A qui la visite, à qui la découvre, à qui l’habite, Toulouse Ville Rose, annonce d’emblée et garde sa couleur : les toits, la brique, le soleil rasant sur les quais de Garonne. Au carrefour d’anciennes routes, ville métisse au ciel zébré d’avions tranquilles, Toulouse a accueilli autant en elle l’Armagnac et la Gascogne que la paëlla et le tagine tandis que son cœur historique lui, prenait la patine des belles italiennes. C’est pour préserver les trésors chargés d’histoire qui se cachent derrière ses portes cochères que la Ville de Toulouse a lancé depuis 2017 un grand Plan de sauvegarde et de mise en valeur du centre patrimonial (PSMV). Une nouvelle étape à laquelle tous les habitants sont conviés à donner leur avis aura lieu le 17 juin prochain à 18h à l’auditorium des Abattoirs.
Un patrimoine inestimable à valoriser
Il a été fondé à l’ère romaine puis s’est agrandi à l’époque médiévale : le cœur historique de Toulouse recèle des trésors architecturaux, archéologiques et artistiques dont la richesse a permis son classement en site patrimonial remarquable par arrêté ministériel du 21 août 1986. Epousant environ les contours du rempart médiéval, à l’exclusion de la Cité administrative et de l’actuelle faculté de Droit, ce périmètre couvre une surface de 230 hectares (256 hectares Garonne comprise), faisant du site patrimonial de Toulouse l’un des plus grands de France.
Pour sensibiliser largement les toulousains à la beauté et la richesse de leur ville et à la nécessité de l’entretenir et la valoriser, des opérations de communication à destination du grand public ont donc vu le jour à compter de la publication au printemps 2017 du dossier Vos murs ont une histoire dans le journal municipal A Toulouse. Depuis, que ce soit par des expositions dans l’espace public, à travers les pages nourries par l’avancée des travaux et l’actualité de la Direction du Patrimoine ou encore à travers l’édition d’outils d’information (des vidéos culturelles mises en ligne sur Youtube pour présenter les quartiers et leur architecture jusqu’aux fiches pratiques à destination des propriétaires envisageant des travaux de rénovation…) la sensibilisation du grand public a été une préoccupation constante.
Une brochure de vingt pages synthétise aujourd’hui la démarche globale autour du patrimoine portée par la Ville de Toulouse : elle embrasse toutes les dimensions du projet et rend compte notamment du déploiement de la phase d’inventaire menée par l’Atelier du Patrimoine et du Renouvellement Urbain. Les conclusions de cet inventaire ont pour objectif de permettre à terme de connaître précisément la valeur patrimoniale du centre-ville et d’établir un règlement orienté vers sa valorisation.
Recenser les trésors par des visites de terrain
Mettre en valeur les éléments remarquables des immeubles toulousains (façades et intérieurs) les plus communs, sous la dénomination « Patrimoine habité », a ainsi accompagné la phase de recensement et d’état des lieux de ce patrimoine qui court encore jusqu’en 2021 : immeuble par immeuble (il y en a 4000 en tout si l’on réunit immeubles, maisons particulières et commerces présents dans le site), ont été inventoriés ici une serrure forgée au XVIIIème siècle, là un plafond peint à la française ou là encore une statue cachée dans la niche d’une façade. Un inventaire précis et méticuleux qui a su requérir toute la compétence et la technicité des agents chargés de le dresser : en effet nombreux sont les éléments patrimoniaux qui échappent au néophyte par leur subtile discrétion, que ce soient des corniches, des ferronneries, des planchers ou des menuiseries d’époque qu’il faut savoir identifier.
La méthode qui a été mise en œuvre est donc simple : les habitants du cœur historique reçoivent la visite d’agents de la Métropole après avoir été prévenus par courrier. Rendez-vous pris, des chargés d’étude se présentent chez les particuliers afin d’établir un relevé exhaustif des éléments patrimoniaux remarquables et de répertorier les typologies des bâtiments toulousains. Chaque équipe réunit un historien, un archéologue du bâti et un architecte. Autorisés à pénétrer à l’intérieur des immeubles ces agents sont habilités par le ministère de la Culture et de la Communication et par le Maire de Toulouse. Découlant des constats de terrain, des prescriptions peuvent ensuite être énoncées sur les extérieurs (toitures, façades, cours, jardins…) et les intérieurs (appartements, cages d’escalier, boiseries…), aussi bien dans les parties communes que dans les parties privatives.
C’est aussi une occasion pour les propriétaires d’avoir un descriptif détaillé et officiel de leurs biens, descriptif utile ensuite pour valoriser leur bien immobilier lors d’une vente, pour appuyer toute demande d’autorisation ou pour bénéficier de déductions fiscales ou d’une aide financière auprès de l’Agence Nationale de l’Habitat en cas de travaux*.
Associer les toulousains au diagnostic
Mais il n’est pas nécessaire d’être propriétaire ou habitant pour participer. En effet, en permettant la fine connaissance du patrimoine immobilier toulousain, ce recensement veut donner au Plan de Sauvegarde et de Mise en Valeur (PSMV) la valeur d’un document d’urbanisme qui réussisse à concilier les dimensions historiques, architecturales, démographiques, sociales, économiques, fonctionnelles du projet. Cela concerne donc tous les usagers et habitants de la ville rose. D’un côté les aspects techniques : l’Architecte des Bâtiments de France sera garant de l’application des décisions prises et les orientations données guideront la restauration et la mise en valeur des édifices tout en accompagnant aussi la création architecturale.
De l’autre les aspects citoyens car la participation de tous permettra aussi de garantir à ce projet sa pleine expression démocratique : à cet effet la réunion publique du 17 juin est l’occasion pour chacun de s’informer, de comprendre, mais aussi de s’exprimer, de proposer des idées et de participer à la co-construction de ce plan de mise en valeur du patrimoine immobilier, architectural et paysager. En révélant les trésors cachés de ses quartiers, le patrimoine toulousain se trouvera valorisé dans l’objectif de l’obtention du label Unesco. Inscrite sur la liste du Patrimoine mondial de l’humanité, Toulouse gagnera ainsi en attractivité.
Je Participe
*tous les projets de travaux doivent faire l’objet d’une demande déposée auprès du service des autorisations d’urbanisme, lequel soumet les permis de construire, de démolir, les autorisations spéciales et les déclarations de travaux à l’avis de l’Architecte des Bâtiments de France.