Ce sera le mercredi 13 mars à la Halle, 20h, dans le cadre du cycle Grands Interprètes. Le Chœur du Théâtre Bolchoï de Russie interprète a cappella des Chants liturgiques et des Chants populaires russes sous la direction de Valery Borisov, leur chef depuis 2003. Rachmaninov, Tchaïkovski, Sviridov et autres sont au programme.
À tous tant que nous sommes,
Du postillon jusqu’au plus grand poète,
Nos chants sont nostalgiques… Alexandre Pouchkine (1799-1837)
L’histoire de la musique d’un pays est inséparable de l’histoire de sa culture et, par conséquent, de son Histoire tout court. Impossible ici, ne serait-ce même que résumer, cette Histoire mais, quelques mots pour situer un peu les chants qui vont suivre. Plus précisément, sur leurs fondations. Pas de Russes à l’origine en Russie ! mais un immense territoire qui subit des invasions dans un sens, dans l’autre, des peuples asservis, un peuple slave qui, grâce à un prince, Riourik de la tribu des Ruotsi ! donnera le nom de Russie à la principauté de Kiev. Plus tard, un autre prince, Vladimir, convertira, en 989 ? les Russes au christianisme orthodoxe. La Russie se place ainsi sous la tutelle spirituelle de Bysance qui a donné l’éveil au sens esthétique des Slaves guidant leur premier pas aussi bien en peinture qu’en musique.
Côté musique, on sait que l’organe crée la fonction. De ce fait, les instruments primitifs avec son ancêtre, le gousli, n’ayant que de faibles ressources sonores et surtout mélodiques, la prépondérance ne peut que se retrouver dans la musique vocale, donc dramatique, et basée sur des gammes forcément réduites. On imagine avec difficultés la pauvreté de l’orchestre primitif, composé à peu près exclusivement d’instruments dits accompagnateurs ou bruiteurs ! ce qui en contrepartie renforce la musique vocale.
C’est donc Bysance qui va transmettre aux Slaves toute sa liturgie, mais là cela devient plus complexe pour analyser toutes les sources des chants d’Eglise. Et les bases des chants populaires diffèrent en plus de celles des chants d’Eglise. On pourrait seulement s’attarder sur les types de voix, au nombre de huit, se distinguant par leur couleur musicale. De plus, les invasions n’ont pas encore eu lieu laissant les influences nordiques mais aussi orientales séduire l’oreille russe, sans parler de l’importance des liens avec les contrées d’Italie du Nord. Il faudra hélas qu’un évêque fasse une mauvaise interprétation d’un songe pour qu’il décrète que la pratique et l’audition de toute musique soit interdite aux vrais croyants, avec l’assentiment de tout le clergé. Le fil de l’histoire est ainsi rompu. Mais les vestiges seront tellement importants, tellement fertiles en enseignements qu’une fois redécouverts, ils ont pu former une nouvelle élite. À ce sujet, Glinka au XIXè se qualifiera de “véritable arrangeur au service du peuple,“ attestant l’importance du folklore.
Quant aux chants populaires, ils sont d’une ligne mélodique fort simple, et ne connaissent d’ailleurs ni majeur, ni mineur, ni tonique, ni dominante, ni aucune discipline dans le domaine du rythme qui reste libre, instinctif, avec son authentique pulsation. Mais le slave est spontané, exubérant, et se doit d’extérioriser ce qu’il éprouve, et donc il chante, il chante beaucoup. Pour illustrer le propos, signalons simplement une curieuse manifestation ayant lieu au cours des noces villageoises, qui se caractérisait par un cérémonial très complexe faisant appel à 21 numéros de musique chantée précédant la bénédiction nuptiale !! On chante, on danse beaucoup, la promise se lamente, beaucoup, car elle va perdre sa liberté et s’éloigner de ses parents……Et on n’oublie pas les carillons accompagnant le tout. Des noces qui durent plus de huit jours, huit jours de danses et de chants et surtout de complaintes pour la promise et mariée ensuite. Tous les événements de la vie paysanne amènent à des chants et des danses. On parle aussi de “calendrier agraire des chansons“, mais aussi d’un peuple qui, bien que converti, a encore de beaux restes d’un mysticisme païen très puissant, attaché à son calendrier de fêtes païennes.
Mais avant de le vouer aux gémonies, le clergé voulut utiliser le goût du chant comme un véritable instrument de propagande et, à des airs non-religieux, adapta de pieuses paroles. Ainsi se constitua un vaste répertoire de chants dits “religieux ou moraux » d’une extraordinaire richesse musicale. Puis, l’histoire de cette incommensurable richesse du folklore russe, de ses chants populaires, peut se continuer……
Chants liturgiques
Sergei Rachmaninov ( Novgorod 1873 – Beverly Hills 1943)
Vêpres opus 37 (extraits)
N°1 – Ô venez, adorons Dieu et notre Roi
N°6 – Réjouis-toi, ô Vierge
N°9 – Tu es béni, ô Seigneur
(Biographie)
Piotr Ilyich Tchaïkovsky (1840-1893)
Liturgie de Saint-Jean Chrysostome opus 40 (extraits)
N°9 – La grâce de la paix (avec ténor soliste)
N°10 – Nous te chantons
N°11 – Il est digne de te louer
(Biographie)
Alexander Arkhangelsky (1846-1924)
Compositeur russe de musique d’église et chef d’orchestre, Arkhangelsky a largement contribué au chant choral et au chant d’église russes en commençant par de simples arrangements de chants d’église dont notamment le cycle complet des hymnes pour toute l’année. Plus tard, il enrichit le style « St. Pétersbourg » de musique d’église par des compositions libres plus complexes, dont beaucoup sont calquées sur la polyphonie traditionnelle de l’Europe occidentale. Parmi ses œuvres nous comptons plus de 300 compositions et arrangements de chants sacrés d’église, dont beaucoup sont publiées sous la forme de cycles liturgiques complets. Arkhangelsky a également composé un certain nombre de chœurs laïques à cappella et des arrangements de chansons folkloriques russes
Béni soit celui qui se soucie du pauvre et du nécessiteux,
concert pour chœur avec ténor opus 79
Alexander Gretchaninov (1864 à Moscou – janvier 1956 aux Etats-Unis)
D’une fécondité prodigieuse, puisque plus de 170 numéros d’opus à son catalogue. Des partitions toujours très chargées en tendresse, simplicité, une musique sage, mélodieuse, d’inspiration volontiers folklorique, et au bilan, peu jouée.
