Chaque mercredi, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir un film américain passé inaperçu lors de sa sortie.
Au-delà des biopics, des documentaires et autres concerts filmés, la musique pop et rock n’a guère inspiré d’œuvres marquantes au septième art. La pure fiction semble avoir du mal à s’approprier un univers tellement référencé. Parmi les exceptions, on songe au magnifique Presque célèbre de Cameron Crowe (film largement autobiographique où l’on croise un groupe fictif, mais aussi le mythique critique Lester Bangs au début des années soixante-dix quand le rock va définitivement basculer dans l’industrie du spectacle) et à New York Melody sorti dans l’indifférence générale en France au cœur de l’été 2014.
C’est l’histoire d’un jeune couple de musiciens anglais, Greta et Dave, venu s’installer à New York. Dave est remarqué, signe un contrat pour une major qui l’envoie enregistrer à Los Angeles. Le succès semble promis d’avance. La vie de bohème laisse place aux facilités réservées aux vedettes. Ou plutôt à la vedette, Dave, qui largue Greta pour son attachée de presse. Mais un soir Greta, invitée malgré elle sur la scène d’un bar pour interpréter l’une de ses compositions, tape dans l’œil du producteur Dan Mulligan, quadragénaire dont la vie va à vau-l’eau et qui croit avoir trouvé en elle un artiste digne de ceux qu’il lança dans ses années fastes. Personne dans la maison de disque dont il fit les beaux jours ne croit en son projet ? Peu importe. Le divorcé, mauvais père, porté sur la bouteille, va enregistrer les chansons de la jeune fille larguée dans les rues de New York…
La réussite de New York Melody repose d’abord sur ses acteurs, tous parfaits de justesse : de Mark Ruffalo à Keira Knightley en passant par Adam Levine (le leader du groupe Maroon 5), Hailee Steinfeld (découverte par les frères Coen dans True Grit et épatante ici en ado rebelle), Catherine Keener ou Cee-Lo Green dans un rôle assez proche de son statut de star du rap et de la soul. Le scénario peut paraître convenu dans certains de ses développements, mais il ménage surprises et interrogations tandis que les séquences musicales sont absolument bluffantes. Nulle surprise quand on sait que Gregg Alexander a écrit ou coécrit les chansons de la bande originale. On doit à cet auteur, compositeur et interprète deux albums solos avant qu’il ne devienne le maître d’œuvre du groupe New Radicals dont l’unique album, Maybe You’ve Been Brainwashed Too sorti en 1998, est une merveille réconciliant les Stones, les Beatles et Prince. Il a ensuite aussi écrit des titres imparables pour Sophie Ellis Bextor ou Santana (en duo avec Michelle Branch) et d’autres encore, mais sa grâce de mélodiste illumine New York Melody.
Derrière la caméra, on trouve Jim Carney, cinéaste dublinois auteur notamment de la comédie musicale Once et de Sing Street, autre film musical qui a enchanté voici peu le public du festival de Deauville. En attendant la sortie en France de Sing Street, il faut voir et revoir New York Melody, film puissamment addictif et d’une fraîcheur émouvante.