Marcel et monsieur Pagnol, film d’animation de Sylvain Chomet
Encore un biopic me direz-vous ? Oui, encore une histoire en grande partie authentique, une de ces histoires qui font croire en l’Homme, en son génie, son courage, en une race en complète perdition. Alors, oui, encore un biopic qui nous amène ici en un flot de nostalgie vers des temps pas si anciens et pourtant sans écho aujourd’hui.

Fernandel, Marcel Pagnol et Raimu – Crédit : Wild Bunch Distribution
Le troisième long métrage d’animation de Sylvain Chomet est, cette fois, parlant. Et comment en serait-il autrement tant l’accent marseillais fait partie intégrante de l’univers de Marcel Pagnol (1895-1974). Paris. 1956. Nous découvrons cet immense homme de lettres et de cinéma dès les premières images. Marcel Pagnol ne sait plus quoi écrire, d’autant que sa dernière pièce a eu un succès pour le moins mitigé. C’est le moment que choisit le magazine Elle pour lui demander de nourrir dans ses pages un feuilleton autour de sa vie. Alors que l’écrivain refuse, une petite voix se fait entendre. C’est celle d’un personnage fantastique faisant son apparition et qui n’est autre que Marcel Pagnol enfant. C’est lui qui va insuffler à l’écrivain vieillissant et paré de toutes les gloires, la force de reprendre la plume de ses souvenirs. Et nous voilà entrainés avec douceur, tendresse et une infinie poésie, dans la vie et l’œuvre du célèbre natif d’Aubagne. Nous allons inévitablement, et avec un plaisir non dissimulé, retrouver Raimu, Fernandel, Orane Demazis, Pierre Tchernia ainsi que les amours plurielles du dramaturge, Augustine, Jacqueline…
Nous sommes à ses côtés lors des tournages, mais aussi lorsqu’il refuse l’appel du pied de l’Occupant. Direction Marseille, où il va finalement fonder ses propres studios. Très habilement Sylvain Chomet incruste dans son animation des extraits parmi les plus célèbres des films de Pagnol, dont la partie de cartes et le retour de Pomponnette. Des moments sublimes, suspendus dans l’Histoire du 7e art et d’un naturalisme dévastateur.
Les couleurs de ce film virent plutôt au sépia que vers un technicolor aveuglant, accompagnant ainsi la nostalgie qui ne peut que nous envahir face à un tel monument.
C’est Laurent Lafitte qui prête sa voix et son talent à ce géant de la culture française.