Les 4 et 5 juin prochains, l’Orchestre de Chambre de Toulouse propose au fidèle public de ses concerts d’abonnement deux soirées consacrées à tout un pan de musique française largement négligée des programmations. Dans le sillage de Saint-Saëns, trop souvent taxé d’académisme, deux compositeurs de talents vont enfin retrouver droit de cité : Robert Casadesus et Jacques Castérède.
Déjà, du temps de Rameau, la Querelle des Bouffons opposa les musiques française et italienne. Jacques Rousseau prenait délibérément le parti de nos voisins transalpins et déclarait que les Français ne pouvaient avoir de musique et que s’ils en avaient une un jour ce serait « tant pis pour eux ! » Fort heureusement les créateurs français ont persisté. Tout au long de sa vie, Camille Saint-Saëns s’est attaché à perpétuer un style bien spécifique qui traverse l’histoire de la musique, de Lully (pourtant d’origine italienne !) à Ravel. Enfant prodige qui se produit à la salle Pleyel comme pianiste virtuose dès l’âge de onze ans, Saint-Saëns est également un compositeur prolifique qui nous laisse douze opéras, cinq symphonies, cinq concertos pour piano, trois pour violon, deux pour violoncelle et de nombreuses œuvres de musique de chambre. La défense de la musique française sera d’ailleurs l’un de ses combats puisque, dans ce domaine comme dans bien d’autres, les Français ont une forte tendance à penser que l’herbe est plus verte ailleurs ! Le programme de ces derniers concerts de la saison d’abonnement s’achèvera d’ailleurs avec le Quatuor pour violon, alto, violoncelle et piano en si bémol majeur opus 41, de l’auteur du célèbre opéra Samson et Dalila.
Auparavant, la plupart des spectateurs découvriront, de Robert Casadesus (1899-1972), le Capriccio pour piano et cordes opus 49. Robert Casadesus est bien connu des mélomanes comme l’un des grands pianistes du XXème siècle, interprète privilégié de Mozart et de Ravel, entre autres. Il n’en a pas moins composé plus de soixante partitions, dont ce Capriccio qualifié, lors de sa création à New York en 1954 par le critique du New York Yimes, d’« œuvre délicieuse ».
Du compositeur d’aujourd’hui Jacques Castérède, né en 1926, nous entendrons également le Concerto pour piano et orchestre à cordes qui fut créé également en 1954 au festival d’Aix en Provence. Ce professeur de formation musicale pour les chanteurs au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, également professeur de composition, discipline qu’il enseigna également de 1983 à 1988 à l’Ecole Normale de Musique de Paris, est l’auteur de nombreuses œuvres de musique de chambre et pour orchestre et ensembles vocaux.
Le soliste invité pour ces deux soirées est le pianiste suisse Timon Altwegg. Après des études de musique en Suisse, Timon Altwegg a suivi les cours d’Alan Rowlands à Londres où il a obtenu, en 1990, le diplôme de soliste et le titre de Associate of the Royal College of Music. Très apprécié comme soliste et comme interprète de musique de chambre, il a fait de nombreuses tournées aux Etats-Unis, en Amérique Latine, au Proche-Orient ainsi que dans toute l’Europe. Au printemps 2011, Guild Music a édité un nouveau CD avec des sonates pour violon et piano du compositeur suisse Hans Huber, interprétées par Timon Altwegg et Gilles Colliard.