Les Rêveurs, un film d’Isabelle Carré
Publié en 2018, « Les Rêveurs » d’Isabelle Carré est en fait une autobiographie sensiblement romancée. L’actrice de cinéma multi-récompensée, dont le Prix Romy Schneider en 1998, nous livrait alors sa jeunesse tourmentée aux côtés d’un frère aîné, musicien dans l’âme, une mère un brin décalée et un père qui n’arrivait pas à faire son coming out.

Judith Chemla et Tessa Dumont-Janod – Crédit : Christine Tamalet
A peine adolescente, un première expérience amoureuse est un vrai fiasco. Elizabeth (c’est le prénom d’Isabelle dans cette fiction) commence à se renfermer sur elle-même. Personne n’y comprend rien. Le mal empire et se termine par la mise à sac de l’armoire à pharmacie parentale. Sauvée tout de même, elle est alors internée en pédopsychiatrie à l’Hôpital Necker de Paris. Elle a 14 ans. C’est là qu’elle va trouver sa vocation de comédienne. De nombreux flashbacks nous montrent Elizabeth adulte intervenant auprès des enfants hospitalisés à Necker dans le service de psychiatrie. Ce sont ces interventions qui lui rappellent douloureusement les moments qu’elle a vécus ici même. Si Isabelle Carré réalisatrice s’est également distribuée, pour ce premier long, dans le rôle d’Elizabeth adulte, la majorité du film est consacrée à filmer un groupe d’enfants internés, l’absorption permanente d’une véritable camisole chimique qui leur est imposée, leurs moments d’échanges, d’amitié, de révolte aussi, de complicité surtout car c’est dans ce partage d’une situation incroyable que la douleur peut se transformer en élan de vie et de créativité. Judith Chemla, Pablo Pauly, Alex Lutz, Bernard Campan, Vincent Dedienne font des apparitions remarquées, mais l’on retiendra avant tout celle, d’une puissance émotionnelle dévastatrice, de Nicole Garcia en professeur de théâtre. Le talent, quand même… Toute l’équipe des jeunes acteurs tire son épingle de ce jeu dangereux, notamment Tessa Dumont-Janod (Elizabeth ado) et, surtout, la volcanique Mélissa Boros.
Le générique final met en exergue la désolante situation actuelle des services de pédopsychiatrie en France. Et ce n’est plus une fiction !!

