La série de portraits d’affichistes continue aujourd’hui avec Zakari Babel, dont l’affiche de Platée, prochainement au Théâtre du Capitole, égaye les rues toulousaines et même au-delà. Vous connaissez forcément son travail. Je suis très heureuse de donner la parole à ce généreux artiste.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je m’appelle Zakari Babel. Je suis né dans les années 80. Je suis affichiste, – photographe / graphiste / dessinateur -, à la disposition d’événements culturels depuis pas loin de 20 ans maintenant ; et je suis l’auteur de nombreuses campagnes publicitaires qu’on retrouve à Toulouse. Je pense que j’ai un profil plutôt franc, acharné, créatif. J’aime beaucoup rire et rêver.
Avez-vous d’autres activités que le métier d’affichiste ?
Oui, dans mon studio, je produis des « photos d’art » que j’ai la chance de vendre en galerie. En parallèle, j’anime aussi des stages, collectifs et individuels, de photo-thérapie. Ils ont pour but d’aider mes clients à retrouver, ou simplement à trouver, un regard bienveillant envers eux-mêmes.
Quel est votre parcours ?
J’ai commencé ma carrière à 16 ans chez un photographe de quartier, d’où je suis natif dans l’Est. Je travaillais en studio sur les shootings, et en extérieur pour les mariages. J’y ai appris beaucoup la technique et la rigueur nécessaire de l’emploi. Quand j’ai eu 19 ans, fraîchement diplômé de l’école de photo, l’ère numérique est arrivée, et le monde argentique de la photographie a commencé à disparaître. J’ai décidé de poursuivre mes études en communication digitale pendant 3 ans dans une école au cœur de Paris où j’ai appris le dessin et graphisme, et surtout où j’ai développé ma sensibilité à l’art. J’ai découvert combien une image avait le pouvoir d’émouvoir. Pour financer cette école, je travaillais dans une maison de retraite au secteur Alzheimer en temps qu’aide soignant : c’était très dur, mais ce contact m’a aidé à développer ma proximité avec l’humain, et m’a ouvert la voie de la photo-thérapie.
Voilà 10 ans aujourd’hui que je suis implanté sur Toulouse. J’ai la chance de m’être spécialisé dans la communication d’événements culturels. Rien n’était prémédité : ce milieu et moi, nous nous sommes comme trouvés !
J’ai été amené, petit à petit, affiche après affiche, à travailler avec des metteurs en scène internationaux et des directeurs artistiques incroyablement talentueux : Stéphane Lafage pour le Kalinka, Dorian Astor et Christophe Ghristi pour le Théâtre du Capitole, ou encore Stefano Poda sur Ariane et Barbe-Bleue… Je ne pourrais pas tous les citer ! Mais j’ai adoré connecter ma créativité à leur esprit, trouver le meilleur angle de vue pour retransmettre au public ce qu’ils souhaitaient. C’est d’ailleurs aujourd’hui tout le cœur de mon métier !
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Tout m’inspire évidemment, ou du moins, ce sont les émotions qui m’inspirent !
J’aime le travail coloré de Pierre et Gilles, je suis très touché par celui du photographe américain David LaChapelle. J’aime les œuvres de la Renaissance et aussi les peintures de Dalí.
Je suis très cinéphile, et particulièrement attiré par les ambiances Heroic Fantasy.
Comment trouvez-vous un équilibre entre la commande qu’on vous propose et votre univers ?
Comme je l’expliquais juste avant : c’est tout le cœur de mon métier ! Pour trouver cet équilibre, j’ai développé une méthodologie de travail : « la méthode de création réussie », mais je ne la développerai pas ici. Il faut bien comprendre que le piège de l’imagination, c’est de s’y perdre. Et quand on n’a plus de recul sur un ouvrage, alors c’est terminé : on patauge, on revient en arrière et on finit par choisir un visuel en dépit.
Moi, j’aime quand tout est bien orchestré ! Alors je propose une manière de travailler sécurisante et structurée en étape, j’écoute beaucoup et je comprends les contours des idées de mon commanditaire. J’essaie d’être une force de création, je fais des propositions que je nuance et que nous validons bout par bout. Je laisse le dialogue toujours ouvert et je n’ai pas peur de travailler ou de recommencer : il y a de l’utilité finalement à être acharné !
Pouvez-vous me parler de l’affiche de Platée de Jean-Philippe Rameau ?
Bien sûr ! Christophe Ghristi, le directeur artistique du Théâtre du Capitole, m’a présenté les metteurs en scène Corinne et Gilles Benizio, connus par leur duo Shirley et Dino, et nous avons collaboré pour que cette affiche soit la plus proche et représentative de leur regard et des choix de mise en scène de cette production. J’ai adoré leur créativité et leur regard dépoussiérant ! J’ai aussi eu la chance de me nourrir de beaucoup d’œuvres Street-art, c’était tellement inattendu pour un opéra. Quoi qu’il en soit, je les remercie chaleureusement pour leur confiance et leur bienveillance. Et puis allez voir ce spectacle : c’est un chef-d’œuvre !
Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
En ce moment je travaille sur l’affiche du Barbier de Séville et du Bus Figaro, à nouveau pour le Théâtre du Capitole. En parallèle, je prépare une exposition de « photo d’art » qui me tient à cœur ; et une seconde très différente et engagée pour F.A.C.E, la Fondation Agir Contre les Exclusions.
Et puis, surtout, ce qui m’anime le plus depuis quelques mois, c’est ma mission au sein de la troupe du Kalinka où je m’occupe de toute l’image du cabaret. Nous collaborions déjà ensemble depuis presque 8 ans ! J’ai beaucoup appris et grandi au contact de son brillant directeur artistique : Stéphane Lafage. J’ai la chance de recevoir son regard et sa confiance. C’est un homme très cultivé, créatif, et un vrai modeste. Il partage ses inspirations, ses idées et ses connaissances avec générosité et complicité. Le Kalinka est un formidable vivier d’artistes naissants et vétérans grâce à lui, et surtout un endroit incontournable de Toulouse !
Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?
De la créativité, des rencontres, des regards et des affiches, mais avant tout d’être heureux le plus possible ?
Toutes les infos sur la programmation du Théâtre du Capitole sur leur site.
Platée, du 19 mars 2022 au 24 mars 2022, durée 1h50 (19, 22, 23 et 24 mars à 20h – 20 mars à 15h)
Chronique de Michel Grialou sur Platée, à lire ici.
Toutes les infos sur la programmation du Kalinka sur leur site.
Article en partenariat avec :