Le premier concert de la troisième édition de « Musique en dialogue aux Carmélites » est imminent. À deux pas de la Basilique Saint-Sernin, les musiciens et récitants des quatre coins de France se préparent pour se produire à la chapelle des Carmélites. Les concerts commencent à partir du 16 juin, et ce, un dimanche par mois jusqu’en septembre. Catherine Kauffmann-Saint-Martin, la directrice artistique, nous en confie davantage sur les dessous de l’évènement.
Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots votre parcours ?
Mon parcours a plusieurs vies. D’abord j’ai fais des études de psychologie à Toulouse, puis j’ai passé une maîtrise de psychopathologie à Paris. Mais ensuite, j’ai totalement changé de voie. J’ai eu l’opportunité d’entrer à la télévision nationale SFP à Paris, comme stagiaire. J’ai participé à beaucoup de tournages en tant qu’assistante de réalisation, pendant près de 25 ans. Puis, comme j’avais de l’expérience dans le monde de la télévision mais aussi du service public, j’ai été engagé chez France 3 Sud pour accompagner l’émission « De la terre à la table » avec Jean Francois Bataille. Et grâce à cette émission, j’ai rencontré certaines personnes, qui m’ont finalement demandé de travailler pour eux en tant qu’attachée de presse de musique classique. A Paris, j’avais participé à beaucoup d’émissions sur ce thème, évidemment ça m’a tenté. Donc je me suis installée en tant qu’attachée de presse indépendante dans la région.
Et parallèlement, en 2012, j’ai lancé une série de concerts à l’Orangerie de Rochemontès pendant cinq ans, avant de commencer « Musique en Dialogue aux Carmélites »en 2017.
C’est la troisième édition de « Musique en Dialogue aux Carmélites », pouvez-vous nous faire brièvement l’historique du projet ?
Quand la Mairie de Toulouse a appris que nous arrêtions les concerts à Seilh, elle m’a proposé de lancer un projet en ville. Bien qu’heureuse de cette confiance accordée j’ai hésité, pour des raisons familiales, puis j’ai cédé au plaisir. Non sans avoir demandé à mon ami Pierre-Bernard Kempf s’il était partant, car sans lui je ne saurais rien réaliser.
Pour la première édition en 2017, nous n’avions fait que deux concerts. Mais deux concerts importants : notamment avec le pianiste Denis Pascal, son épouse Marie-Paule Milone au violoncelle, et Marie-Christine Barrault en tant que récitante. On a du refuser du monde, on a eu un succès fou. Le deuxième concert était avec la superbe soprano Magali Léger, avec au piano Marie Vermeulin, une jeune et talentueuse musicienne, et enfin une récitante qui a fait de son métier la lecture de texte en musique, Laure Urgin.
Concernant la deuxième édition, en 2018, nous avons reçu Muza Rubackyté, ma grande amie lituanienne et pianiste qui a donné deux concerts dans la même journée, l’Orchestre Baroque Les Passions avec Gilles Cantagrel, entre autres. Nous proposons quatre concerts par an, tous plus magnifiques les uns que les autres, et toujours dans le même but, faire plaisir ! A moi, à notre équipe de bénévoles, à Pierre Bernard Kempf aussi, qui gère toute l’administration et au public surtout !
C’est vrai que la chapelle des Carmélites est plutôt propice à l’évènement, mais pourquoi ce choix ? A-t-il une symbolique particulière ?
Il y a deux lieux que j’aime particulièrement à Toulouse : la chapelle de Carmélites mais aussi Saint-Pierre des Chartreux. C’est une église consacrée, il s’y passe encore des messes et des cérémonies. Il est difficile de programmer les dates un an avant sans certitude. Comme la plupart des artistes viennent des quatre coins de France, je ne peux me permettre de fixer des dates qui bougeraient. Ce sont des musiciens très sollicités. J’ai donc dû abandonner l’idée, c’est dommage car l’orgue est magnifique. Pour toujours faire cet échange entre la musique et la littérature, il faut une petite salle, de la proximité entre artistes et public. J’ai donc trouvé que la chapelle des Carmélites était un lieu idéal, intimiste, tout près de la Basilique Saint-Sernin, en plein coeur de Toulouse. Et dans le jardin, on peut offrir la dégustation de vins et de produits du terroir, après le concert.
