h. En cette période estivale, il se voit certes sans déplaisir, mais les trop nombreuses ruptures de rythme finissent par lasser, autant d’ailleurs qu’un final plus que prévisible et particulièrement boursouflé de bons sentiments. Son premier long : Mission impossible 3 et, surtout, son second : Star Trek, en 2009, nous laissaient imaginer une autre dynamique, un autre punch. Ce film à quatre mains s’est peut-être pris les pieds dans le tapis d’un hommage trop béat.
Robert Pénavayre