De nombreux jeunes artistes, dont plusieurs sont d’origine toulousaine, sont à l’affiche de la quatorzième édition du festival Toulouse d’été qui propose notamment une riche programmation de musique classique.
Dirigé par Alain Lacroix, le festival Toulouse d’été navigue chaque année entre jazz (Daltin Trio, Okidoki, Yannis Constans Sicilian Quartet, In Love With, SOMA, Émile Parisien, etc.), musiques du monde (Dani de Morón, Liubila, Conga Libre, etc.) et musiques actuelles (The Last Morning, Devi Reed, Tiwiza, etc.), tout en proposant une programmation riche en concerts de musique classique. Cette quatorzième édition investit de nouveau plusieurs lieux emblématiques du patrimoine de la Ville rose et invite de nombreux jeunes artistes en pleine ascension, avec une place de choix réservée cette année au piano. Un partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse sera ainsi l’occasion pour le pianiste Jean-François Zygel d’accompagner une sélection de films muets, le temps d’une soirée au jardin Raymond VI avec Harold Lloyd et Buster Keaton.
Pianiste de 23 ans ayant débuté ses études musicales au Conservatoire de Toulouse, François Moschetta jouera des « Valses » de Chopin, des « Chansons et Danses » de Federico Mompou et des extraits de « Iberia » de Albeniz. Les Français Guillaume Coppola et Hervé Billaut s’associent à l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines pour donner les versions pianistiques de « l’Apprenti sorcier » de Paul Dukas, « Ma Mère l’Oye » et la « Rhapsodie espagnole » de Maurice Ravel, des « Danses slaves » d’Anton Dvořák et des « Danses hongroises » de Johannes Brahms. Né en 1988 et lauréat de plusieurs concours internationaux, le pianiste français Nathanaël Gouin consacrera son récital à Franz Liszt, avant de rejoindre le Quintette Chilemme pour un programme dédié à Franz Schubert au cloître des Jacobins.
Né en 1985, le Lyonnais François Dumont (photo) fait son retour au festival Toulouse d’été, après y avoir déjà livré une intégrale pour piano de Ravel : «Pour moi, les festivals sont une forme d’expérimentation. Mon œuvre mûrit avec le public. Mais j’expérimente surtout chez moi, au calme, avant mes concerts qui sont des moments de partage. Pour me préparer, je n’ai pas de remède miracle, mais j’essaie de garder un rythme de vie sain et discipliné. Je pense que la préparation mentale est le point le plus important, car en tant qu’artiste, je suis constamment en train de me projeter pour le concert suivant.»
«C’est d’ailleurs un paradoxe assez intéressant de mon métier : je travaille à la fois à l’instinct, à l’affect et je dois être en même temps capable de m’organiser minutieusement sur le long terme. Les festivals, c’est ma vie, tout simplement. Je suis très attaché à certains d’entre eux avec lesquels j’ai une histoire particulière», confessait François Dumont l’été dernier dans le quotidien La Croix. Pianiste subtil et éclairé, lauréat de concours très prestigieux (Concours Reine Elisabeth de Bruxelles et Concours Chopin de Varsovie), il fera entendre comment le jazz a inspiré Debussy, Satie, Gershwin ou Stravinsky, puis jouera au cloître des Jacobins les trios de Schubert au sein du Trio Élégiaque.
Le musicien raconte : «Même si mon investissement reste le même, mon émotion change d’un concert à l’autre selon ce que je joue, où je joue et devant qui je joue. Je suis un artiste passionné qui joue toujours avec la même ferveur. De plus, je pense qu’il n’y a pas de petit public. En tant que pianiste classique, j’ai pour responsabilité de transmettre l’art. Lors des festivals, mon répertoire change très vite, tout comme les formations avec lesquelles je joue (avec ou sans orchestre, par exemple). Il faut toujours être prêt à s’adapter. Il en va de même pour les pianos et les acoustiques. C’est un défi permanent ! À chaque lieu, je rencontre un instrument, une acoustique, une salle et un auditoire.»
Le jeune Trio Metral jouera des trios avec piano de Joseph Haydn, Felix Mendelssohn et Sergueï Rachmaninov, alors que deux autres jeunes formations défendront le répertoire du quatuor à cordes : les Français du Quatuor Arod (Mozart, Mendelssohn, Schubert) et les Américains du Quatuor Dover (Mozart, Tchaïkovski). Après sa belle performance avec l’Orchestre national du Capitole de Toulouse lors de la précédente édition de Toulouse d’été, on attend le retour du fabuleux guitariste toulousain Thibaut Garcia (photo) qui, à 23 ans, se produit déjà partout dans le monde. Il accompagnera la jeune soprano montalbanaise Anaïs Constans pour un récital prometteur dédié au répertoire espagnol, des chants de la Renaissance de Luis de Narvaez et Alfonso Mudarra au « Tres Villancicos » de Joaquín Rodrigo, en passant par les chansons populaires espagnoles de Manuel de Falla.
L’Orchestre national du Capitole de Toulouse invite de nouveau Edgar Moreau (photo), jeune surdoué de l’école française de violoncelle, pour une interprétation du Concerto de Dvořák : «J’ai toujours adoré lire la musique. Par exemple, j’aimais prendre le cahier des 32 Sonates de Beethoven et les déchiffrer. Je me nourrissais de musique. J’ai fait aussi de l’harmonie et de l’analyse – tout ça très jeune. On a un métier qui est difficile, où l’on doit apprendre de nouvelles choses rapidement et s’adapter très vite. On est des interprètes, pas des créateurs. On donne notre vision de ce que le compositeur aurait voulu qu’on fasse et on y met un peu de notre touche personnelle malgré nous, parce qu’on n’est pas des robots. Vous êtes un être humain, vous avez votre sensibilité qui est personnelle. C’est pour ça que le public va aimer un artiste plus qu’un autre. Si vous ne dites pas ce que vous ressentez, vous ne pouvez pas être aussi convaincant que quelqu’un qui exprime ce qu’il ressent», confessait Edgar Moreau en 2015, dans les colonnes du quotidien suisse Le Temps.
Ce concert sera placé sous la direction du jeune chef letton Andris Poga qui a déjà brillé à plusieurs reprises à la tête de l’Orchestre national du Capitole, à Toulouse et en tournée. Il dirigera cette fois à la Halle aux Grains – mais aussi au festival Radio France à Montpellier – la Douzième symphonie de Chostakovitch, dite « l’Année 1917 ». À l’auditorium Saint-Pierre-des-Cuisines, l’Orchestre de chambre de Toulouse invite le tromboniste Fabrice Millischer (né à Toulouse en 1985) avec le corniste David Guerrier pour le double concerto de Michael Haydn. La phalange toulousaine met également à son programme le Nocturne pour cor de Franz Strauss et la création du Concerto pour trombone de Gilles Colliard – ce dernier étant l’actuel directeur musical de l’OCT.
Jérôme Gac
Toulouse d’été, du 11 juillet au 4 août.
Tél. : 05 62 27 60 71.