« Night Call », un film de Dan Gilroy
Attention, coup de poing en vue dans le plexus ! Vous ne sortirez pas indemne de ce film, pourtant le premier de ce réalisateur connu à ce jour pour ses scénarios. Nous voici immergés au royaume de la tv poubelle. Si le film se passe à Los Angeles, nous savons tous que les USA n’ont pas le privilège de ces medias low cost à la recherche permanente de scoops les plus saignants les uns que les autres afin de vendre à prix d’or leurs espaces publicitaires sous couvert de faire de l’information. Sans commentaire ! Lou est une petite frappe qui vit d’expédients et de rapines jusqu’au jour où, lors d’une déambulation nocturne à la recherche d’un mauvais coup, il tombe sur un accident de voiture filmé au plus près par un caméraman free-lance qui, va, par la suite, vendre ses images très cher à une tv locale. C’est le déclic, une sorte de révélation. Lou vient de trouver sa vocation. Il vole un vélo et l’échange derechef contre une caméra et un scanner pour pirater les fréquences radio de la police et des pompiers. Il se montre très doué pour cet exercice et finit par devenir indispensable à une station locale en perte de vitesse. Les amabilités et les remerciements courtois vont vite faire place dans la bouche de Lou à des chantages de toutes sortes : financiers bien sûr, sexuels aussi avec la directrice de la chaîne (René Russo superbe). Il embauche un assistant (Riz Ahmed, un talent à suivre certainement) dont il va faire son souffre-douleur. Mais jusqu’où Lou est-il capable d’aller ? Loin, très loin. Tout en traçant le portrait glaçant d’un homme prêt à tout pour gagner de l’argent, Dan Gilroy nous parle aussi de ce commerce du voyeurisme dont nous abreuvent les medias, trouvant dans les téléspectateurs les meilleurs de leurs complices. Jake Gyllenhaal, maigre à faire peur, hallucinant, angoissant, porte ce film sur ses épaules. Assurément l’une de ses plus grandes compositions. Ce qui n’est pas peu dire au vu de sa filmographie !
Robert Pénavayre