Côté programmation, pouvez-vous nous en parler plus en détails, concernant les parcours ou les choix artistiques des artistes ?
Pour ce qui est des concerts, je suis déjà très fière que les quatre soient des créations. C’est la première fois que ces représentations vont être présentées au public.
« Duende y misterio, du flamenco au tango » le dimanche 16 juin 2019 :
J’ai invité Carmen Martinez, une extraordinaire pianiste de Barcelone, dotée d’une imagination débordante. Elle aime beaucoup la musique vivante et contemporaine. Mais là, je lui ai demandé un programme qui suit la tradition du flamenco au tango. L’histoire tourne autour de Manuel de Falla, né en Espagne, puis partit finir sa vie en Argentine. Tout le long du concert, nous nous trouvons entre Argentine et Espagne, autant au niveau des musiques, que des textes.
Carmen Martinez sera accompagnée par la grande violoncelliste Emmanuelle Bertrand, qui a notamment reçu une Victoire de la musique en 2002. Je suis très fière de les avoir toutes les deux, ainsi que la récitante Solange Bazely qui elle, habite Toulouse. Je l’appelle la reine du tango, parce qu’elle se produit beaucoup dans les festivals de tango, et est passionnée par cette discipline, que ce soit au niveau des textes que de la musique. C’est d’ailleurs elle qui a choisi les textes. Elle va se produire avec Carmen et Emmanuelle pour la première fois. Je suis vraiment très heureuse de recevoir ces trois femmes.
« Voix d’enfance, voix d’exil » le dimanche 7 juillet 2019 :
Les personnes qui ont suivi les concerts à l’Orangerie de Rochemontès de 2012 à 2016 se souviennent d’Orianne Moretti en Clara Schumann. Une sublime jeune femme, pourvue d’un grand talent et d’une grande imagination. Elle crée des spectacles, fait des mises en scène, chante… Pour celui-ci, elle a la double casquette de musicienne et conteuse. Elle sera accompagnée par Maïtane Sébastian, une jeune violoncelliste basque, ainsi que Sébastien Llinares, d’origine toulousaine. Il anime notamment une émission sur France Musique spécialisée dans la guitare. J’ai beaucoup travaillé avec lui, en tant qu’attachée de presse, dès son premier disque. Ce me fait d’autant plus plaisir de les retrouver ensemble, après avoir fait du chemin. Pour ce qui est du concert, ce sera des berceuses venues de Kabylie, Suède, Corse, Espagne, Argentine… Mais aussi des chants du monde notamment d’Allemagne, Angleterre, Pologne, Espagne, Turquie ou encore Sicile. Un spectacle très cosmopolite, qui annonce donc le voyage avec toujours texte et musique en trio. Des textes qui seront en plusieurs langues, d’où la double casquette d’Orianne qui va en dire certains en français. Elle a aussi été danseuse chez Roland Petit, je pense qu’elle va se mouvoir dans la chapelle. Trois jeunes gens qui ont beaucoup de grâce et de talent.
« Terre, nature et liberté » le dimanche 25 août 2019 :
Elsa Grether est une remarquable musicienne. Il y a d’ailleurs une page sur son dernier disque dans Télérama. C’est vrai que quand je l’ai engagé je ne savais pas qu’elle allait être portée au pinacle comme ça. J’avais vraiment envie de recevoir cette jeune violoniste alsacienne, qui a un talent fou, très appréciée du monde musical. Elsa m’a proposé de faire en duo avec le merveilleux violoncelliste Aurélien Pascal. Les textes seront dits par William Mesguich, un comédien-metteur en scène qui brille dans un large répertoire.
