Lors de la 25e édition de Cinespaña, Josep était programmé. A l’occasion de sa sortie en DVD, retrouvez l’entretien avec son réalisateur Aurel, venu accompagner le film en région Occitanie durant ce festival.
Je vous parlais déjà de Josep quand celui-ci était encore un projet, lors de la présentation d’Aurel à la Cinémathèque de Toulouse, durant le Cartoon Forum 2019 avec l’ACREAMP. Avant ma rencontre avec Aurel, je remets la présentation de Josep qu’avait faite Arnaud Clappier, directeur d’Utopia Borderouge :
« Le réalisateur Aurel est un dessinateur de presse, mais qui avait déjà tâté du film d’animation en 2011 avec Octobre noir, sur la manif du 17 octobre 1961, où la police du Préfet Maurice Papon a jeté des Algériens dans la Seine pour faire bonne mesure. Depuis ce court-métrage passionnant, je guettais sa prochaine réalisation, et c’est Josep qui raconte le destin du dessinateur espagnol Josep Bartoli. Je trouve assez formidable et assez casse-gueule à la fois de faire un film d’animation sur un dessinateur, et qui a fortiori n’a pas une aura internationale. Aurel et les studios d’animation avec lesquels il a bossé se sont attachés à ne pas faire un film d’animation, mais de faire un film dessiné, et ça fait toute la différence entre un film qui aurait été un biopic classique et ce que Aurel a réalisé avec Josep qui est un mélange de crayonné et de moments d’animation hyper fluide, mais aussi un mélange d’œuvres dessinés par Bartoli et de l’ensemble de l’histoire dessinée par Aurel. C’est formidablement rythmé pour raconter les camps d’internement des résistants républicains espagnols en France, durant la Retirada, moment de l’histoire qui est, à ma grande surprise, toujours très méconnu en France. Tout ce qui peut contribuer à éclairer cette période-là me paraît passionnant, et en plus le film est d’une beauté visuelle, d’une poésie rares. C’est un film nécessaire.»
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Josep est un biopic dessiné, et pas animé, sur quelqu’un très peu connu, qui traite d’une période que certains aimeraient oublier. Comment s’est faite la gestation de ce projet qui ne rentre pas dans les cases habituelles ?
On ne se pose pas toutes ces questions-là. On fait un film sur une histoire qu’on a envie de raconter, et on ne perd pas de temps à se demander si l’aventure va être simple ou compliquée, si ça va plaire ou déplaire. Avancer est la meilleure des solutions. Je ne dis pas que l’avancée est fluide, facile et sans encombre, mais avancer est la seule chose qu’on a à faire. Dans les faits, la gestation a pris cinq ans car il y a eu des embûches diverses et variées, pas du tout liées au film en lui-même, mais à des questions humaines. Le premier producteur qui portait le projet est malheureusement décédé (NDLR : Xavier Julliot, qu’Aurel mentionnera lors du César du Meilleur film d’animation long-métrage), et les droits ont été bloqués. Mais ces cinq premières années sont dédiées à la découverte de cette histoire, à mener des enquêtes, à consulter des archives, à s’immerger dans l’univers de la Retirada et dans la vie de Josep, en rencontrant des proches. Ce n’est pas un boulot à plein-temps, mais qu’on fait en parallèle d’autres activités. Ce sont cinq années de travail et de début d’écriture avec la première version du scénario, peut-être la deuxième avec Jean-Louis Milesi. À partir du moment où le producteur Serge Lalou (NDLR : Les Films d’Ici Méditerranée) décide que c’est le bon moment pour lancer le projet, il se met à la recherche de financements qui nécessite trois ans, durant lesquels Jean-Louis et moi continuons à écrire, à préciser des notes d’intention. Ce temps long permet aussi de faire mûrir un projet, à revenir sur des intentions, sur l’écriture, sur comment raconter ce qu’on souhaite. Au bout de ses trois ans, quand on a le feu vert, on lance une année environ de préparation où on travaille une peu plus intensément et on réfléchit plus à comment on va fabriquer tout ça, puis on crée. Trouver des partenaires a été compliqué et a pris beaucoup de temps, mais la région Occitanie a cru en ce projet qui parle d’une mémoire commune aux deux anciennes régions qui la forment actuellement, et qui a un lien avec les Catalans, nos voisins frontaliers. Il y a eu un réel investissement politique pour que Josep existe. Ce sont les premiers vrais partenaires qui nous ont permis de mettre le pied à l’étrier, d’avoir le temps et la possibilité de chercher tous les autres financements.
