C’est avec ces quelques mots d’André Malraux que Claire Roserot de Melin, Directrice générale de l’Établissement public du Capitole et Christophe Ghristi, Directeur artistique de l’Opéra national du Capitole de Toulouse nous accueillent pour cette nouvelle saison 2025-26 : « La culture est l’héritage de la noblesse du monde ».

Claire Roserot de Melin et Christophe Ghristi
Reconnaissons que la brochure de présentation de saison a bien changé au fil des ans et que son attractivité n’est pas étrangère à l’évolution des événements au sein de la maison Opéra. C’est ainsi que Augustin Frizon-Roche, peintre et sculpteur trentenaire nous charme l’œil avec sa brochure pour une troisième saison et les affiches à profusion, pendant que la revue Vivace ! trois numéros par saison, placée sous l’autorité de son Rédacteur en chef Dorian Astor, dramaturge, se rend indispensable au fil des numéros.

Augustin Frizon-Roche devant l’affiche murale dans le grand escalier
Nous nous occuperons des rubriques Ballets Concerts, Récitals et Jeune Public et Hors les murs dans un article prochain. Dans celui-ci, seuls les opéras sont concernés. D’entrée, nous nous devons de rappeler qu’accompagnent chaque titre d’ouvrage, diverses rubriques qui vous sollicitent et qui vous étonneront par tout l’intérêt de leur contenu soit : Autour de l’œuvre avec Journée d’étude, Préludes, Conférence, Atelier d’écoute, Rencontre, Mon métier à l’opéra, suivant les titres.
Ceci est bien sûr en relation directe avec la mission de la maison Opéra du Capitole au cœur de Toulouse et de sa métropole, véhicule d’excellence, d’ouverture et de partage mais encore de rayonnement afin que le talent de notre scène lyrique mais aussi chorégraphique soit saluée en France d’abord et tout autant hors de nos frontières.
Soit saluée aussi cette saison son audace, de par sa programmation et la diversité de ses propositions artistiques. Pour cela, il faut un public fidèle, mélomane et curieux, rajeuni, dont la confiance ne saurait être déçue. Cette confiance, le Théâtre l’a et les responsables en sont conscients et comptent bien continuer à tout faire pour la conserver.

Affiche de la Saison 2025/2026
Sept titres d’opéras en version scénique vous attendent et trois en version concert. Une performance ! Au moment où, ailleurs, certaines annonces de saison deviennent squelettiques. Une recette-miracle ? C’est le moment de rappeler que la Maison collabore et coproduit avec les plus grands théâtres lyriques français et au-delà, de par son niveau en tant que centre de production lyrique et chorégraphique avec son Chœur, son Corps de ballet, ses Ateliers de décors et costumes et perruques, sans oublier la fosse et son lot de musiciens, membres de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse ! Le tout animé par les différentes strates de personnel que le “qu’en dira-t-on“ se plaît à saluer et à congratuler.

Thaïs
Alors, osera-t-on bouder l’ouverture de saison qui s’effectue avec Thaïs de Jules Massenet, une nouvelle production placée sous la direction musicale d’Hervé Niquet dans une mise en scène de Stefano Poda ? Qui ignore encore ses Rusalka, Nabucco, Ariane et barbe-Bleue ? dans ce chassé-croisé sacré/charnel se débattront Rachel Willis-Sorensen, Tassis Christoyannis (magnifique Prince Gremine), Jean-François Borras (très présent au Capitole). Un certain Nicolas Joël adorait Thaïs : « L’acuité de la description psychologique par la musique est prodigieuse. Voilà des personnages qui existent vraiment et qui nécessitent des chanteurs comédiens… »

Tarmo Peltokoski © Romain Alcaraz
Suivra une nouvelle production de Don Giovanni, l’opéra absolu de Mozart, véritable tableau-bouffon dramatique de l’Éros, dans laquelle on ne citera pas en détail les deux distributions tant on retrouve chanteurs et chanteuses devenus des habitués de notre scène. Mais, on signale à la mise en scène Agnès Jaoui et à la direction musicale, pour son premier opéra à Toulouse, le Directeur musical de l’Orchestre, Tarmo Peltokoski.
Dans la veine de Voyage d’automne de cette saison, une création car pour la première fois en France, La Passagère de Mieczyslaw Weinberg, opéra en deux actes et un épilogue, composé en 1968, surtitré en français et qui fait appel pour la distribution vocale à nombre de fidèles acteurs de notre Théâtre : un bien beau signe de reconnaissance et de fidélité au Directeur artistique. La direction musicale est pour Francesco Angelico qui avait œuvré dans Mefistofele de Boïto ici même. Le public sera là, lui aussi. C’est fin janvier.