Liturgie de Saint-Jean Chrysostome opus 29 (extrait)
N°2 – La sainte Vierge
Pavel Tchesnokov (1877-1944)
C’est un musicien prodige : compositeur, chef de chœur et professeur de musique russe. Il est l’auteur de plus de cinq cents œuvres chorales, dont plus de quatre cents œuvres de musique sacrée. Il travaillera tout jeune avec Tchaïkovski.
Hymnes pour les fêtes du Seigneur et de la Vierge (extraits)
N°10 – L’Ange qui crie, concert pour chœur avec soprano solo
Six pièces pour chœur mixte opus 40 (extrait)
Dieu avec nous, concert pour chœur avec ténor
Gueorgy Sviridov (1915-1998)
Compositeur parmi les plus célèbres et les plus appréciés en Russie, salué comme le plus important compositeur de musique chorale du XXe siècle, Georgy Sviridov apprend à jouer de son premier instrument à l’école primaire : la balalaïka, instrument dit primitif, venant après, gousli, cymbalum, domra et autres . Il part ensuite pour Leningrad en 1932, où il étudie le piano à l’Académie centrale de musique et en sort diplômé en 1936. Entre 1936 et 1941, il étudie au Conservatoire de Leningrad, avec pour professeurs P.B. Riazanov et un certain Dmitri Chostakovitch.
Sa première composition date de 1935, un cycle de romances lyriques basé sur des poèmes d’Alexandre Pouchkine. Son style musical évolue profondément au fil des années. Si ses premières œuvres s’inscrivent dans la lignée des compositeurs romantiques allemands, il s’efforce par la suite de composer une musique au caractère plus spécifiquement russe. Sa musique est extrêmement appréciée en Russie, notamment en raison de la simplicité et du lyrisme de ses mélodies, aux couleurs nationales, et ce dès les années 1940. La musique qu’il compose pour le film Temps, en avant ! est choisie comme générique du journal télévisé, ce qui le rendit familier à des centaines de millions de citoyens d’Union soviétique.
Georgy Sviridov a composé des symphonies, concertos et oratorios, de la musique de chambre ainsi que pour le théâtre et le cinéma, mais il reste avant tout reconnu pour sa musique chorale. Il s’inspire de la littérature classique, de contes populaires russes et de poésie, russe comme étrangère. Cependant, comme la plupart de sa vie a été vécue sous le communisme, il n’a pas écrit ouvertement de musique sacrée. La plupart de ses œuvres sacrées – sur une variété de textes liturgiques et non liturgiques – n’ont été révélées qu’après la chute du communisme. Un régime auquel il a préféré se plier, ce qui lui vaudra moult récompenses et citations.
Trois chœurs pour la tragédie de Féodor Ivanovitch Tolstoi :
« Le Tsar Fedor Ivanovich »
N°1 Prière : Ave Maria (avec mezzo-soprano soliste)
N°2 Amour sacré (avec soprano soliste)
N°3 Chant de repentance
Extrait des Chants & prières (1987-1997)
N°13 Roi de gloire
N°14 Nativité mystérieuse
Il se considérait comme faisant partie du continuum millénaire de la culture russe, ce qui lui donnait toute sa résonance dans le monumental cycle choral Hymns and Prayers, écrit de 1987 à 1997; il l’a achevée seulement quelques semaines avant sa mort. Extraordinairement beaux et profondément émouvants, Hymns and Prayers est peut-être la composition chorale la plus importante de Russie depuis les liturgies de Tchaïkovski et de Rachmaninov.
Chansons populaires russes
Il est reconnu l’incommensurable richesse du folklore russe, de ses chants populaires, qui n’ont point d’égaux autour du monde.
Chtchedryk (arrgt. Nikolai Leontovitch), « sonnent les cloches » en français, chant traditionnel à l’origine chant de Noël ukrainien. Ce chant est connu de ceux qui ont vu le film Maman, j’ai raté l’avion !
Quand le brouillard s’est levé…, chanson de soldat (arrgt. Alexander Sokolov) – (avec basse soliste)
Konstantin Sidorovitch
La clochette, romance (Ivan Makarov)/arrgt. Alexandre Svechnikov (avec ténor soliste)
Sur la petite colline, sur la montagne, chanson dansée (arrgt. Oleg Kolovsky)
Vsevolod Buyukli
Le pont, romance (Alexey Budistchev)/(arrgt. Alexei Fliarkovsky)-(avec mezzo-soprano soliste)
Veniki (les genêts), chanson dansée du folklore russe (arrgt. Feodosy Rubstov)
La légende des douze brigands (arrgt. Sergei Jarov)-(avec basse soliste)
La barynia, chanson dansée (arrgt. Anatoly Novikov)
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Billetterie en Ligne des Grands Interprètes
Les Grands Interprètes
Chœur du Théâtre Bolchoï de Russie • Valery Borisov (chef de choeur)
Halle aux Grains • mercredi 13 mars 2019 à 20h00