C’est la 37ième édition de ce Cycle qui donne de si belles soirées musicales à la Halle aux grains. Et c’est bien grâce à ce savant mélange que l’aventure se poursuit. Plus une dose de volonté bien ancrée de ses responsables pour résister aux derniers événements qui auraient pu mettre à mal sa structure.
Rappelons qu’au départ, celle-ci est une association qui ne vit pas que sur les subventions dites traditionnelles. Il lui faut trouver des mécènes, des moyens financiers qui permettent, tous les ans, d’assurer une nouvelle saison, d’où l’importance prise maintenant par le Cercle des mécènes de Grands Interprètes. Cercle auquel vous pouvez souscrire, avec en retour quelques menus avantages et le sentiment de participer à une très agréable aventure. Mais, le nerf de la guerre, c’est bien fidéliser un public qui répond présent, et comment car, 35 ans, ce n’est pas rien.
Alors, quels seront donc les concerts qui vont assurer votre engouement pour la nouvelle saison et, qui sait, vous décider à franchir le pas d’un abonnement, nouvelle formule, ou entrer un pied dans le mécénat ? Chacune des 16 dates, oui, 16 dates, est à retenir en fonction de vos goûts personnels, pour des œuvres orchestrales, ou du chant, ou du piano, ou de la musique de chambre. Mais aussi de vos préférences pour tel ou tel interprète. Des noms sont déjà connus de vous, ceux d’artistes fidèles que le public retrouve avec plaisir. D’autres sont présents pour la première fois, signe de curiosité nécessaire pour faire découvrir.
Coup de cœur d’abord avec, place à la jeunesse, le tandem, et quel tandem, que forment le violoniste suédois au parcours stellaire Daniel Lozakovitch et le pianiste français Alexandre Kantorow déjà sur le même parcours. C’est pour le mercredi 12 avril. Né en 2001 de parents russes à Stockholm, le jeune prodige du violon vit à Genève pour suivre un de ses professeurs. Il joue le Stradivarius Le Reynier de 1727. La Halle a déjà vibré en sa présence, le tout jeune musicien parvenant à toucher le public par sa musicalité, sa personnalité bien affirmée, et pas simplement par sa virtuosité et par ses doigts. Il ne pouvait que faire équipe avec notre récente coqueluche du clavier, bien connu déjà du public de la Halle et du Cloître des Jacobins, le très charismatique Alexandre Kantorow que le public toulousain adore. Le programme réunit des sommets de l’écriture pour violon-piano, des sonates de Johannes Brahms, Robert Schumann et César Frank.
Ouverture de la saison le lundi 17 octobre avec le premier choc émotionnel intitulé MEIN TRAUM soit Mon rêve. Les responsables en sont la soprano Judith Fa et le baryton Stéphane Degout accompagnés du chœur et de l’orchestre Pygmalion, tous dirigés par Raphaël Pichon. Pour vous préparer au rêve, on commence par la Symphonie « Inachevée » toujours indiquée la n°8. Puis viendront arias, lieder et chœurs de Franz Schubert, Robert Schumann ou Carl Maria von Weber. Des vagues irrésistibles de romantisme vous envahissent … complètement.
Le concert “tête d’affiche“ est bien sûr, celui qui verra sur le plateau une artiste que le public de Grands Interprètes ne se lasse pas d’applaudir régulièrement depuis la saison 2001/ 2002, j’ai nommé la diva assoluta Cecilia Bartoli. La mezzo-soprano dont la palette de couleurs et d’inflexions est tellement variée qu’aucun effet n’est jamais prévisible, la musicienne qui ne se livre jamais à une démonstration gratuite de virtuosité, qui pimente chacun de ses récitals d’un irrésistible sens de l’humour, celle qui…mais stop. Le lundi 7 novembre, c’est à 20h. elle est accompagnée par Les musiciens du Prince-Monaco, tous placés sous la direction de Gianluca Capuano dans un programme que vous vous ferez la joie de découvrir.
Seconde “tête d’affiche“ de cette saison avec l’un des plus grands orchestre du monde, les musiciens du Wiener Philharmoniker qui pour la quatrième fois, place ainsi la ville de Toulouse parmi les capitales mondiales de la musique. D’autant plus qu’il arrive dirigé par un certain Tugan Sokhiev, mais oui, que l’on ne va pas vous faire l’affront de présenter. Deux œuvres célébrissimes au programme : le Shéhérazade de Rimski-Korsakov et la Symphonie n°4 de Tchaïkovski. Ce sera le samedi 18 mars.
On pioche dans la brochure et on “tombe“ sur, Myung-Whun Chung. Avec quel orchestre ? l’Orchestre Philharmonique de Radio-France, autre habitué. Au programme ? un monument de la symphonie, la n° 9 de Gustav Mahler. C’est pour le jeudi 8 décembre. Comment l’éviter ?
Qui ne connaît point le violoniste Renaud Capuçon ? Si c’est le cas, c’est impensable mais vous pourrez vous rattraper grâce à Grands Interprètes car le très charismatique musicien sera en résidence à la Halle pour deux dates. Le vendredi 17 février, à la direction de son orchestre actuel, la magnifique phalange de l’Orchestre de Chambre de Lausanne avec des pièces de Fauré, Saint-Georges, Ravel et Mozart duquel Renaud interprètera le Concerto pour violon n°9. Retour en avril, le mardi 4. De Mozart, il passera à Bartók dont il jouera le Concerto pour violon n°1. Il est accompagné par l’un de nos orchestres favoris depuis si longtemps, le Budapest Festival Orchestra dirigé, évidemment, par son fondateur, maestro Iván Fischer. Trois pièces symphoniques de Richard Strauss, irrésistibles, et une très intéressante rarity de Ernst von Dohnányi créée en 1933 complètent un concert au sommet.
