CRITIQUE. CONCERT. Toulouse. Halle-aux-Grains, le 6 novembre 2025. S. RACHMANINOV : Cto. Piano n°2 : G. HOLST : Les planètes. Roman Borisnov, piano. Orchestre du Capitole. Ryan Bancroft, direction.
Concert sauvé magnifiquement
Les astres hostiles nous ont privés de Tarmo Peltokoski et de Yuja Wang tous deux souffrants. Heureusement un tout jeune pianiste de 23 ans, Roman Borisnov et un chef bien connu des Toulousains, Ryan Bancroft ont sauvé le concert. Moyennant un petit changement de concerto. Nous avons eu le célébrissime 2 ième concerto de Rachmaninov en place du terriblement révolutionnaire 2 iéme concerto de Prokofiev.

Le pianiste russe sait doser à la perfection les nuances et débute le concerto sur un crescendo magnifiquement réalisé. Ryan Bancroft répond de la même veine avec une direction souple et ample. Nous aurons donc une version opulente et généreuse de ce concerto. C’est de la si agréable musique jouée ce soir avec grande ampleur et total confort. La virtuosité ne fait pas peur au jeune Borisnov qui a des moyens exceptionnels. La direction à main nue de Ryan Bancroft permet aux instrumentistes de chanter et la largeur des phrasés est très belle. Le deuxième mouvement gagne une dimension plus chambriste et les musiciens de l’orchestre du Capitole font des merveilles, félicitons le cor solo, le hautbois et la flûte sans oublier la clarinette et bien sûr le violoncelle. Le final met en lumière les cuivres graves terriblement beaux.
Et toujours cette direction ample et chantante qui fait des merveilles. L’ovation du public permet au jeune pianiste d’offrir un bis aussi facétieux que virtuose. Il s’agit d’une belle découverte et d’un artiste à suivre : Roman Borisnov, car il semble avoir déjà à 23 ans une très belle maturité.

Pour la deuxième partie du concert l’orchestre s’étoffe considérablement pour les Planètes de Gustave Holst. Cette suite orchestrale est une merveille d’originalité et de possibilités orchestrales. Chaque pupitre a son moment de gloire. C’est sous une direction toujours vaste et généreuse de Ryan Bancroft que l’orchestre du Capitole va magnifier la partition. Les cuivres sont superlatifs dans Mars. Puis la magie des flûtes, des harpes et du Célesta fait rêver à cette paix tant désirée. Le scherzo bondissant de Mercure est superbement dirigé par Ryan Bancroft qui trouve une légèreté et un esprit délicat dans sa main. La fête musicale de Jupiter met en valeur les violons, les timbales et le brillant des cuivres. C’est vraiment euphorisant ! Assurément le chef et l’orchestre trouvent une entente parfaite. Dans Saturne c’est l’étrangeté qui s’invite, la direction du chef, comme en apesanteur, fait des merveilles et l’orchestre semble partir vers l’infini du temps et de l’espace. L’effet sur le public est incroyable. Saturne va nous réveiller puis l’humour mis dans la direction par Rayan Bancroft va permettre aux instrumentistes de briller par une virtuosité totalement maîtrisée et dont tous semblent beaucoup s’amuser. Le final avec Neptune va porter le public au sommet de sa ferveur en des applaudissements nourris. Le chœur de femmes Letonien, Latvija, a magnifiquement chanté sa partie sublime de mystère.

Un vrai beau concert qui a eu un succès retentissant et a fait bien des heureux en deux soirées.
Photos: Romain Alcaraz
Hubert Stoecklin
