Trois dates pour les Concerts au Théâtre du Capitole à commencer par le traditionnel Concert du Chœur à l’approche de Noël et qui peut d’intituler Un Noël so british.

Le chœur de l’Opéra national du Capitole © Mirco Magliocca
Placés sous la direction de leur chef de chœur Gabriel Bourgoin, les choristes auront pour les accompagner les deux pianistes Élisabeth Matak-Méric et Hugo Mathieu.
Cette année, hommage sera rendu à la prestigieuse tradition chorale de la Grande-Bretagne. On sait que les plus grands chefs de chœur de ces contrées sont aussi des compositeurs. D’où, un programme s’appuyant sur des œuvres de John Rutter et de ses Cambridge Singers ou encore sur une « petite messe jazz » de Bob Chilcott, membre des incontournables King’s Singers au fil des générations. Une originalité toujours la bienvenue dans l’excellence qui ne faillit pas. Un concert qui au vu de son succès est doublé en date du samedi 6 décembre 20h et dimanche 7 16h.

Elisabeth Leonskaja © Marco Borggreve
Musique de chambre avec Weinberg et Chostakovitch
Un moment baptisé : Passagers du XXe siècle
C’est pour le jeudi 22 janvier 2026. Il est en relation avec l’opéra La Passagère – Passazhirka – au programme de saison fin janvier au Théâtre, ouvrage du compositeur Mieczyslaw Weinberg, en deux actes et un épilogue, donné pour la première fois en France. Il fut composé en 1968.
De Weinberg (1919-1996), nous aurons le Quatuor à cordes n° 2 (1940) et le n° 6(1946). On en connaît 17 et il laisse aussi, entre autres, 22 symphonies ! Un compositeur parmi les plus féconds de sa génération.
Suivront de Dimitri Chostakovitch (1906-1975), la Sonate n° 2 (1943) puis le Quintette pour piano et cordes en sol mineur, op. 57 (1940). Deux compositeurs, le premier d’origine juive polonaise et le second, russe qui ont essayé par leur musique de s’élever au-dessus des tumultes de peuples en furie qui dévoreront toute leur énergie.
Au piano, la « Dernière grande dame de l’École Soviétique », Elisabeth Leonskaya, née en 1945, à la biographie encyclopédique, impossible à résumer, et le Quatuor Danel, une référence absolue dans ce répertoire.