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Le choix de cette partie dessinée, en ellipse ?
L’idée est venue assez tard dans le processus de création. On avait déjà commencé à fabriquer des choses, et rien sur la partie mémorielle où je sentais que l’animation pure n’allait pas fonctionner. Cela posait des problèmes à différents de niveaux. Il a donc fallu trouver une solution, et j’ai décidé de continuer dans la veine, le chemin sur lequel me poussait la production déléguée et notamment Serge Lalou, ainsi que le directeur de production Ulrik Frémont, à savoir de ne pas faire de demi-mesure et d’aller là où je voulais. La solution radicale que j’ai prise est justement de ne pas animer cette partie, et d’enlever toute la partie animation qui me paraissait un peu superflue, pas nécessaire ou pas utile pour raconter une histoire. Je suis un dessinateur qui essaie, – et qui arrive en partie -, à raconter des histoires avec des dessins qui ne bougent pas. J’avais l’impression qu’on perdait beaucoup d’énergie et de temps, comme une déperdition de l’intention au fur et à mesure des différentes étapes du processus de création qui devait amener à ce que le dessin bouge à la fin. En plus, je ne maîtrisais pas les codes, ni la façon de faire, donc je ne pouvais pas montrer ce que moi je voulais. J’ai donc fait ce pari de raconter cette histoire avec des dessins, en les rendant évidemment vivants avec la voix, les effets spéciaux, ou le trait qui vibre. Ce ne sont pas des images de livres projetées sur un grand écran comme un diaporama, mais il a fallu trouver des astuces de mise en scène où l’action est résumée en un dessin, sans avoir besoin de toute la décomposition du mouvement.
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Avez-vous vu La Jeune fille sans mains de Sébastien Laudenbach qui lui aussi ne décomposait pas tous les mouvements de l’animation ? Il m’avait montré les dessins de la chute de la jeune fille. Pris isolément, on reconnaît la jeune fille sur le premier et le dernier, et les dessins intermédiaires n’étaient que quelques courbes qui n’avaient pas de sens.
Oui, il faisait partie des inspirations données aux équipes. C’est l’exact contraire de mon film puisque La Jeune fille sans mains est un film d’animateur : il sait raconter une histoire par l’animation puisque c’est son moyen d’expression. Lui, il réfléchit en animation. Mais ça m’intéressait de voir les raccourcis qu’il pouvait faire et de voir surtout ce qui était non-personnage, – avec les objets, la nature -, comment en quelques intentions et impressions de mouvements ou graphiques, il rendait compte d’une vie des éléments. Ça m’intéressait beaucoup, et ce sont des indications que j’ai glissées aux équipes. C’est le même processus intellectuel, mais pas avec le même outil.
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Aviez-vous d’autres inspirations artistiques, cinématographiques ou autres, pour Josep ?
Elles sont très variées, et pas seulement cinématographiques en effet. Elles viennent autant de la musique, de la peinture, sans avoir de nom précis à vous donner. Pour les ambiances graphiques, je me suis beaucoup inspiré de la peinture espagnole. Je donnais aux équipes des images du modernisme catalan, et même de l’abstraction, des œuvres de Pierre Soulages, Mark Rothko, Nicolas de Staël. Si j’écoutais de la musique de Sílvia Pérez Cruz, elle m’inspirait autant qu’un film qui aurait pu être dans la même veine. Cinématographiquement parlant, il y a sans doute de nombreuses références, comme Land and Freedom de Ken Loach qui m’a fait découvrir la Guerre d’Espagne. J’ai amené ma fille voir La Haine de Mathieu Kassovitz cet été car il ressortait en salles. Je ne l’avais pas revu depuis 20 ans, et je ne l’avais jamais vu au cinéma. Et je me suis aperçu que La Haine avait plein de choses qui m’avaient inspiré pour Josep, et si je ne l’avais pas revu, je ne vous le citerais pas maintenant. Des films m’ont inspiré sans même que je m’en rende compte.
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À l’inverse, y a-t-il des modèles que vous vouliez éviter ?
