Avec « les Sommes », Jérôme Souillot rassemble ses peintures à Toulouse, à la chapelle des Cordeliers.
Pendant le confinement, Jérôme Souillot a fouillé dans ses tiroirs et ses boites de rangements. Il y a retrouvé des objets enfouis depuis des années: figurines, bijoux, rubans, napperons et autres bibelots se retrouvent aujourd’hui dans la série de peintures entamée à cette époque. Intitulée « les Sommes », cette série est actuellement visible à Toulouse, à la chapelle des Cordeliers. Ces «images-paysages» sont composées d’une accumulations d’éléments, comme autant de strates de souvenirs vécus ou rêvés.
Poursuivant dans ces œuvres peintes sur papier une «recherche d’immersion dans le détail», l’artiste avoue: «Elles n’ont pas vraiment de sens de lecture, ni de repère dans l’espace, excepté un fond sur lequel viennent voler, s’accrocher ou se fondre les éléments qui les composent. Je les peins comme ils m’apparaissent à l’esprit : fondus, incomplets, comme les premières impressions déformées par le souvenir ou au contraire, extrêmement précisément et très détaillés. Des objets que l’on reconnaît parfois à peine, mais dont on garde l’intuition. Pour moi ils émergent comme les premières images qui accompagnent l’endormissement.»
Un second volet irrigue cette exposition jonchée de manière dispersée et désordonnée de panneaux de bois peints, de différentes tailles et de formes diverses, envisagés comme des «éléments de décor de théâtre détourés et prêts à l’emploi», précise Jérôme Souillot. Posés à la verticale sur le sol, contre un mur, ou stockés dans un recoin du parcours, ces panneaux «constituent les éléments d’une image mise en volume» au cœur de laquelle le visiteur évoluera avec curiosité, tentant peut-être d’imaginer un agencement possible de ces fragments colorés en attente d’installation. L’artiste a d’ailleurs invité les plasticiens Nicolas Puyjalon et Émilie Franceschin à investir et transformer l’exposition qui «se veut modulaire et inconstante. Comme un espace de jeu dans lequel d’autres artistes sont invités à évoluer, agir et projeter leurs propres univers», assure-t-il.
Par ailleurs, le temps d’un après-midi, Jérôme Souillot a invité Nadia Von F., Nicolas Puyjalon, Manuel Pomar et Frédéric Nicolau pour réaliser la performance « les Dessinants ». Les visiteurs de l’exposition pourront ainsi être reçus en consultation lors d’un court entretien, «autour d’un verre d’alcool», au cours duquel ils devront confier «quelque chose d’important» à leurs yeux: «Ça peut être un objet personnel, une histoire, un souvenir, un secret…. « Les Dessinants » fabriqueront un dessin à partir de la conversation. Il portera comme titre le prénom et la date de l’échange. « Les Dessinants » s’engagent à ne jamais dévoiler l’objet de la consultation. « Les Dessinants » ne sont pas dessinateurs public, ni juges ni prêtres ou psychiatres ou para-psychologues. Ils dessinent seulement», lit-on dans le déroulé de la performance. Chaque dessin sera exposé et mis en vente.
Le visiteur pourra également se procurer sur place un coffret de quarante reproductions de dessins de l’artiste issus de la série « la Nuit dernière »(1). Elle est le fruit de plus de quatre années passées à dessiner le matin une image sortie d’un rêve de la nuit: «J’ai fixé sur un petit format papier, une image, une impression de ce qu’il s’est passé avant sa disparition. La narration m’intéresse peu, il s’agit plutôt de rassembler l’ambiance et les contours d’une scène ou un objet présent dans le rêve. Comme un marqueur, c’est un moyen de témoigner de cette partie volatile du temps vécu», raconte Jérôme Souillot.
Jérôme Gac
pour le mensuel Intramuros
« Les Sommes » © J. Gac
(1) disponible sur les-multiples.fr
« Les Sommes », jusqu’au 4 juin, du mardi au samedi, de 13h30 à 19h00, à la chapelle des Cordeliers, 13, rue des Lois, Toulouse.
« Les Dessinants », samedi 21 mai, de 14h00 à 18h00, à la chapelle des Cordeliers.