La saison des Grands Interprètes multiplie les rencontres musicales. Le jeudi 7 mars, deux artistes et amis se retrouvent sur le plateau de la Halle aux Grains pour une série d’échanges au plus haut niveau. Les partitions les plus exigeantes et les plus profondes de Ludwig van Beethoven et Franz Schubert composent le programme de ce concert particulièrement prometteur.
Le violoniste Renaud Capuçon et le pianiste David Fray composent un duo musical particulièrement cohérent et complémentaire. D’un côté, un archet rayonnant, qui s’inscrit dans l’héritage de la grande école franco-belge de violon, et de l’autre, un pianiste au jeu passionné, capable de tirer les sonorités les plus profondes de son clavier.
Né à Chambéry, Renaud Capuçon étudie au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris puis à Berlin. En 1998 il est choisi comme Konzertmeister du Gustav Mahler Jugendorchester. En 2000 il est nommé « Rising Star » et « Nouveau talent de l’Année » aux Victoires de la Musique puis « Soliste instrumental de l’année » en 2005. En 2006, il reçoit le Prix Georges Enesco décerné par la SACEM. Il est le fondateur et directeur artistique du Festival de Pâques d’Aix-en-Provence et du Festival Les Sommets Musicaux de Gstaad, ainsi que professeur de violon à la Haute Ecole de Musique de Lausanne. En mai 2021, il est nommé nouveau chef titulaire de l’Orchestre de chambre de Lausanne.
David Fray, né à Tarbes en 1981, occupe une place importante dans le panorama de la dynamique génération des jeunes pianistes français. Ses nombreuses récompenses en attestent. Nommé en 2004 « Jeune soliste de l’année » par la Commission des Radios Publiques Francophones, lauréat « Déclic » de l’Association Française d’Action Artistique… il s’est forgé une forte personnalité musicale. David Fray a fondé et dirige, dans sa région de Tarbes, un festival musical humaniste et solidaire à l’intention des personnes en situation de handicap. Intitulé L’Offrande Musicale, cette rencontre estivale est conçue pour faciliter l’accès à la musique de toutes les individualités concernées, quelle que soit la nature du handicap.
Le duo ainsi constitué investit ce 7 mars prochain un répertoire d’une exceptionnelle profondeur. De Franz Schubert, deux sonates sont inscrites au programme. Tout d’abord, sa Sonate pour violon et piano en la majeur, écrite en 1817 et qui a été publiée bien après sa mort avec le titre de « Duo ». Puis ce sera le Rondo brillant pour violon et piano D.895, écrit en 1826. Comme l’a qualifié Brigitte Massin : « Conçu pour deux virtuoses, le Rondo entend démontrer la qualité des exécutants. C’est une des rares œuvres de Schubert où l’on sente une complaisance certaine pour une écriture et un style qui fassent appel à une telle virtuosité ».
La célèbre Sonate pour violon et piano n°9, opus 47 « A Kreutzer », de Beethoven, occupera toute la seconde partie de ce concert. Elle a été composée entre 1802 et 1803 et publiée en 1805 avec une dédicace au violoniste français Rodolphe Kreutzer, d’où sa fameuse appellation. L’accueil des critiques fut très réservé, l’Allgemeine musikalische Zeitung considérant que Beethoven y avait « poussé le souci de l’originalité jusqu’au grotesque » et qu’il se montrait adepte d’un « terrorisme artistique ». Il s’agit aujourd’hui d’une des sonates pour violon et piano les plus populaires et les plus jouées du répertoire.
Serge Chauzy
une chronique de ClassicToulouse