Never Grow Hold, un film de Ivan Kavanagh
Voilà donc le premier film sorti en France (il en a fait 5 auparavant) de cet Irlandais. Il va vous couper le souffle.
Ivan Kavanagh nous immerge dans l’Oregon de 1849, avant la Guerre de Sécession, dans la petite ville de Garlow, sur la route de la Californie. C’est là que s’est installé, avec Audrey (Déborah François, impressionnante), sa femme française et ses deux enfants, Patrick Tate (Emile Hirsch, plus réservé, trop ?), réfugié politique et économique irlandais, charpentier et de ce fait croque-mort de la bourgade. Une bourgade sous l’emprise puissante d’un pasteur intransigeant. Tout irait pour le mieux dans ce petit monde de dévots sauf que voilà Garlow pénétrée par trois hommes sans foi et encore moins de loi. Le leader est un dénommé Dutch Albert (John Cusak fabuleux !!!), la figure même du Mal à l’état pur. Il va très vite transformer cette ville bigote en véritable Sodome et Gomorrhe au grand dam du pasteur et du shérif. Les morts vont s’accumuler comme les pièces d’argent dans la cagnotte du croque-mort qui se garde bien de juger des actions du vénéneux trio… Jusqu’à ce que l’un deux s’approche de trop près de sa femme. Le charpentier va se transformer alors en vengeur sanguinaire.
Sous le couvert d’un western crépusculaire se cache bien sûr une tragédie familiale. Tourné majoritairement en Irlande, dans le Connemara, en lumière naturelle, quasiment caravagesque, avec un évident souci historique des costumes et de l’habitat, ce film est un sommet de suspense, chaque plan comportant le sien, c’est dire. Violent, sans concession, il parle d’immigration, d’espoir, mais aussi de la famille et de la foi. Un film « crasseux », oppressant, intense, envoûtant et formidablement virtuose.