Michèle Lesbre publie Rendez-vous à Parme chez Sabine Wespieser. Un voyage poétique sur les traces de Stendhal.
Laure vient de perdre un ami cher, Léo. Avec lui, elle aimait parler de littérature, de théâtre. Les mots étaient le ciment de leur relation. Aussi, rien d’étonnant que Léo lui lègue six cartons. Des livres, bien évidemment. Ceux qu’ils ont lus ensemble, ceux pour lesquels ils ont eu des échanges enflammés et de grands moments de complicité. Et puis il y a La Chartreuse de Parme. Ce livre, ils n’en ont jamais parlé. Et pourtant Léo l’a glissé dans le seul carton portant cette précision « Voilà les livres dont je me souviendrai au paradis. » Laure se questionne. Stendhal a, de toute évidence, beaucoup compté pour son ami. Cet ami qui, avec ce legs, lui rappelle sa propre tendresse pour La Chartreuse de Parme. Un souvenir qui vient de loin, de l’enfance. Laure passe les vacances chez sa grand-mère. Il fait chaud, il y a la plage, les vagues, et un jour un homme approche. Il pourrait être son père. Il lui demande la permission de lui lire La Chartreuse de Parme. Cet homme est tendre, triste, il a perdu une fille. Leur rencontre, ce sera son premier secret. Elle ne dira rien à personne, pas même à Léo.
Lorsque Laure retombe sur le roman de cet été là, elle ne sait pas si elle doit croire à une coïncidence ou à une invitation. Celle faite il y très longtemps « quand vous serez plus grande, vous irez à Parme, il faut lire ce roman de Stendhal à Parme. »
Le refuge des souvenirs
Laure fait ses bagages et part pour l’Italie, laissant derrière elle un homme avec qui elle entretient une relation fragile. Arrivée à destination ce sont les souvenirs qui se bousculent. Ceux avec Léo, passionné de théâtre. Et ceux avec Emile Barroux, l’homme qui a perdu sa petite fille. S’entremêlent dès lors divers décors, divers âges et une palette de sentiments confus. Laure se laisse porter par ce voyage, elle découvre et se découvre. Elle est prête à ouvrir des portes. Alors elle invite son amant, Jean, à la rejoindre. Un autre voyage, une autre histoire à écrire.
Michèle Lesbre offre un texte lyrique, poétique. Un texte qui fait s’évader et humer les embruns de l’Italie. C’est aussi une ode au théâtre, on y croise Chéreau, Koltès, Artaud ou encore Jouvet. On pénètre dans l’intimité des livres à commencer par La Chartreuse de Parme. Et par effet de mimétisme on entre surtout dans l’intimité de l’écriture de Michèle Lesbre qui montre la force des mots, la vigueur du verbe et le pouvoir ultime d’un livre qui est une invitation au voyage.
Michèle Lesbre, Rendez-vous à Parme, Sabine Wespieser, 120 p.
Photo : Michele Lesbre ©Philippe Matsas