Nicolas Rodier publie Sale Bourge, aux éditions Flammarion. Le récit d’une violence programmée.
Pierre sort du tribunal. Motif ? Il a battu sa femme. Une condamnation de 4 mois de prison avec sursis lui tombe dessus. Le temps pour lui de réfléchir à ses actions, de réfléchir surtout à la genèse de cette violence incontrôlée. Et tout commence à Versailles. Loin de tous les présupposés clichés concernant la violence et la délinquance. Pierre est né dans une famille bien en tout genre. Le portrait parfait d’une bourgeoisie catholique et bien-pensante. Et pourtant à y regarder de plus près, le tableau est loin de scintiller. Pierre est malheureux au sein de cette famille dysfonctionnelle. D’abord, il y a la mère qui passe des rires aux cris en un rien. Capable de lui écraser le visage dans l’assiette pour qu’il termine son repas. Puis ce sont les gifles et autres humiliations que doit subir l’enfant. Face à cela, le père ne dit rien, pas son rôle. Et lorsqu’il s’adresse enfin à sa femme c’est pour lui balancer des mesquineries à la figure. Bonjour l’ambiance ! Heureusement, il y a les frères et sœurs avec qui ça collent mieux, mais eux aussi vivent, à leur manière, une souffrance muette.
La violence en héritage
Pierre échappe enfin à la perversion de sa mère en partant faire ses études. Enfin libre ? Physiquement oui, mais l’emprisonnement mental l’accompagne. Les phrases assassinent et les ricanements familiaux le poursuivent. Pierre a peur de partir à la dérive, il sent une violence s’arrimer à lui. Mais lorsque Pierre rencontre l’amour, il espère une rédemption, un nouveau départ. Sa mère bien-sûr déteste l’élue. Alors il faudra s’éloigner encore plus. Effacer le passé pour construire un avenir. Mais voilà une chose bien complexe pour Pierre. Pierre s’emporte, Pierre crie, Pierre devient agressif et Pierre devient violent. Alors il s’excuse. C’était une erreur, rien de plus, ça ne se reproduira pas. Pierre répète les mêmes mensonges inlassablement. Jusqu’au jour où celle qui est devenue son épouse appelle enfin la police. Cette fois, stop !
Nicolas Rodier tord le cou aux clichés concernant la violence et montre qu’elle peut se loger n’importe où, qu’elle peut prendre toutes les formes et toutes les apparences, y compris celle d’une femme bourgeoise et chrétienne ou celle de son fils, chic et studieux. Un parcours brûlant qui rappelle que la violence engendre la violence.
Nicolas Rodier, Sale bourge, Flammarion, 224 p.
Photo : Nicolas Rodier © Astrid di Crollalanza
Retrouvez tous nos articles Littérature et vos Librairies sur Culture 31
.