« Noé », un film de Daren Aronofsky
Il n’est rien de dire combien ce film fait aujourd’hui polémique dans les milieux plus ou moins intégristes des trois religions monothéistes de notre planète. Daren Aronofsky, réalisateur du sulfureux Black Swan touche ici, écorne aussi, Noé, l’un des personnages clés de ces trois courants religieux. Les Hommes ayant basculé vers le Mal, Dieu décide de les supprimer et de ne garder sur Terre que la flore et la faune du jardin d’Eden avant l’histoire de la pomme. Il demande donc à Noé… Vous connaissez la suite. Daren Aronofsky fait de Noé et des siens, sa femme et ses trois garçons, une famille de gentils végétariens retirés du monde. Sa mission bien comprise, Noé et des géants de pierre (?) bâtissent la fameuse arche. Mais le roi local et son peuple veulent y monter dedans. Les ordres du Très Haut sont formels : plus aucun homme sur Terre.
Noé et sa descendance disparaîtront leur moment venu dans la poussière. Ce qui va poser un problème car Noé a recueilli au passage une jeune fille dont l’un de ses fils est plus que tombé amoureux. Résultat, au beau milieu de la tempête divine, elle accouche de deux petites filles que Noé se croit dans l’obligation de supprimer. Et c’est un peu là que le film fait polémique en cela qu’il nous dépeint un personnage violent, sectaire, étranger à l’amour, une sorte d’extrémiste dominé par un fanatisme que bien sûr les Saintes Ecritures n’évoquent nullement. Sous la pression de plusieurs lobbies, ce film a eu du mal à se construire définitivement, la Paramount cherchant à contenter tout le monde afin de le diffuser dans un maximum de pays. Le résultat est un faux blockbuster, bourré de stars (Russell Crowe, Jennifer Connelly, Emma Watson, Anthony Hopkins), à prétention philosophique, dans lequel, et c’est un comble, ne transpire pas la moindre émotion.
Robert Pénavayre