Ici, on va beaucoup parler de Maurice Ravel, un compositeur que j’aime énormément. Ils vont aussi jouer une pièce de Philippe Hersant, un compositeur d’aujourd’hui. On n’oublie pas Zoltan Kodaly aussi, qui a écrit de très belles pièces de violoncelle, et finiront par une transcription d’une passacaille de Haendel, plutôt joyeuse et dansante. Les textes seront, eux, des classiques de la littérature française comme ceux d’Aragon ou Lamartine par exemple. Ils posent justement le sujet de la terre natale, de la liberté et de l’exil, un thème choisi par Elsa Grether. Un hommage à la beauté de la nature.
Et le dernier « Notes françaises » le dimanche 1er septembre 2019 :
Le concert de clôture. Cyril Guillotin est un formidable pianiste, c’est un jeune homme du nord de la France, engagé comme professeur de piano au conservatoire de Narbonne. Il fait d’ailleurs un très beau festival dans les vignobles alentours. Il a aussi sorti plusieurs disques qui ont été un succès auprès du public et de la presse. Il sera accompagné pour cette représentation de François Marthouret, un comédien très connu, qui joue beaucoup au théâtre et au cinéma. Il est aussi réalisateur, et connu pour jouer le cardinal Barbarin dans le film de François Ozon. Andrée Benchetrit, elle, est une comédienne de théâtre et metteur en scène. Elle va d’ailleurs profiter du lieu et du décor pour faire un peu de mouvements, afin de ne pas avoir un concert trop statique. Ce concert de clôture représentera le premier livre des préludes de Claude Debussy, en particulier les douze premiers. Un choix pris délibérément par Cyril Guillotin, car ce concert est une sorte d’avant-première de son futur disque. Chaque prélude sera illustré par un texte de Victor Hugo, Paul Verlaine, Arthur Rimbaud, Charles Baudelaire… et tant d’autres. Soit les plus belles littératures françaises et pas seulement, car Shakespeare sera aussi de la partie.
Il y a-t-il un fil rouge entre ces différents concerts ? Un ordre spécial pour un message spécial ?
Oui, bien entendu. Le titre de cette année est « Notes et mots d’une terre à l’autre ».
« Notes et mots » d’abord, pour le lien entre musique et texte. « D’une terre à l’autre » parce que chaque concert parle d’une terre, terre-racine, terre d’exil, terre d’enfance, terre lointaine, terre proche aussi puisque nous finissons par Debussy « Claude de France ». Il y a une logique dans cette programmation !
Pouvez-vous peut être nous parler de projets que vous comptez réaliser ? Et en particulier les prochaines éditions ?
J’ai des projets pour plusieurs années, j’espère que la Mairie de Toulouse, nos précieux mécènes et partenaires nous suivront.
En 2020, à l’occasion des 250 ans de la naissance de Beethoven, nous honorerons les « B majeurs » : Bach, Beethoven, Brahms, Berlioz… Avec clavecin, pianoforte, piano et bien-sûr violon. J’ai déjà contacté certains artistes dont le génial Pascal Amoyel.
Et en 2021, une édition sur la musique et les animaux. Car le 8 juillet, ce sera l’anniversaire de Jean De la Fontaine. Clara Cernat, violoniste, et Thierry Huillet, pianiste et compositeur ont concoté un spectacle sur ses fables dont les animaux sont souvent les héros. Les quatre concerts de la saison déclineront ce thème.
📍 La troisième saison de « Musique en Dialogue aux Carmélites »
Billetterie en Ligne de Musique en Dialogue aux Carmélites
Musique en Dialogue aux Carmélites
Chapelle des Carmélites • Toulouse
Crédits photos : © Jean-Jacques Ader, © François Sechet, © Jean Jacques Ader, © Charles François, © Eduardus Lee, © Guillaume Dambreville, © Klara Beck, © Béatrice Cruveiller, © Anaïs Brébionbras, © David Mignerat, © Gilles Vidal.