Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Trains étroitement surveillés de Jiri Menzel
Sorti en 1966, Trains étroitement surveillés demeure près d’un demi-siècle après l’un des films les plus célèbres du cinéma tchèque et une œuvre emblématique de la Nouvelle Vague d’alors représentée par Milos Forman, Ivan Passer et Vera Chytilova. Durant la Seconde Guerre mondiale, un jeune homme, Milos, travaille comme apprenti dans une petite gare d’un village. Complexé, timide, attiré par l’avenante contrôleuse Macha, le garçon qui semble à peine sorti de l’enfance observe entre incompréhension et fascination le monde des adultes. Jusqu’à ce que l’Histoire et les événements orientent son destin…
Si le film de Jiri Menzel débute dans le registre de la comédie et du marivaudage, une part de mélancolie et de noirceur s’invite peu à peu, à l’image de la tentative de suicide de Milos. Pour autant, l’élan vital s’impose dans le sillage d’un chef de gare volontaire et séducteur qui prend le jeune homme sous aile. Ces personnages donnent le sentiment d’évoluer hors du temps et des tragédies de leur époque, illusion trompeuse que dissipe la dernière partie du film.
Gens ordinaires
Récit d’apprentissage et chronique d’une petite communauté, Trains étroitement surveillés est un hommage à des gens ordinaires, à une société rurale et populaire qui s’efforce de vivre et de rester digne quand d’autres préfèrent pactiser avec l’ennemi. Rien de grandiloquent ou de directement politique devant la caméra de Jiri Menzel qui privilégie l’humour, le pas de côté poétique ou picaresque. Le prologue adresse un clin d’œil au cinéma muet et Milos semble par moments un cousin tchèque de Buster Keaton.
Couronné par l’Oscar du meilleur film étranger, Trains étroitement surveillés rappelle la créativité de la Nouvelle Vague tchèque avant que l’invasion soviétique de 1968 et la politique de « normalisation » n’instaurent une chappe de plomb. Contrairement à Milos Forman ou Ivan Passer qui choisirent de passer à l’Ouest, Jiri Menzel resta dans son pays et continua sa carrière en dépit de la censure.
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