Nile Rodgers et Chic se sont produits à Jazz in Marciac ce samedi 22 juillet en livrant un show étincelant qui rassemblait les tubes composés ou produits par le guitariste new-yorkais.
Depuis 2013 et la participation de Nile Rodgers en tant que guitariste et co-compositeur à l’album Random Access Memories de Daft Punk, le groupe Chic – fondé par Rodgers et son ami bassiste Bernard Edwards (disparu en 1996) – a cédé la place à « Nile Rodgers & Chic ». La nuance est d’importance car le guitariste, compositeur et producteur a été découvert par un nouveau public dans la foulée du succès de Daft Punk. Si beaucoup connaissaient les tubes composés par Rodgers et Edwards pour leur groupe Chic, la formation vocale Sister Sledge ou Diana Ross, peu savaient que Nile Rodgers avait produit des albums mythiques (Let’s Dance de David Bowie, Like a Virgin de Madonna) et participé à des rôles divers aux disques d’une centaine d’artistes parmi lesquels Mick Jagger, Michael Jackson, Jeff Beck, Eric Clapton, Al Jarreau, INXS, Duran Duran, Etienne Daho, Claude Nougaro et même Sheila pour laquelle le tandem Rodgers / Edwards composa et produisit l’album King of the World en 1980…
C’est donc à une réinterprétation de cette œuvre protéiforme au croisement du funk, du disco, de la soul et de la pop que s’apparentent désormais les performances de Nile Rodgers & Chic, en l’occurrence autour du maître : les impressionnantes chanteuses Kimberly Davis et Folami Thompson, le remarquable Jerry Barnes à la basse, Ralph Rolle à la batterie, Richard Hilton et Russell Graham aux claviers, Bill Holloman et Curt Ramm aux cuivres.
Good times
Le show donné à Marciac s’est ouvert par un Chic Cheer ne laissant pas le public assis avant d’enchaîner par d’autres standards de Chic (Dance, Dance, Dance ; Everybody Dance ; I Want Your Love) avant un détour explosif du côté de Diana Ross (I’m Coming Out ; Upside Down) et de Sister Sledge (He’s the Greatest Dancer ; We Are Family). A cette entrée en matière classique succéda un mélange entre tubes produits par Nile Rodgers et morceaux composés pour Chic ou Sister Sledge. C’est ainsi une sorte de juke box live de l’histoire de la pop qu’ont pu savourer les spectateurs de Jazz in Marciac. Une séquence Madonna assez ludique (Like a Virgin ; Material Girl) croisait un hommage à Bowie (un Let’s Dance brûlant emmené par le batteur Ralph Rolle ; un Modern Love chanté par le claviériste Russell Graham en difficulté dans l’exercice). Sheila n’était pas oubliée avec Spacer et le Get Lucky de Daft Punk mettait le feu après un puissant Notorious de Duran Duran.
On réentendait avec plaisir le Soup for One de Chic marié à sa version samplée que le groupe français Modjo livra en 2000 avec le tube Lady (Hear Me Tonight). Thinking of You de Sister Sledge rappelait qu’il s’agissait bien de l’un des meilleurs titres signés par Rodgers et Edwards même si Lost in Music ou My Forbidden Lover (dans une version abrasive) tenaient très bien la route. Evidemment, les mythiques Le Freak et Good Times de Chic étaient de la partie pour conclure le concert. « Good Times, these are the good times / Leave your cares behind » : cela résumait parfaitement l’esprit de la soirée.
Jazz in Marciac 2022 : des légendes et des surprises
photos © Laurent Sabathé