Il y a eu Gainsbourg, Kravitz, – M – et Biolay. Pour son nouvel album, « Le retour des beaux jours », qui sort le 10 octobre, Vanessa Paradis a fait appel à Etienne Daho, gage de sophistication pop. Elle marque ainsi un retour en force – et en forme – sur le plan musical avant une tournée très attendue qui fera étape au Zénith de Toulouse le 9 mai 2026.

Vanessa Paradis. Photo Karim Sadli
Vanessa Paradis sait cultiver une certaine rareté. Ces dernières années, elle a privilégié sa carrière cinématographique, et pas forcément pour le meilleur, ses choix s’avérant décevants, artistiquement et commercialement. Heureusement, il y a eu le théâtre avec « Maman », rôle en or offert par son mari Samuel Benchetrit en 2021. Mari qui avait eu la main moins heureuse en 2018 en participant activement à l’album « Les sources » de sa chère épouse, qui ne fut pas vraiment un succès. Pour se relancer musicalement, l’artiste a choisi un partenaire de poids, Etienne Daho, maître des élégances en matière de pop à la française. Un accord parfait dont on avait pu percevoir les prémices avec « Tirer la nuit sur les étoiles », formidable duo prolongé sur scène, de manière hollywoodienne, via un grand écran, lors de la tournée de l’auteur de « Week-end à Rome », fin 2023.
« L’intensité des sentiments »
Après Jane Birkin et son magnifique ultime album « Oh ! pardon tu dormais » en 2020, Etienne Daho s’est à nouveau associé à son ami le claviériste Jean-Louis Piérot pour écrire, composer et réaliser l’essentiel du 8e album de Vanessa Paradis. Il y est d’emblée question d’amour, thème récurrent que l’on peut facilement associer à la vie sentimentale tourmentée de la chanteuse et comédienne. Elle y évoque « ce cœur ardent qui m’attend depuis longtemps » et « l’intensité des sentiments » (dans l’inaugural « Cœur ardent ») ; avoue avoir « recherché (son) idéal un peu partout » (« Rendez-vous ») ; détaille, en anglais, les complications du cœur, cet amour « qui peut te faire briller ou pleurer » (« Make you mine », écrit et composé par l’intéressée) ; se souvient de « la chaleur de tes baisers », de ces passions qui brûlent comme des « danses autour d’un volcan » (« Les épines du cœur »).
Cette voix tendre qui nous trouble tant
Bien sûr, il ne faut pas chercher absolument des éléments autobiographiques dans ces confessions, le dévoilement de l’intimité – réelle ou imaginaire – d’un artiste ne se justifiant que s’il trouve un écho dans ce que tout un chacun peut ressentir. Mais Vanessa Paradis sait merveilleusement faire passer le message, de sa voix tendre, troublante et si proche, très bien mise en avant dans la réalisation de l’album. « Le retour des beaux jours », et c’est son premier mérite, nous rappelle à quel point la chanteuse est l’une de nos plus grandes interprètes.
Musicalement, le tandem Daho-Piérot fait feu de tout bois pour convaincre que la miss Paradis (aujourd’hui âgée de 52 ans) est capable de s’adapter à tous les registres – voire de les transcender. C’est l’atout – commercial – de cet album se voulant ample et brillant, ce qu’il est le plus souvent, jusque dans ses intros et ses finales sophistiqués. C’est aussi sa limite – artistique – avec une poignée de titres où l’hommage frôle le pastiche (les années soixante façon Phil Spector sur « Rendez-vous », les années soixante-dix version romance avec « Un amour de jeunesse » ou la période disco, genre trop souvent revisité ces derniers temps, avec « Les épines du cœur »).
Superbes ballades
Pour autant, de nombreux titres emportent immédiatement l’adhésion : l’introductif « Cœur ardent », qui n’est pas sans rappeler le magistral « Des heures hindoues » de Daho ; « Eléments », ballade atmosphérique à la tonalité jazzy (texte de Vanessa Paradis, musique de son fils Jack Depp); « Elégie », autre ballade qu’on pourrait situer entre le Lennon d’« Imagine » et la Françoise Hardy de « Message personnel » ou encore, en conclusion, « I’m alive », seconde chanson en anglais (écrite par Lily-Rose Depp et composée par sa mère) qui ose la grande variété américaine, celle de Burt Bacharach – une des admirations de Daho – avec envolées lyriques et violons délicats. Sur des mots de sa fille, Vanessa Paradis semble y faire là encore le bilan de sa vie : « J’ai pleuré, j’ai beaucoup rêvé. J’essaye d’être forte. Je me sens libre comme un merle… » – chanteur, il va de soi.
Album « Le retour des beaux jours » (Barclay/Universal, sortie vendredi 10 octobre).
Vanessa Paradis en concert au Zénith de Toulouse samedi 9 mai à 20 heures. Tarifs : de 35 à 110 euros.