Oui, plein. C’est très important d’avoir des contre-modèles, parce qu’ils permettent aux équipes de voir ce qu’il faut éviter. Les principaux anti-modèles que j’avais étaient soit de l’esthétisme, soit d’une animation qui bouge pour bouger, sans rien à avoir à raconter, qui ne porte rien en soit et qui peut imposer un rythme un peu difficile à suivre. J’avais très peur du ramollissement du propos par une longue chaîne industrielle de fabrication. Je pense que cela m’a fait aller vers une radicalité. J’avais aussi vu des films en animation où la tension était continue, et je ne trouve pas cela intéressant. Pour un sujet traité très dur, si la tension ne varie jamais, soit c’est insupportable pour le spectateur, et on arrête de le regarder ; soit on finit par s’habituer à cette dureté, et ça n’a plus de prise sur nous. Je voulais vraiment construire un film en tension-détente, comme on dit en musique, avec des moments forts, des moments plus doux, pour vraiment installer une relation avec le spectateur.
Y a-t-il eu des scènes, d’une fluidité scénaristique sur le papier, qui ne passent pas au moment de les dessiner ?
Oui. Il y a de nombreux d’endroits dans le scénario où le problème s’est posé, car c’est un scénario de prises de vue réelle, donc on a dû très souvent réadapter, voire réécrire et repenser, parce qu’ils ne pouvaient pas marcher en animation, ou cela aurait été beaucoup trop complexe à mettre en œuvre, et il aurait fallu investir 10% du budget pour une scène assez anodine. La scène en soit est bien, mais ce n’est peut-être pas sur elle qu’on a envie de mettre tout notre argent. Il a fallu adapter ces scènes-là. A contrario, il y a aussi eu des moments où j’ai décidé de résumer tout un pan du scénario en un seul dessin, suffisamment parlant, car il n’y avait pas besoin de s’appesantir plus.
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Saviez-vous au moment de l’écriture ou du dessin la durée du film ?
Au moment de l’écriture, non. Il y a une durée imposée par le budget. Faire un film d’animation coûte cher. On ne peut pas faire un film de 4 heures, ni même de 2 heures quand on a un budget inférieur à 3 millions d’euros. On a fait un animatique, un bout à bout à partir de l’ultime version du scénario tel qu’il a été écrit, et on s’est retrouvé avec un film de 2h30. Nous n’avions pas le budget pour cette durée, ou alors, pour faire un film en brouillons, ce qui n’était pas possible. On voulait faire un film Art et Essai que le maximum de gens puisse voir, mais pas un film expérimental.
Pour réduire cette durée, j’avais préparé le travail en bossant seul et j’étais arrivé à 1h30 ou 1h40. Puis avec le monteur Thomas Belair, nous sommes tombés sur une version en animatique de 1h10 au premier montage, puis on a rallongé un peu pour aboutir, grosso modo, à la durée du film tel qu’il est sorti en salles, sur laquelle est intervenu de nouveau Jean-Louis Milesi le scénariste pour résoudre quelques incohérences qui étaient nées de notre réduction de 1h15. La durée finale du film me va car le rythme marche très bien. Josep est très intense, sans temps-morts dans la narration, même s’il a des moments de tension et de détente. Une durée de 2h30 aurait donné un film très différent, beaucoup plus contemplatif.
JOSEP d’Aurel, Prix #FondationGan à la Diffusion 2019, a remporté les prix du Meilleur Film d’Animation et de la Meilleure Musique Originale pour @Sperezcruz aux @prixlumieres 2021 !
Félicitations à toute l’équipe du film 👏 ! https://t.co/Lh6jeBaBpK
©Moreau-Perusseau pic.twitter.com/JshscwxXky— Fondation Gan Cinéma (@FondationGan) January 20, 2021
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Vous venez de parler de travail avec le monteur sur l’animatique. Une fois cette version dessinée, quelles ont été les étapes de montage, des coupes ou ce que j’appelle du puzzle avec du repositionnement ?
On a repositionné des scènes, et c’est à peu près tout ce qu’on peut faire car on ne se permet pas des coupes, même si ça arrive un petit peu, car l’animation coûte tellement cher à fabriquer qu’on essaie de pas à avoir à virer des bouts. C’est pour ça qu’on fait le montage au début. Et bien évidemment, on a fait du puzzle. Le montage final a pris 3 semaines. Thomas Belair est un très bon monteur.
