«La Fille de Brest» d’ Emmanuelle Bercot
Un genre que l’on pensait l’apanage des USA fait une entrée fracassante dans le paysage du 7ème art français : le thriller-docu-fiction.
Emmanuelle Bercot se passionne pour le livre d’Irène Frachon dans lequel cette dernière retrace son long combat pour faire interdire de prescription le Mediator, l’un des médicaments les plus rentables de l’usine Servier. Au départ destiné aux diabétiques, puis finalement prescrit comme coupe-faim pour les obèses, ce médicament avait en fait de graves répercussions cardiaques. Les morts se comptent par centaines.
Pneumologue au CHU de Brest, Irène Frachon commence à avoir des doutes sur cette molécule et finit par convaincre son patron de mener une enquête. Avec la complicité plus que risquée d’un employé de la CNAM, l’étendue du désastre est découvert. Mais auparavant, Irène Frachon aura dû batailler dur pour se faire entendre car l’usine Servier a le bras long, tout comme l’ensemble des labos pharmaceutiques de la planète. Il n’est peut-être pas inutile de rappeler ici que, alors que des rumeurs commencent à gronder sur le scandale du Mediator, Nicolas Sarkozy décore le Président Jacques Servier de la Grand-Croix de la Légion d’honneur. Excusez du peu ! Mais Irène n’a cure de tout cela et avec l’aide d’un petit éditeur breton et d’une journaliste parisienne, elle parvient à faire éclater l’affaire au grand jour.
A la grande consternation du labo en question mais aussi, et peut-être surtout, des multiples organismes de contrôle de ce secteur, un peu gênés aux entournures… Monté comme un véritable thriller, même si l’on connaît le dénouement, le dernier opus de la réalisatrice de La Tête haute est une charge parfaitement documentée sur les errements d’un métier dans lequel le coût de la recherche sert, parfois, de bouc émissaire à des visées un rien plus sordides. Il fallait une vraie pointure pour incarner la fougueuse Irène. Sur les conseils de Catherine Deneuve, Emmanuelle Bercot s’adresse à l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen. Et c’est une formidable réussite. Même si elle ne tient pas l’intégralité du film sur ses épaules, force est de reconnaître que c’est elle qui lui donne toute sa puissance de feu.
L’affaire du Mediator est toujours en cours. Sauf pour Jacques Servier, mort en 2014.
Robert Pénavayre
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Sidse Babett Knudsen – Une sirène au regard de feu
Révélée en France en 2015 dans L’Hermine, cette fille du nordique Danemark passe son enfance en… Afrique ! En 1986, Sidse débarque à Paris, elle a 18 ans, car elle a un rêve : devenir comédienne. Elle achèvera ses études en la matière à New York et finira par réintégrer sa mère patrie où elle entame, à 24 ans, une vraie carrière. C’est une série tv qui va lui ouvrir les portes de la consécration en même temps qu’elle lui offre le personnage de la Première ministre danoise. A partir de là, tout s’accélère. Sidse étant parfaitement trilingue, dont le Français, le cinéma hexagonal lui propose de donner la réplique à Fabrice Lucchini. Au passage cela lui vaut le César de la meilleure actrice dans un second rôle. Hollywood lui fait aujourd’hui les yeux doux et la distribue aux côtés de l’un des acteurs les plus bankable du moment : Tom Hanks. Un genre de reconnaisance, non ?