« Gravity », un film d’Alfonso Cuaron
Avec « Les fils de l’Homme », en 2006, ce réalisateur nous proposait une réflexion fulgurante sur les dérives de l’immigration. C’est peu de dire combien nous attendions son dernier film. Déçu, ou pas ? Un peu les deux. Techniquement, c’est un vrai chef d’œuvre conjuguant avec une virtuosité sidérante infographie et animation. Les images sont à couper le souffle. Puis nous attendons la suite, le fond, la réflexion justement. Et Dieu sait si en pareilles circonstances, il y avait de quoi creuser un sillon profond. Non, ce ne sera pas le cas. Petit à petit nous nous éloignons de ce qui aurait pu constituer un miroir actuel au génial « 2001, odyssée de l’espace » et nous voilà plutôt sur un remake d’ « Apollo 13 » (Ron Howard, 1995). Pourquoi pas. Le pitch nous parle d’une sortie dans l’espace, aujourd’hui c’est courant, qui tourne mal. Ryan (Sandra Bullock) en est à sa première et est accompagnée par Matt (George Clooney), un vétéran en la matière. Une pluie de débris va les déconnecter physiquement de leur station et les voilà dérivant dans l’espace, consommant de l’oxygène à une allure dramatique. Au bout d’un quart d’heure, Matt va se sacrifier et se transformer en étoile filante pour laisser à la belle Ryan une chance de se sauver. Et pour une débutante, elle ne s’en sort pas mal. D’autant que Ryan est encore sous le choc de la perte d ‘un enfant et ne croit plus en rien. Sur le thème donc de la reconstruction et de la renaissance d’une femme, Alfonso Cuaron navigue à l’aveugle entre les stations spatiales plus ou moins abandonnées. Ni SF, ni anticipation, ni réflexion philosophique, mais une péripétie astronautique dont on se doute bien de la grande probabilité de survenance. N’est pas Stanley Kubrick qui veut et le vide spatial a tôt fait d’engloutir les téméraires.
Robert Pénavayre