C’est seulement sa deuxième saison sous la direction artistique de Galin Stoev et de Stéphane Gil son directeur délégué mais le Théâtredelacité affiche une mine olympique : la communication s’est épurée pour que l’accent soit mis sur le foisonnement des projets et des créations tout au long de la saison. Quant à la dynamique impulsée par la Biennale internationale des arts vivants qui ouvre le bal, elle promet dans les jours qui viennent une rentrée tous azimuts.
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Malgré tout, cette rentrée ne sera pas tout à fait la même après le décès, survenu cet été, de Jacques Nichet, une figure incontournable de l’histoire de cette grande maison qu’a été le Centre dramatique National baptisé Théâtre National de Toulouse de 1998 à 2007 avant de prendre le nom de Théâtredelacité. Passionné de poésie, homme de théâtre, précurseur et artisan fondateur d’une large ouverture du théâtre sur la cité, il était animé d’une curiosité inlassable pour la littérature, les écritures poétiques et dramatiques et toutes les formes du spectacle vivant, le cirque, la marionnette, la danse, le jeune public, etc. qu’il a largement contribué à faire connaître. Son talent et son humanité ont profondément marqué le lieu et l’équipe ; une belle soirée lui rendra hommage le 21 septembre prochain.
Elargir les cercles
Dans une volonté de délier les habitudes de travail collaboratif existantes et d’impulser de nouveaux partenariats à l’échelle métropolitaine, le Théâtredelacité a porté l’origine du projet de la Biennale tout en associant au processus dès le début plus de trente structures culturelles à cette manifestation d’envergure, première du genre à Toulouse. Logique participative, envie de décloisonner, la dynamique qui a prévalu pour construire la biennale saute aux yeux dans les programmations des uns et des autres : accueillis en collaborations les spectacles sont visibles en différents endroits, histoire de mettre les publics autant que les lieux en synergie et en mouvement. Une itinérance posée comme un principe de base, très concrètement à l’œuvre par exemple dans la proposition de Rimini Protokoll accueillie avec l’Usine et Pronomades, Cargo Toulouse, puisque les spectateurs y circulent en camion vitré transformé en théâtre sur des itinéraires tout autour de la ville.
Valoriser la création
Dès son arrivée, la volonté de la nouvelle direction a été de faire de la place aux artistes en création dans une maison qui deviendrait réellement la leur : des appartements d’accueil ont été créés sur les anciens bureaux, des résidences ont pu laisser un vrai temps de travail aux compagnies et des espaces inutilisés ont été mis à contribution donnant à ce grand théâtre des allures de ruche bourdonnante. En seulement un an le dispositif d’ensemble, l’inCUBateur créatif fait ses preuves : plus de la moitié des spectacles présentés sont des créations. Jonathan Châtel avec De l’ombre aux étoiles, Sonia Belskaya et J’ai rêvé d’un cafard, Yann Lheureux avec Du cœur ou encore les Cent millions qui tombent des Bâtards dorés sont tous issus de ce « laboratoire » maison.
Donner à voir
En tant que centre dramatique national le Théâtredelacité remplit aussi la mission de donner à découvrir les figures importantes du théâtre contemporain. A des publics et des âges les plus divers. C’est ainsi que voisinent des metteurs en scène reconnus comme Arthur Nauzyciel et sa Dame aux camélias revisitée, Joël Pommerat (Contes et Légendes questionne l’intelligence artificielle et le mythe de la Créature à travers une fiction d’anticipation sur l’adolescence) ou Jean Bellorini qui fait entendre la prose proustienne à travers Un instant, mais aussi des chorégraphes importants comme Christian Rizzo ou Gisèle Vienne accueillis avec La Place de la Danse.
Autre artiste contemporain incontournable, Aurélien Bory se voit consacrer une carte blanche sur son travail, un Portrait-Paysage comme Maguy Marin l’an dernier : en parallèle à sa co-création avec Mladen Materic au Théâtre Garonne Le ciel est loin la terre aussi, seront présentés au Théâtredelacité deux spectacles de danse, aSH avec Shantala Shivalingappa et Questcequetudeviens? avec Stéphanie Fuster. Il présentera également un ciné concert, un opéra au Capitole, une installation Spectaculaire et la reprise de trois des spectacles de ses débuts à Odyssud en fin de saison. Artiste total.
Il faut souligner pour conclure ce bref panorama que Galin Stoev, artiste directeur du CDN, mettra en scène La DOUBLE inconstance de Marivaux et Léonce et Léna de Georg Büchner, deux spectacles de facture et de format très différents puisque l’un a été spécialement conçu pour la grande salle, tandis que l’autre sera à découvrir en allemand au CUB.
Billetterie en Ligne du ThéâtredelaCité
Présentation de la saison 2019-20 du ThéâtredelaCité
Crédit Photos
J’ai rêvé d’un cafard © Romane Metaireau • Contes et Légendes © Cie Louis Brouillard • Un Instant © Pascal Victor • La Dame aux camelias © Philippe Chancel • Questcequetudeviens? © Aglae Bory • La DOUBLE inconstance © Marie Liebig • Cargo Texas Toulouse © Mathilda Olmi