Après Teatro d’amore qui a pu enchanter le public de la Halle aux Grains à Toulouse, suivi de Via Crucis, Christina Pluhar nous a concocté avec son ensemble L’Arpeggiata et quelques invités, un nouveau projet dit “mixte“, très coloré, consacré à des musiques traditionnelles et baroques d’Amérique du Sud. Autour de thèmes latino-américains, elle nous entraîne dans des rythmes tantôt langoureux, chaloupés, tantôt vifs, piquants, toujours délicatement sensuels.
Les arpa llanera, cuatro, bandolin, charango, jarana et autres requinto sud-américains, variétés d’instruments à cordes pincées tels que nous les connaissons aujourd’hui sont les descendants directs d’instruments importés d’Espagne et du Portugal avec la colonisation. Et quitte à découvrir le charango, mieux vaut le faire ici avec Raul Orellana qu’avec le dernier Cd de …Yannick Noah !!
Tout de suite, on se doit de saluer la qualité de l’enregistrement lui-même. TOUT s’entend. Preuve en est, comme ces petits coquillages que l’on semble frotter les uns contre les autres dans le tout début de Los Pajaros perdidos chanté par …Philippe Jaroussky dont la voix semble indissociable de tout ce qui l’entoure. Le premier air du CD, c’est pour lui, une berceuse Duerme negrito, un véritable petit bijou. Invité vedette ? Ce serait faire passer au second plan, la “santé vocale“ d’une Luciana Mancini dans des Venezuelan folk songs, ou encore la raucité de la voix de Lucilla Galeazzi. Autre surprise avec le timbre surprenant de voix de Vincenzo Capezzuto dans une Zamba ou un Joropo oriental, proche du Fandango. Sachez que l’artiste est, avant d’être chanteur, un remarquable danseur. Quant au fameux bolero Besame mucho, c’est la soprano Raquel Andueza qui vous y entraîne.
On en prend la mauvaise habitude, et on risque alors d’oublier de signaler que les membres de L’Arpeggiata prouvent une fois de plus, que c’est bien un ensemble de musiciens d’exception.
Quito Gato est là avec différentes variétés de guitare et Lincoln Almada à la arpa llanera, et Mario Hurtado Rodriguez aux maracas et Raul Orellana au charango, maracas, violon baroque.
Après Zamba, Joropo, Polo, Fandango, Bolero et autres rythmes, ce sera en boucle pour quelques temps sur votre platine.
Ce qui ne peut que se rajouter au plaisir de l’écoute, la pochette de ce livre-CD est magnifique, et le contenu très instructif.
Michel Grialou