Retour sur un film présenté le 11 Septembre au Festival de Deauville et sélectionné pour le festival Cannes 2020.
Synopsis : « Neige, divorcée et mère de trois enfants, rend régulièrement visite à Emir, son grand père algérien qui vit désormais en maison de retraite parmi de pétillants pensionnaires. Elle adore et admire ce pilier de la famille, qui l’a élevée et surtout protégée de la toxicité de ses parents. Les rapports entre les nombreux membres de sa famille sont compliqués et les rancœurs nombreuses… Heureusement Neige peut compter sur le soutien et l’humour de François, son ex. La mort du grand père va déclencher une tempête familiale et une profonde crise identitaire chez Neige. Dès lors, elle va vouloir comprendre et connaitre son ADN ».
Une quête effrénée de son identité, de ses racines dont le dénouement lui permettra de louer son chagrin et de se libérer de l’emprise parentale.
Chronique familiale déjantée …
… sur fond de sujets sociaux et culturels, partagée entre origines et accidents de la vie, s’ajoutant de la complexité d’une composition familiale extravagante et excessive où chaque membre se confond dans la colère, l’exaspération, la taquinerie et le chagrin. Au centre de ce grand capharnaüm, un homme, usé, malade qui termine sa vie. Vient alors le temps de l’éprouvante et pénible étape de l’organisation des obsèques, du deuil et de la reconstruction. L’occasion parfaite pour les frères, sœurs, cousins, tantes, mères de se retrouver pour se soutenir tout en réglant des comptes. Dans un registre tragi-comique naturel et sincère, Maïwen montre toutes les étapes à suivre après ce genre de drame.
ADN a livré une bande annonce forte et émouvante : une histoire de famille à la recherche de ses origines. Un long métrage puissant grâce au mélange de tristesse et joie mais surtout à une improvisation maitrisée, dictée par Maïwen pendant le tournage.
Un casting à la Maïwen
La réalisatrice de Polisse et de Mon Roi est donc de retour sur les chemins de la réalisation et de l’acting, où elle donnera la réplique à une irréprochable Fanny Ardent névrosée en mère de famille, à un touchant Dylan Robert, en passant par la désinvolture cocasse et bienvenue de Louis Garrel. La cinéaste française s’appuie sur un casting très solide, dont elle en extrait les forces et les différences afin de servir son propos. Maïwen a intentionnellement laissé tourner la caméra pour « voler l’intimité » des acteurs. Un « vol consenti » qui donne l’impression d’une spontanéité et d’une sincérité étonnantes, en particulier dans les scènes de groupe. « Le scénario ne tenait que sur quarante pages, il fallait improviser tout le temps. Ici, on sort des canons de dramaturgie et ça donne un film très libre et très original » précise Louis Garrel pendant le festival de Deauville.
Un hommage aux grands parents qui nous sauvent !
« C’est un hymne à la parentalité des grands parents, à leur responsabilité et aux familles populaires » explique la réalisatrice en conférence de presse. Elle ajoute : « C’est un film sur les enfants d’immigrés, la quête identitaire, le deuil et sur comment renaître après la mort d’un proche ». Jusqu’à quel point notre famille et notre génétique nous définit ? Voici ce qui semble résumer la crise existentielle de Neige, le personnage principal : si ce n’est la génétique, qu’est ce qui me lie à mon grand-père, à ma famille, à mes origines ? s’interroge-t-elle ? Maïwen se concentre donc principalement sur les affres psychologiques du protagoniste principal, Neige, c’est-à-dire elle-même.
La question de la quête des origines et du deuil est loin d’être inédite au cinéma mais Maïwen a choisi un parti pris intimiste et personnel, dans un dispositif d’une étonnante simplicité pour une cinéaste de cette ampleur. Comme souvent dans son travail, le ton est donné dès le départ. On retrouve ce dynamisme inhérent à son cinéma : des dialogues qui fusent, de l’émotion qui vire du rire aux larmes en une seconde, de l’humour à foison …
Acclamé par le public à Deauville mi septembre, en avant première mondiale, le film sortira en salles le 28 Octobre 2020 et offre vraisemblablement de belles promesses. Un drame profond et sobre qui questionne le deuil et la quête des origines dans une France si cosmopolite.
Une œuvre pleine de vie et de vitalité !
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