Nicolas Joel © Elisa Haberer
Retour d’une production cinq étoiles de Lucia di Lammermoor de Nicolas Joël avec ses acolytes d’alors pour cet opéra de Gaetano Donizetti qui sera dirigé par José Miguel Perez-Sierra, le chef qui a fait triompher tout récemment sur neuf représentations Norma. Il s’attaque à nouveau ici à huit pour, globalement, deux distributions. On en oubliera plus facilement les froideurs hivernales de février. En comprimari, Alisa, on remarque Irina Sherazadichvili, qui fut une étonnante Fenena dans Nabucco et tout autant une Cornelia d’envergure dans Jules César. Une carrière qui s’emballe ! Bravo. Elle est aussi Emilia dans Otello qui suit. Remarquons encore deux soirées avec dans le rôle d’Edgardo, Ramon Vargas. À la lecture, le choix d’une représentation va être…cornélien !

Otello : le coup du mouchoir
Enfin, Otello est de retour, ce formidable testament musical de Giuseppe Verdi donné sur un livret d’Arrigo Boïto au mécanisme d’horlogerie d’une rigueur insurpassée. Nous aurons vaillamment attendu vingt-cinq ans. La production de Nicolas Joël se devait de refaire surface. Il fallait trouver un Otello. Bonne pioche avec Michael Fabiano, le ténor américain venu sauver tel Zorro en Don José une représentation de Carmen qu’il rendit mémorable à divers titres. Notre Directeur artistique lui a trouvé son Iago et sa Desdémone. Le trio fatal est en place. La simple histoire de jalousie entrée dans la légende universelle peut se dérouler, patiemment, mais sûrement. Nous voilà par contre, très impatients. Il faudra attendre tout de même avril 2026. La création à la Scala de Milan date du 5 février 1887.

Marie Adeline Henry © Jeremy Wiliams
Encore un choc en mai avec Salomé de Richard Strauss qui ne pouvait qu’être dirigé par Frank Beermann, après son Elektra et à venir dans quelques jours la bourrasque musicale du Vaisseau fantôme. Ici, ce n’est qu’un flot de musique ininterrompue qui occupe la scène et l’orchestre sur une heure et demie. Prise de rôle de Marie-Adeline Henry qui nous avait enthousiasmés dans Jenufa. Surprise à la mise en scène de la voir confiée à Matthias Goerne. On lui souhaite autant de réussite que sur la scène en Oreste, ou Amfortas et autres rôles. Le couple Parsifal-Kundry ou Tristan-Isolde ou Marie-Le tambour-major est reformé ici avec Herodias-Herodes de Sophie Koch-Nikolai Schukoff : rien que ça ! On suivra avec grand intérêt le pas de géant franchi par Jérôme Boutilier dans Jochanaan. L’ensemble est une affiche.
Enfin, la saison se clôt avec Carmen. La direction musicale est entre les mains de Leo Hussain après son Wozzcek et son Pelléas il y a trois ans. On retrouve la mise en scène fort plaisante et efficace de Jean-Louis Grinda. Deux “natures“ en Carmen avec Marie-Nicole Lemieux et Adèle Charvet. Deux distributions en suivant. Là, il faudrait voir les deux !

La divine inspiration de la Musique – Nicolas Régnier 1640
Trois ouvrages baroques sont donnés en version concert pour agrémenter la saison, une façon d’illustrer la trilogie Lully – Rameau – Haendel. Le jeudi 2 octobre, 20h, le somptueux oratorio en trois actes de Haendel, Theodora dirigé par Thomas Dunford et son Ensemble Jupiter. Lea Desandre est Theodora et Véronique Gens, Irene.
Le dimanche 22 mars, à 15h, c’est la tragédie lyrique en cinq actes de Jean-Baptiste Lully, son dernier opéra, Armide dirigée par Vincent Dumestre et son Poème harmonique, Chœur et Orchestre. Armide, la magicienne, c’est Stéphanie d’Oustrac et Renaud, Cyril Auvity. Marie Perbost sera là, et dans trois rôles, Sagesse, Phénice et Mélisse.Et trois aussi pour Victoire Bunel, Gloire, Sidonie et Lucinde.
Le mercredi 27 mai à 20h, première exécution toulousaine, c’est l’opéra Les Boréades, tragédie lyrique en cinq actes de Jean-Philippe Rameau. C’est son ultime chef-d’œuvre, jamais donné de son vivant, qu’il signe à 80 ans. À la direction musicale Reinoud Van Mechelen. Grande haute-contre à la française, il chante Abaris, dirige son Ensemble a nocte temporis et le Chœur de chambre de Namur.
Il ne vous reste plus qu’à faire votre choix en notant la grande diversité dans les combinaisons possibles.
> Brochure saison 2025/2026
> Entretien avec Christophe Ghristi