C’était une des parties les plus délicates pour moi, de devoir lâcher et de ne pas pouvoir être avec Thomas pour voir le rythme. Nous étions à distance donc j’étais obligé de le laisser faire. Il y a des scènes où nous avons davantage discuté, d’autres où nous nous sommes beaucoup creusé la tête, parce qu’on ne trouvait la bonne place dans cette histoire de puzzle : éviter que ça tombe comme un cheveu sur la soupe, que tout ait du sens. Ce qui nous a posé le plus de problèmes est l’histoire au début avec les chevaux dans les camps qui sont tués pour être mangés. À chaque fois, ils arrivaient maladroitement, car ils étaient hors de la continuité narrative. Il fallait construire quelque chose avec ces chevaux, donc on les a éloignés les uns des autres. La ville de New York nous a aussi posé pas mal de problèmes. Comme on avait dû enlever des séquences, il a fallu finalement re-raconter quelque chose avec New York. J’avais en tête depuis très longtemps cette idée de tresse entre différentes temporalités, la voix, l’image, et les différentes périodes à la fin quand on a le monologue de Frida Kahlo, mais qu’on a des images, qu’on revient chez le grand-père, on repart à New York, et on change d’époque dans cette ville. C’est assez complexe, mais j’avais cette idée dès le départ, et c’est au montage qu’est née l’idée d’un changement de couleurs qui accompagne les mots de Frida : on voit apparaître les couleurs de New York au moment où elle évoque l’importance de la couleur. C’est né la dernière semaine de montage. Jusqu’au bout, il y a eu des surprises.
J’aime beaucoup l’idée que Frida sorte de l’eau pour rejoindre Josep, et que Valentin commente cette scène. L’ensemble, avec le saut d’images, participe à la beauté du récit, alors que d’un point de vue du « suivi », cette scène n’a pas sa place. Les producteurs ont-ils accepté facilement cette digression ?
On a vraiment été laissés tranquilles par les producteurs. C’était des discussions entre nous, savoir si ça fonctionnait ou pas. Ici, c’est la mémoire du grand-père qui n’est pas très fiable. La seule réticence que nous a pointée le producteur concerne cette image qui se cisaille, pour justement accentuer un peu le côté « il se passe un truc pas normal ». Il trouvait que ça ne marchait pas forcément très bien, en nous sortant un peu du style de narration dans lequel on était. Je trouvais que cette scène marchait très bien, et elle est restée.
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Ce qui a été le plus dur ?
L’espèce de montagne russe émotionnelle quand on a presque financé le film, mais qu’il faut absolument commencer, qu’on ne sait pas si le film va se faire ou pas. Ça dure quand même plusieurs mois, avec des moments où on a failli abandonner. Et après, pendant la fabrication, tous ces moments où il faut gérer des questions qu’on appelle pudiquement « relations humaines » dans les entreprises, et qui nous éloignent de là où on est censé consacrer notre énergie. Ce ne sont pas des gens qui ont des problèmes dans leur boulot, mais qui ont des modes de fonctionnement un peu particuliers, parfois compliqués à comprendre, et qui demandent à ce qu’on passe beaucoup d’énergie à résoudre ces problèmes-là, ou à faire avancer les choses malgré eux. Quand on est dessinateur habitué à être seul à sa planche à dessin, ce n’est pas évident.
Vous avez fait intégralement le casting de voix. Certains ont-ils refusé ?
Un des acteurs principaux prévu sur les premiers trailers n’a pas pu faire le film trois semaines avant pour des raisons de santé, et il a fallu trouver quelqu’un d’autre, qui était tout autant motivé. Des gens qui ont refusé ? Quand on lance plusieurs perches, on a des retours positifs et d’autres négatifs. Mais nous n’avons eu que des oui, hyper motivés et hyper engagés, et il n’y a que ça qui compte. Au tout début du projet, je dessinais quelques images de référence, mais pas grand-chose, et je n’avais donc pas toutes les voix en tête. Même si on sait qui va jouer le rôle, c’est dur de se projeter vraiment sans avoir le son de la voix sur les dialogues. Après, au moment du dessin, j’avais les voix à ma disposition car elle avaient été enregistrées.
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Je suis très fan de François Morel, dans tous les domaines où il met sa patte
Même quand il joue Robert (rires) ?
Oui ! (rires). Je reconnais que je n’aurais pas pensé à lui pour jouer le flic pourri, mais sa voix, très Deschiens en plus, passe très bien dans ce contre-emploi. Pourquoi avoir pensé à lui ?
