Le chorégraphe toulousain Pierre Rigal est de retour à Odyssud pour présenter son nouveau spectacle : Scandale. Après avoir travaillé avec des acrobates, des musiciens, il fait appel à des danseurs de hip-hop. Danse, percussions, souffles et rires se mêlent dans une transe énergique et envoûtante !
Dans Scandale, les danseurs sont emportés par la transe… que leur arrive-t-il ?
Un chaman magicien et musicien entre sur scène, masqué. Il fait apparaître des créatures – les danseurs – et vole les sons de ces êtres : leur souffle, leurs cris, quelques mots, des onomatopées, des rires aussi. Avec ces sons, il compose en direct une musique de transe qui va animer les créatures et les faire danser. Au fur et à mesure de la pièce, l’intensité de l’envoûtement et de l’énergie augmente jusqu’à ce que les danseurs essaient de renverser la situation et se rebellent …
La musique occupe donc une place centrale. Comment a-t-elle été créée ?
Pour cette pièce j’ai collaboré avec Gwenaël Drapeau et Julien Lepreux. Nous travaillons ensemble depuis longtemps. Ils font partie de mon collectif de musiciens qui s’appelle Micro Réalité. D’ailleurs, c’est Gwenaël Drapeau qui incarne le chaman dans Scandale. Ce n’est pas la première fois que je mets en scène mes musiciens. Ils peuvent souvent se retrouver sur scène, comme c’est arrivé dans le spectacle Micro par exemple.
Micro, Salut, Erection … souvent les noms de vos spectacles se résument en un mot. « Scandale », que signifie ce mot pour vous ?
En grec, cela signifie « obstacle qui fait trébucher ». En fait, il s’agit d’un obstacle qui fait changer le cours des choses, un changement de la normalité. Dans la pièce, le magicien change le cours des choses pour les danseurs. Ce mot peut être négatif quand on l’entend aujourd’hui dans la presse, mais il me plaît parce qu’il peut aussi représenter quelque chose de tout à fait positif en tant que changement. Et puis le mot « scansion » a la même racine grammaticale que « scandale ». Comme ce chaman vole les scansions des danseurs, je trouvais cela intéressant.
Après Asphalte et Standards, vous faites de nouveau appel à des danseurs hip-hop, pourquoi ?
J’aime le vocabulaire et l’énergie du hip-hop. Cette danse est déjà très perfectionnée, elle a une histoire assez longue et, contrairement à ce qu’on peut entendre parfois, elle est ouverte sur les autres pratiques. Ce ne sont pas uniquement des numéros, des performances, des « battles », même si c’est le format originel du hip-hop. C’est une danse dans laquelle on trouve beaucoup d’imagination, d’improvisation et le sens musical est très développé. Dans ce spectacle, avec le chaman, la transe, il y avait aussi l’idée de revenir à de lointaines origines du hip-hop : les danses primitives. Il y a donc un lien avec la source du hip-hop.
Travaillez-vous différemment avec les danseurs de hip-hop, comparé aux danseurs contemporains ou classiques par exemple ?
Avec les danseurs de hip-hop, je travaille de manière assez participative. Je les sollicite beaucoup dans l’élaboration des scènes. Je leur donne des règles de jeu, des règles de mise en scène, de type de mouvements et c’est eux qui, dans ces règles, trouvent leur voie, leur situation. Je fais appel à leur imagination. C’est un travail ludique avec lequel les danseurs de hip-hop sont à l’aise.
Vous avez un parcours très varié : études de mathématiques, ancien athlète, réalisateur, … comment ces expériences influencent-elles votre travail ?
J’ai un parcours qu’on qualifie d’atypique même si moi je le trouve assez naturel. J’ai fait beaucoup de sport et passer du sport à la danse, même si culturellement cela paraît étonnant, physiquement ça ne l’est pas tant que ça. Passer du travail de l’image au travail de metteur en scène, ce n’est pas si éloigné non plus. Évidemment, toutes les choses que j’ai apprises auparavant m’influencent. Les mathématiques par exemple, reflètent mon goût de l’abstrait, ce qui a influencé une certaine partie de mes travaux. Quand on est jeune, on cherche sa voie, on tâtonne. C’est ce qui m’est arrivé. Ceci dit, je travaille depuis longtemps maintenant dans le milieu du spectacle et là aussi j’ai tâtonné. J’ai à cœur de travailler avec de nouvelles personnes, travailler sur de nouveaux formats. On est toujours en évolution.
Odyssud, qu’est-ce que ça évoque pour vous ?
C’est LA grande salle de l’agglomération toulousaine. Dans le domaine de la danse, c’est un endroit très important pour moi. J’ai eu la chance d’y voir beaucoup de spectacles dont un qui m’a particulièrement marqué, IJK d’Aurélien Bory, avec qui j’ai travaillé par la suite. Et puis j’ai présenté à Odyssud mes trois pièces de hip-hop. C’est l’écrin idéal car à chaque fois la salle est pleine, les spectateurs adhèrent à notre énergie. Le public est généreux.
Propos recueillis par Léa Guichou
Odyssud
mardi 30 janvier 2018 à 20h30
mercredi 31 janvier 2018 à 20h30
Scandale © Pierre Grosbois
Pierre Rigal © Sylvain Gripoix
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Scandale | Pierre Rigal | Odyssud Blagnac