Quatuor Danel © Marco Borggreve
Fondé en 1991, disciple des Quatuors Amadeus et Borodine, le Quatuor Danel reste très lié aux créateurs importants de notre temps, comme Wolfgang Rihm, Helmut Lachenmann, Sofia Goubaïdoulina, Bruno Mantovani ou Pascal Dusapin. Les compositeurs russes occupent également une place de choix dans son répertoire. Il a ainsi, dès 2009, enregistré les 17 quatuors de Weinberg – enregistrement qui reste à ce jour le seul au monde. Il défend aussi les 15 quatuors de Chostakovitch, dont il enregistre l’intégrale en 2005. Pour ce concert, on retrouve au violon, Marc Danel et Gilles Millet, à l’alto, Vlad Bogdanas et au violoncelle Yovan Markovitch. Il va sans dire que le Quatuor Danel est parmi les plus réputés au monde.
En trois mouvements, sur vingt-six minutes, la Sonate n° 2 vient après la Symphonie n° 7 dite Léningrad. Elle est dédiée à la mémoire de son professeur de piano au Conservatoire de Saint-Pétersbourg, Léonid Vladimir Nikolaïev décédé en 1942 de qui il dira : « Il n’a pas simplement formé des pianistes, mais d’abord l’esprit de musiciens. Il n’a pas créé une école dans le sens étroit de certains qui engage un professionnel en sens unique. Il formait et nourrissait une tendance esthétique générale dans l’art pianistique. »
Quant au Quintette, il voit le jour dans une période peu réjouissante pour le compositeur qui débute en 1936, année sombre s’il en est, dans sa vie mais aussi pour l’art soviétique dans son ensemble et pour le peuple soviétique. En effet, sous le régime autocratique et totalitaire de Staline, tous les domaines de la politique intérieure et donc culturelle étaient contrôlés, régentés et soumis à la terreur, une “orgie de violence étatique“ sans précédent. Ce ne sera qu’une suite ininterrompue de compromis et conflits pour le compositeur.
Ainsi, l’accueil réservé à ce Quintette avec piano qui illustre parfaitement ce flottement et cet arbitraire dangereux pour tout artiste. Lors de sa création à Moscou en novembre 1940 par le Quatuor Beethoven si réputé, avec “Chosta“ au piano, il fut applaudi par le public tout autant que par la critique “officielle“. Un an plus tard, il reçoit même le prix Staline et les louanges continueront par la suite, mais aussi les critiques, à commencer par celles d’un certain Serge Prokofiev qui analyse « ces formes instrumentales archaïques » repérées dans chacun des cinq mouvements soit : Prélude. Lento – Fugue. Adagio – Scherzo. Allegretto – Intermezzo. Lento – Finale. Allegretto. Sur une trentaine de minutes.
Franco Fagioli fera revivre le dernier castrat Giovanni Batista Velluti
Il sera accompagné par l’Orchestre de l’Opéra Royal du Château de Versailles dirigé par Stefan Plewniak.
Les airs de bravoure sont de, Rossini, Giuseppe Nicolini, Paolo Bonfichi, et peut-être Meyerbeer, Mercadante, Morlacchi
C’est pour le jeudi 4 juin 2026.
Velluti anime le crépuscule annoncé pour les castrats en ce début XIXè. Leur mission d’incarner la voix de l’Ange, c’est terminé. N’oublions pas que c’est l’église mozarabe d’Espagne, confrontée à la présence des eunuques, qui les a introduits aux VIIIè et IXè siècles afin de donner un aperçu plus crédible de cette voix d’ange. Pas besoin pour approcher ce chant perdu que constitue celui des castrats d’aller chercher (pure invention) les vingt-cinq cylindres de cire et un graphophone pour entendre la voix de son dernier champion, le dernier de la Chapelle Sixtine, celle d’Alessandro Moreschi, décédé en 1922. Hélas, la magie de ce timbre ineffable ne serait pas au rendez-vous.
Par contre, nous avons Franco Fagioli ! Chanteur aux talents immenses et reconnus, le dénommé a décidé de le (ou les) réincarner avec des arias moins connues qu’à l’accoutumée. Devant l’entreprise et l’artiste en charge de la tâche, en langage simple, je rends les armes par avance !!

Franco Fagioli © Clarissa Lapolla
Quand on se replonge dans ces récitals d’il y a une quinzaine d’années, on est stupéfait de ce qu’un contre-ténor, avec cette tessiture, est capable de réaliser comme, encore, de fulgurants progrès, vocalement mais aussi scéniquement car, l’artiste est bien loin des castrats d’alors qui n’étaient pas réputés pour leur côté théâtre. On venait s’extasier sur leurs exploits vocaux et guère plus. Velluti, fut peut-être un des plus théâtreux. Il se trouve que Franco Fagioli, c’est aussi du théâtre, une “bête de scène“, même en récital. Je peux l’affirmer : Son étendue vocale est stupéfiante du grave à l’aigu, la maîtrise impressionnante, les prouesses techniques éblouissantes lui permettant de surmonter de diaboliques difficultés, et une prise de risque qui le galvanise. Enfin, une palette émotionnelle confondante. Et un souffle de “dingue“. Si l’époque légendaire des castrats est révolue, un nouvel âge d’or prend forme. Alors, ……réjouissons-nous.
Précisons toutefois que, s’il y a inflation dans le monde du contre-ténor ou haute-contre et sopranistes, ou contraltistes, aucun, à ma connaissance ne se définit comme « un être artificiellement fabriqué » !