Avec Jake Gyllenhaal, Michelle Monaghan, Jeffrey Wright.
Colter Stevens voyage en train en compagnie de la jolie Christina. Elle lui parle tranquillement, elle l’aime beaucoup. C’est une belle journée.
Sauf que Stevens ne la connaissait jusqu’à il y a quelques minutes. Il n’a pas le temps de comprendre quoi que ce soit qu’une bombe explose et tout le monde périt dans l’attentat.
Mais Stevens se réveille dans sa cabine de pilotage. Il est soldat en Afghanistan. Et va devoir retourner dans le train dans quelques secondes…
Il ne s’agit pas ici d’un film sur des programmeurs en informatique condamnés à bouffer du code pour pondre un logiciel. Le code source, en l’occurence, est précisément ce qui ne doit pas être identifié avant d’avoir vu le film. Donc avis aux amateurs de matraqueurs binoclards de clavier, il n’y en a pas. Enfin, il y a quand même des claviers, et des téléphones mobiles qui captent internet, mais rien de bien méchant.
« Source Code » fait partie de ces métrages dits « films concepts », qui à l’instar d’oeuvres comme « Un jour sans fin », « Cube », ou même « Inception », frappent l’imaginaire du spectateur par des scénarii que j’appellerais « à couilles », sortant des sentiers battus pour proposer des genre à eux tous seuls, et dont le postulat de base induit une narration, une mise en scène, et un dispositif en adéquation avec la radicalité de l’entreprise. Le plus souvent, ces films permettent aux metteurs en scène de s’essayer à des exercices de style comme le huis clos, la répétition à outrance, ou les ambiances oniriques, torpillant la manière habituelle de raconter des histoires. Le principal danger est de ne pas se laisser bouffer par son scénario, en proposant une réalisation ne servant qu’à mettre en image le script.
En clin d’oeil à « Incassabe » de Shyamalan, qui voyait Bruce Willis sortir indemne de l’accident de train qui ouvrait son film de super héros, la scène du train de « Source Code » constitue l’un des deux fils rouges du film, et on voit finalement son héros passer quasiment tout le métrage à dialoguer avec deux femmes. Tour à tour guides ou suiveuses, ces deux personnages féminins, comme dans un jeu vidéo, constituent finalement deux points d’ancrage, deux sauvegardes, deux frontières d’un univers nous renvoyant sans cesse au concept du huis clos.
Duncan Jones sait instaurer un suspense, jouer sur les indices visuels (le film nécessite bien sûr un deuxième visionnage pour permettre au spectateur de décrypter les premiers dialogues forcément incompréhensibles). Son casting est impeccable, Gyllenhaal excelle dans plusieurs registres, l’agressivité, la traque, la fébrilité, tandis que Michelle Monaghan apporte ce qu’il faut de fraîcheur à un rôle (encore une princesse à sauver, comme dans « Mission : Impossible 3 ») qui avait tout pour être énervant.
Au final, sans pour autant être le film de l’année, « Source Code » se révèle un bon petit film à voir, réussi dans son genre, mais manquant peut-être d’un chouia d’ambition, et pâtissant de dix dernières minutes de trop.
Thomas Berthelon : http://thomasberthelon.com