Passengers, un film de Morten Tyldum
Ce réalisateur norvégien, à qui l’on doit un magnifique Imitation game (2015), nous laisse cette fois un peu sur notre faim. Non pas qu’il n’ait eu les moyens de ses ambitions, avec un budget de 120 millions de dollars (!), mais ce qu’il nous propose, pourtant porteur d’un beau pitch, est d’une platitude consternante et d’une incohérence pour le moins flagrante.
Imaginez, dans un futur peut-être pas si éloigné que çà, un somptueux vaisseau spatial transportant 5000 terriens en route pour une nouvelle vie sur une autre planète. Le trajet durant 120 ans, ils sont bien sûr en hibernation. Sauf que voilà, la technologie a aussi ses limites et Jim (Chris Pratt, que l’on a connu beaucoup plus convaincant) se réveille au bout de 30 ans. Impossible de se rendormir et encore moins de faire demi-tour puisque les 250 membres d’équipages sont bien sûr endormis eux aussi. Il n’a alors comme seul interlocuteur qu’un androïde barman (Richard Sheen, épatant). Au bout de deux ans il commence vraiment à s’ennuyer …
D’autant qu’il s’est embarqué en classe économique et n’a donc pas accès aux splendeurs de la classe galaxie. Ce qui devait arriver… Bref, même si vous ne l’avez pas encore deviné, ce n’est pas très grave. Juste une indication, c’est Jennifer Lawrence, aussi lisse que le plat de ma main. Le problème est que, après avoir fait le tour des installations (les vues sont somptueuses) et s’être embêté ferme avec Jim pendant plus d’une demi-heure, le film démarre mais pour nous proposer une rencontre glamour, avec les regards qui vont avec, aussi improbable qu’horripilante de conformisme. Et quand la catastrophe arrive, enfin, nos deux tourtereaux se transforment en MacGiver de l’espace à une vitesse grand V, maîtrisant les arcanes de cet immense vaisseau comme un simple couteau suisse. En fait, peu importe, on a décroché depuis longtemps.
Robert Pénavayre