En concert Salle Nougaro ce 15 mai 2018
Côté « grandes » salles de concert à Toulouse, c’est sans doute la programmation la plus engagée de la saison dans le partage d’une découverte musicale hors des sentiers battus. Car il y va en musique et dans l’offre de spectacles comme dans la vie moderne : soit on se contente de relever les compteurs, soit on est défricheur. En programmant la Mauritanienne Noura Mint Seymali et son blues guérisseur, la Salle Nougaro illustre au plus juste le dialogue fertile qui peut se construire avec un public, un dialogue fait d’écoute et de propositions. Du concert consensuel d’un Omar Sosa (toujours jubilatoire !) à celui de Noura Mint Seymali le 15 mai prochain, c’est la même confiance qui opère.
Blues Africain ? Mauritanie ? Oui, le circuit est bien imprimé maintenant pas vrai ? La série documentaire « The Blues » d’un certain Martin Scorcese a vulgarisé en 2003 ce que les musicologues avaient détecté depuis quelques temps avant lui : les racines du blues plongent dans les rythmes de l’Afrique et sa complainte – autant que le réconfort porté par son chant – a voyagé de longue avec les routes de la traite négrière.
Voilà pourquoi il est impossible désormais de cantonner la musique de groupes comme celui de Noura Mint Seymali à quelques divertissantes mélopées folkloriques.
Et si les parents de Noura ont illustré avec une renommée certaine la vitalité de ces fameuses racines, leur fille n’a eu de cesse, depuis ses premiers EP diffusés à partir de 2012, de pousser cet héritage dans la modernité. Après l’épopée du blues, cette tradition musicale parmi les plus denses de l’Afrique de l’Ouest rejaillit à nouveau, mâtinée cette fois d’arrangements rocks et de distorsions.
Noura joue de la harpe maure (ardîn). Elle est accompagnée par son mari Jeiche Ould Chigaly, dont le jeu de guitare est un véritable pont entre tradition et modernité. A la basse Ousmane Touré, tout simplement le plus grand bassiste de Mauritanie. Matthew Tinari, à la batterie et aux percussions, accentue la subtile fusion du rock avec les modes mauritaniens.
Noura chante et dans sa voix puissante, tantôt explosive, tantôt plus mélodique, certains entendent une chanteuse de blues psychédélique, d’autres le successeur de la grande griotte mauritanienne Dimi Mint Abba -aujourd’hui disparue- et qui était sa belle-mère.
Leur renommée va grandissant, en Angleterre comme aux États-Unis: Noura est aujourd’hui l’artiste la plus exportée de l’histoire de la musique mauritanienne.
La connexion se fait par le blues, dont les origines se trouvent en Afrique de l’Ouest (…). Forcément, le public qui ne connaît ni nos musiques, ni même souvent où se situe la Mauritanie, trouve là, intuitivement des points d’ancrage. Notre musique est au service de la paix au Sahel, mais aussi dans toute l’Afrique et dans le monde.
Noura et Jeiche sont iggawin (griots mauritaniens). Ensemble, ils partagent le même héritage musical et le même désir de le voir évoluer, de l’ouvrir au monde.
Mes paroles, comme souvent avec le répertoire des griots, te relient à ton passé, tout en t’aidant à gérer le présent et à envisager le futur. Sur l’album Arbina, , il est question de Dieu, d’Allah, de foi et de dévotion. C’est la base de notre création musicale. Nous sommes musulmans et notre musique est intimement liée à notre spiritualité.
Et les textes de Noura la musulmane invitent aussi les femmes à se prendre en main. Autant qu’ils chantent son amour pour son dieu:
Voilà une femme qui en appelle à la tolérance de Dieu sur fond de rock and roll. Que Dieu ait pitié de tous les peuples et de toutes les fois religieuses. Et Noura lui demande : « Aide-nous à garder la bonne vibe. » Et la bonne vibe, elle l’a.
[Rebecca Manzoni, France Inter]
Une véritable tempête du désert faite de grooves hypnotiques, mêlant instruments traditionnels mauritaniens au psychédelisme d’un groupe de rock. – [The Quietus (UK)]
Ici dans un bel alliage avec le groupe Speed Caravan
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