J’aime autant vous prévenir, le film du jour ne fait pas dans la demi – mesure.
Ne serait – ce que par son affiche (où je me suis permis de rajouter quelques annotations) mais surtout par sa façon de traiter son thème central : la corruption.
Michael Logan est capitaine aux Stups. Si sa mission est bien de coffrer les affreux qui tenteraient d’écouler de la came, les saisies effectuées restent l’occasion de s’en mettre plein les narines et de renouveler les stocks. Au fil des années, Logan a d’ailleurs développé des rapports fort amicaux avec les gangsters du cru.
Avec le neveu de l’un d’entre eux, Il a monté un business qui se promet juteux et qui doit déboucher sur l’acheminement de monceaux de drogue. Alors qu’ils sont en train d’en boucler les derniers détails, 2 types font irruption. Michael a juste le temps de se planquer pour voir son acolyte se faire réduire en charpie à grand renfort de coupe – coupe.
Ce spectacle lui remue bien un peu les tripes mais pas autant que de savoir les frères Kabashi sur le point de faire main basse sur son projet d’import – export et les millions qui vont avec.
L’heure de la remise en question a sonné, tout comme celle des nouveaux accords avec la mafia albanaise qui s’installe et bouleverse les règles d’un fonctionnement bien rodé.
De ce polar britannique, tendu à l’extrême, amoral, mettant en scène brutalité et art du double jeu, je pense beaucoup de bien. Deuxième film du réalisateur Gerard Johnson (son premier, Tony, laissait déjà la part belle à pas mal de violence), Hyena propose une plongée dans les quartiers chics de la capitale britannique, derrière les façades proprettes qui abritent les pires trafics, qu’ils soient de stupéfiants ou humains (de préférence de sexe féminin et totalement soumis).
Pour cela, Gerard Johnson a préparé son film en se plongeant dans l’univers qu’il décrit si justement, se documentant longuement sur le sujet, réalisant un véritable travail d’immersion en allant jusqu’à accompagner des policiers lors de descentes et pendant des arrestations. Pour autant, il n’a pas négligé la forme dans son récit. Si c’est souvent une fiévreuse caméra sur épaule qui talonne les protagonistes, le réalisateur distille des artifices beaucoup plus léchés, jouant sur les cadrages, la lumière glaciale de néons fluos,
dosant subtilement les effets de slow motion et d’une bande – son énorme pour accentuer encore l’intensité de ce qui est porté à l’écran (ce qui donne une descente dans un bar – pratiquement la scène d’ouverture du film – à l’atmosphère démente et surnaturelle).
Rencontres du 3ième type ? Non non, mon capitaine chez les dealers d’ecsta.
Vers le milieu du récit, le film connaît bien un petit essoufflement, celui – ci reste passager et la tension repart de plus belle pour un final assez surprenant dans un genre aussi codifié que le polar.
Les comédiens présents ont encore des carrières modestes à leur actif (exception faite de Stephen Graham qu’on a pu voir dans Snatch, Gangs of New – York, This is England et bien d’autres), cela ne les empêche en rien d’être très bons : Richard Dormer, Élisa Lasowski, Tony Pitts et même Orli Shuka qui campe un impitoyable truand albanais avec un faux air à la Colin Farrel (si si, je vous assure, il y a un truc, c’est dans les sourcils que ça se passe).
Peter Ferdinando occupe souvent le devant de la scène puisque c’est lui qui interprète Michael Logan dans un rôle complexe, ambivalent, toujours à la limite de la rupture.
Si l’homme est un loup pour l’homme, Hyena en est sa plus parfaite illustration.
En vous remerciant.
Pierrette Tchernio
En salle depuis le 6 mai