Une réussite. Relisez tout d’abord l’article de présentation intitulé Bach Attitudes de Jérôme Gac. Et ne réfléchissez pas de trop. Vous devez voir ce spectacle si vous aimez la danse, à savoir, le corps en mouvement, quel qu’il soit. Fraîcheur, distinction, c’est beau, surprenant, déconcertant, émouvant. Pas de prise de tête, ni de message subliminal ou bien pesant, de la danse, point.
Vous pardonnerez la rédaction faite dans l’urgence !!
Les trois pièces sont bien différentes et, à la fin, on se dit qu’elles vont si bien ensemble. En toile de fond, Jean-Sébastien Bach, qui l’eut cru ! avec des musiciens en live : le violoncelliste Christophe Coin qui dirige aussi l’Orchestre de Chambre de Toulouse, et la pianiste Eloise Urbain. Et Kader Belarbi connaît bien ses danseurs et sait aussi les choisir et leur attribuer le rôle qui va leur convenir le mieux.
Je pense surtout à la première œuvre, Bach Suites III, quant au choix des 2 filles comme des 2 garçons, quatuor qui remplace à la création le rôle unique tenu alors par Rudolf Noureev, 1984, et repris en 2002 par…Kader Belarbi !. Décors et costumes et lumières en toute simplicité mais créant l’atmosphère parfaite pour l’expression des corps. On est à Chantilly dans le boudoir La Grande Singerie, avec un peu d’imagination !! Pour suivre, les danseurs sont magnifiques d’ensemble et de légèreté. Observez les épaules, les coudes, les poignets, c’est Le Maître à danser du sieur Pierre Rameau, celui qui enseigne la manière de faire tous les différents pas de danse dans toute leur régularité de l’art, et de conduire les bras à chaque pas…Oh ! la danse n’est pas spectaculaire, c’est de la « belle dance », oui danse avec un c !! un art aristocratique. C’est « beau » car « c’est fin, élégant, conforme aux usages et aux pratiques d’une classe sociale bien déterminée : la noblesse. » Et les pieds ! les pointes des pieds orientées vers l’extérieur suivant cinq positions, avec cinq positions de bras correspondantes ! poignets cassés, ou pas cassés…
Même compliment pour Groosland (1989) de Maguy Marin: sidérant et tellement émouvant et juste avec ces corps rebondissants lourds et légers à la fois. Car, oui, les acteurs peuvent se mouvoir et danser avec légèreté et élégance même si leur corps ne correspond pas à tous les canons des danseurs classiques de maintenant. Une pièce qui devient hors du temps, avec toujours le même succès à la clé, peut-être, comme le dit sa créatrice – et je pense, sûrement – parce qu’elle rend les gens joyeux. On peut supposer que la troupe a dû attraper plus d’un fou rire lors des répétitions quand il a fallu s’intéresser aux “répèt“ en costumes. Mention toute spéciale à Montserrat Casanova, leur créatrice ! De vrais tableaux animés de Botero, mais hors de question de vous en dire plus. Le résultat est enthousiasmant : ils sont danseurs et…comédiens. L’arrivée des déménageurs : grand moment ! et de ces dames, itou.
Entre les deux, A million kisses to my skin, pièce créée en 2000 du chorégraphe David Dawson qui signe aussi la mise en scène et les décors. Œuvre entreprise au moment où il s’apprête à quitter le Ballet National de Hollande, elle est sensée évoquer le sentiment de bonheur complet que le danseur éprouve parfois dans son travail. C’est parfaitement réussi. Sur scène, les danseurs sont en constante évolution suivant une véritable et dense partition écrite du mouvement. Pas une seule seconde de perdue. Des prises de risques au milieu d’un feu d’artifices. Les danseurs de notre ballet du Capitole ne peuvent que susciter enthousiasme et admiration. Le talent d’abord, le travail ensuite, cela paie.
Il vous reste samedi soir et apm du samedi et dimanche.
Michel Grialou
photos © David Herrero
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