Le piano est incontournable, évidemment, d’autant plus que vous avez rendez-vous avec quatre monstres du clavier, chacun à leur manière. Maria-Joao Pires sera là le lundi 17 avril avec Schumann, Debussy et la dernière Sonate de Schubert. En musicienne authentique, uniquement préoccupée de défendre chaque partition qu’elle propose, elle nous fait partager sa musique débarrassée de toute affectation, emphase et faux-semblants.
Le mois suivant, soit le jeudi 25 mai, Sir András Schiff viendra avec Bach, Mozart et Schubert, celui que d’aucuns qualifient d’“anti-Gould“, brillant représentant de l’école hongroise de piano, fervent admirateur de Jean-Sébastien Bach, très attiré par les concerts qui constituent pour lui des moments magiques de la vie musicale.
Le mardi 13 décembre, nous aurons la “tout feu, tout flamme“ du clavier dans un programme très diversifié qui va lui permettre d’exprimer toute sa soif de musique, j’ai nommé Khatia Buniatishvili. La pianiste géorgienne déchaîne les passions, bouscule les certitudes, ce qui ne manquera pas lors de ce récital car au côté oreille, il faut ajouter le côté visuel. Il y ses admirateurs… et les autres ! Une chose est certaine cependant, elle sera acclamée.
Autre idole dans les saisons de Grands Interprètes, le pianiste russe Grigory Sokolov. Partout où il passe, cette légende du clavier draine des foules enthousiastes avec ses programmes subtilement conçus dans lesquels il faut inclure la “troisième mi-temps“, la plus réjouissante, la plus enthousiasmante puisqu’elle peut durer autant que l’avant entracte ou l’après, avec sa succession de encore que l’artiste se plaît à distiller avec malice. Et pourtant, il est bien avare question gestuelle. Tout est au service d’une concentration extrême. Les tousseurs ne sont pas admis. Ses admirateurs diront que tout ce qu’il interprète subjugue, de Rameau à Prokofiev en passant par Bach et Scriabine. Beethoven et Brahms sont annoncés, mais quelle importance puisque le public est conquis par avance. Lundi 21 novembre.
Qui, à Toulouse, amateur de piano, ne connaît pas Bertrand Chamayou ? Que de chemin parcouru, depuis un certain récital à Cordes-sur-ciel, par ce tout jeune toulousain bien décidé à côtoyer les cimes de l’art pianistique. Il est au Cloître, il est à Grands Interprètes, il est à la Halle avec l’ONCT, il est aux Victoires de la musique. Le prince du piano français est partout, mais il nous revient ici le mardi 21 mars en duo avec la violoncelliste Sol Gabetta, comme il y a quelques années, et le public avait beaucoup aimé. Merci à Felix Mendelssohn d’avoir bien voulu composer quelques pièces pour ces deux instruments. Ainsi qu’à, moins connus, Heinz Holliger et Francisco Coll Garcia, deux compositeurs contemporains dont des partitions ont pu se prêter à des transcriptions pour piano et violoncelle.
Toujours musique de chambre avec un tandem plus rare puisque la flûte d’Emmanuel Pahud rejoint le piano de Yefim Bronfman dans quatre sonates de Mozart, Brahms, Reinecke et Prokofiev. Un concert d’exception. Un pianiste, reconnu internationalement comme l’un des plus acclamés et admirés, véritable star aux USA, sa seconde patrie mais plus rare dans les salles françaises et donc, une belle occasion de le retrouver dans un tel programme avec un flûtiste dont la réputation n’est plus à faire dans ce répertoire, mais capable aussi de s’enthousiasmer pour des partitions contemporaines écrites pour son instrument et qu’il défend âprement.
La mezzo-soprano américaine Joyce Didonato est une “nature“ on le sait et sur les scènes lyriques, elle le démontre à chaque production. Ce sera sûrement encore le cas dans ce spectacle musical de son cru intitulé « Joyce Didonato : Eden » dans lequel fusionnent musique, mouvement et théâtre. Un véritable périple vocal sur quatre siècles avec Cavalli rejoint par Rachel Portman, Gluck par Charles Ives et bien d’autres encore. Et tout ceci grâce à une voix dite en “or 24 carats“ !. À la direction musicale, Maxim Emelyanychev, incontournable et bien sûr son orchestre Il Pomo d’Oro. C’est pour le jeudi 8 juin.
Histoire de pimenter un peu la saison, Grands Interprètes est allé chercher du côté du digne fils de son père Bebo, j’ai nommé Chucho Valdés. Lui aussi pianiste et compositeur, il incarne en particulier la fusion entre Cuba et l’Afrique. Incandescente, elle est aujourd’hui célébrée avec La Creación, oratorio intensément métissé. Dans cette œuvre de grande ampleur, composée et dirigée par Valdés, se rencontrent son piano, une batterie, une contrebasse, des tambours bata, un chœur créole et un big band rutilant. Relatant l’émergence aux Caraïbes de la culture yoruba (actuel Nigeria), elle est précédée d’un rare concert solo au piano de l’artiste. Ce sera le 26 novembre.
On laisse Cuba et le lundi 5 décembre on s’immerge dans les chants de la chorale Harlem Gospel Choir, une des chorales de gospel les plus célèbres aux États-Unis. Elle a fait le tour du monde x fois. Un petit détour par la Halle est de toute logique.