Parce que moi aussi je suis très fan de François Morel. Je voulais précisément un contre-emploi et pour François et pour Robert. Je n’ai pas vraiment analysé pourquoi. Pour toutes les décisions, je me suis quand même laissé plutôt guider par mes envies, mon désir et mon intuition, sans trop intellectualiser, même s’il faut le faire, – trop souvent à mon goût -, pour financer un film : il faut écrire des tonnes de notes d’intention, plus ou moins pertinentes, mais c’est le jeu. Je sentais bien François Morel pour cette voix-là. Après, une fois que c’est fait, on peut poser un regard dessus et essayer de comprendre ce que ça peut donner. Je pense que j’avais aussi besoin d’un acteur qui joue l’imbécile, de façon assez convaincante, parce que ce gendarme est tellement salaud, que le fait de lui mettre une bonne dose de bêtise permettait de faire passer un peu plus le propos sans que le personnage ne soit trop caricatural, ni trop insupportable. Il est méchant, mais il est surtout très bête. C’est un peu le personnage de François Morel dans les Deschiens qu’on retrouverait face à une situation que je pousserais jusqu’à la méchanceté grasse. François m’a d’ailleurs demandé s’il devait prendre, ou pas, son accent à la Deschiens pour faire la voix de Robert. Je l’ai encouragé à l’endosser, et on a vraiment joué là-dessus. Tout comme avec Alain Cauchi : lui et François ont tous les deux des accents bien trempés. Non pas que l’accent soit assimilé à une quelconque bêtise, mais il permet aussi d’arrondir certains propos.
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La casting de Dupont Lajoie d’Yves Boisset n’a que des acteurs venant de la comédie, pour traiter de jusqu’au bout peuvent aller la bêtise humaine et le racisme.
Un comique qui joue un salaud rend toujours les choses très inquiétantes. Et quand je suis sorti du studio après avoir enregistré la voix de François Morel, j’ai trouvé les personnages beaucoup plus inquiétants que je ne les avais imaginés. Je pense que je n’aurais pas ressenti cela avec un acteur jouant un pur salaud.
Quel a été votre plus grand plaisir ?
Tous les moments où on crée, et où il y a une réelle émulation artistique, quelle soit graphique, musicale, en studio avec les voix. Ces moments-là sont les plus jouissifs et les plus intenses.
Quels retours des spectateurs avez-vous déjà reçus ?
Les réactions ne sont pas les mêmes selon les régions où nous sommes allés en avant-première, mais les spectateurs sont, de façon assez générale, très émus et particulièrement touchés par la forme. Cette forme particulière nous a posé question jusqu’à la fin : est-ce que le public va adhérer à cette proposition ? Et c’est l’un des retours quasiment permanent que l’on a : la forme touche encore plus que le fond. On ne savait pas où on allait et on est tous très agréablement surpris du fait que le film plaise autant aux spectateurs.
Merci au Cinéma Utopia et au Festival Cinespaña d’avoir permis cette rencontre.
Pour plus d’informations sur Josep Bartoli et la Retirada, je vous conseille :
– le dossier de presse du film
– la page de Camille Renard sur France Culture, du 31 janvier 2019.
– l’article Josep Bartoli et le Mémorial de Rivesaltes : la Résistance par l’Art, écrit par Elrik Fabre-Maigné, sur Culture 31.
Le film Josep est disponible en DVD et en Blu-Ray édité par Blaq Out, et en vente sur le site d’ESC Editions et Distribution.
En bonus :
– Octobre Noir – court métrage réalisé par Aurel et Florence Corre, dont nous parlait Arnaud Clappier en début d’article. Il dure 12min19, l’animation est différente de celle de Josep, mais il est tout aussi précieux.
– L’entretien avec Aurel réalisé par la Fondation Gan (6min16)
– Hommage d’un dessinateur à un dessinateur (2min08)
– L’exil au présent : série photographique Une enfance dans les camps, Idoméni 2016, de Cyrille Bernon.
Aurel présente via une courte vidéo (2min12) comment le photographe Cyrille Bernon l’a abordé lors d’une avant-première de Josep, lui expliquant les ressemblances entre les dessins du film, et ce qu’il avait vu dans le camp en Grèce. Deux histoires distantes de 80 ans. Les photos montrent principalement des Syriens qui tentent de passer en Macédoine, qui vient de fermer sa frontière, pour gagner le nord de l’Europe. Le reportage dure 7min45, sur une musique de Sílvia Pérez Cruz.
En partenariat avec Blaq Out et ESC Editions et Distribution, nous sommes très heureux de pouvoir vous faire gagner des exemplaires du DVD de Josep.
Pour cela, envoyez un mail intitulé « Concours Josep » avant le 22 avril 23h59, à carine_trententeun@yahoo.fr, en mentionnant votre nom, votre prénom, votre adresse postale, ainsi que la réponse à la question : quel acteur est au casting de Josep d’Aurel et d’Adieu les cons d’Albert Dupontel ? Les gagnants recevront un mail les informant qu’ils ont gagné.
Bonne chance !