« Big grown man, fini les fessées. » Dès les premières paroles de son dernier titre, Loïs Castillo, plus connu sous le nom de Jeune Castillo, capte l’attention et donne le ton : cet artiste en plein essor ouvre son cœur, son esprit, il nous captive instantanément.
Portrait.
Sortir de sa zone de confort est tout un art, une vérité que Loïs embrasse avec passion. Ayant grandi à la campagne, dans l’Aude, dans ce qu’il qualifie affectueusement lui-même de « petit bled paumé », il s’initie à la musique depuis son plus jeune âge. Batteur, bassiste, ukuléliste : Loïs touche à tout. À l’orée de son adolescence, il se lance dans la Musique Assistée par Ordinateur (MAO). Ce nouveau domaine, allié à un talent pour la diction et l’écriture, lui ouvre grand les portes de la raposphère, un univers qu’il ne quitte plus, surtout durant ses années au sein du collectif Begin House.
Aujourd’hui, l’Audois aux grands yeux verts ne se contente plus de partager ses souvenirs ; il crapahute sur son propre chemin.
Un Son, Une Histoire.
Avec « Big Grown Man », Jeune Castillo revient sur le devant de la scène, accompagné d’un clip qui défie les conventions. Ayant fait ses premières armes dans le rap toulousain, il a côtoyé des artistes dont les noms raisonneront aussi bientôt dans nos oreilles, tels que Shams Deen, Samir Flyn, Antoine Zago, ou encore LaTête. Sa réputation s’est solidifiée il y a quelques mois avec « Film Dessus », un titre qui mélange des influences diverses. Aujourd’hui, à 23 ans, il prouve qu’il est bien plus qu’un feu de paille.
Dans « Big Grown Man », Loïs se livre à une introspection sur fond entraînant avec paroles qui touchent. C’est un chant de maturité qui n’abandonne rien, ni de sa fraîcheur, ni de son énergie. Ce morceau est une jolie invitation au voyage, avec un décollage sur le tarmac de son évolution artistique et personnelle, suivi d’un vol dans les nuages où la joie et la remise en question se rencontrent. Attention : turbulences !
Les paroles chantent une transition, celle du passage à l’âge adulte, que Loïs accueille avec une certaine amertume teintée de fierté. Il chante l’aurore d’un âge adulte doré, acceptant le chemin devant lui, souvent en solitaire. Ses analyses Jacques Dutronesques à la “Fais pas ci, fais pas ça!”, pourraient bien résonner plus largement, tant sa production se distingue par une originalité et une maîtrise hors du commun. Mais avant de s’emballer, il manque une case à cocher : l’image.
Un Clip qui Claque.
Derrière l’objectif, Rastagraphe, habituellement photographe, apporte sa vision renommée, enrichissant le projet avec une profondeur inédite.
Le clip de « Big Grown Man », réalisé en format vertical, est un pur produit d’innovation en plus d’être original, rien de surprenant finalement venant de Loïs. Avec un budget dérisoire, voire négatif, Castillo se met en scène comme réalisateur et monteur, transforme les limites en tremplins pour l’innovation. Il redessine les paysages urbains de Toulouse à l’aide de l’intelligence artificielle, prouvant au passage que l’IA est loin d’être anecdotique.
L’IA : parlons-en.
Dans le paysage urbain en perpétuelle mutation de la création artistique, l’intégration de l’intelligence artificielle dans le clip de « Big Grown Man » par Jeune Castillo marque une révolution aussi subtile qu’impactante. Pour Loïs, l’IA n’est pas un gadget de plus dans l’arsenal du créateur, mais un véritable partenaire de danse, capable de décupler les possibilités visuelles et narratives. « Un outil fabuleux qui va tout décupler », affirme-t-il, balayant d’un revers de main les craintes d’une technologie qui remplacerait l’homme. Au contraire, il voit l’IA comme un amplificateur de créativité, qui « ne va pas supprimer des gens » mais enrichir le spectre de l’expression artistique.
Le clip, avec ses paysages urbains de Toulouse métamorphosés par l’IA, est un témoignage vivant de cette conviction. Loin de « tuer l’art », l’IA se fait muse, ouvrant des horizons inexplorés. À ceux qui doutent ou craignent l’avènement de ces nouvelles technologies dans l’art, Loïs lance un défi audacieux : « Faites la même ! ». Selon Jeune Castillo, son usage de l’IA dans la création n’est pas sans rappeler l’époque où l’invention de la photographie a bousculé le monde de l’art ; loin de le diminuer, elle l’a enrichi, poussant les peintres et les artistes à explorer de nouvelles frontières.
Ainsi, dans « Big Grown Man », l’intelligence artificielle ne se contente pas de figurer en tant qu’outil technique ; elle devient un élément central de la narration, offrant une toile de fond dynamique sur laquelle se dessinent les émotions et les réflexions de Castillo. Ce n’est plus seulement un clip que l’on regarde, mais une expérience immersive où l’innovation technique se marie avec la poésie des images, repoussant les limites de ce que peut être un clip musical à l’ère numérique.
Avec cette dernière création, Jeune Castillo ne se contente pas de livrer un morceau de plus à son répertoire. Il redéfinit les contours de son art, faisant de cette dernière sortie non seulement une nouvelle pierre à son édifice mais surtout la promesse, selon moi, d’un avenir.
Gabriel Belloc