Lydie Salvayre publie Autoportrait à l’encre noire aux éditions Robert Laffont. Un récit intime porté par une écriture franche, puissante et au second degré.

Lydie Salvayre © Jean Pierre Loubat
Écrire sur soi. L’exercice n’est pas aisé. Mais Lydie Salvayre a accepté. Pourquoi ? Que raconter qui ne l’aurait pas été dans les précédents romans ? Telles sont les questions de l’auteur. Au demeurant, une certitude, l’exercice se fera avec style. Celui de Lydie Salvayre. Drôle, cash, poétique et honnête. Parler de soi, c’est parler de ses racines. Revenir sur l’histoire familiale. Un père sévère et dur, difficile à comprendre. Une mère plus fantasque et complice, et dont le portrait dans Pas pleurer avait valu un Goncourt hautement mérité à l’auteur. Des parents qui façonnent une enfance faite de doutes, de craintes et de découvertes, et qui, malgré l’âge adulte, s’immiscent toujours dans le quotidien.
Trouver une voix
Poser les premiers mots d’une autobiographie ne semble pas mince affaire. La narratrice en parle à sa voisine. Plus qu’une voisine, une confidente et une lectrice fidèle de romans dits « feel good ». Un terme et une littérature qui agacent Lydie Salvayre. Chacune expose ses raisons et la joute verbale est savoureuse. La voisine explique les envies des lecteurs, des textes personnels empreints de sentiments. L’auteur râle, hors de question ! La « vraie littérature », c’est autre chose. Ce n’est pas du déballage facile et des scènes surjouées. Les arguments enflammés se poursuivent de part et d’autre. Et quoiqu’un accord semble impossible, la voisine fait réfléchir l’auteur. Elle interroge son propre rapport à la littérature, au succès et à la solitude. À sa difficulté à s’exprimer en public, à raconter ses écrits, à participer aux événements littéraires. À jouer le jeu.
Tout en esquivant l’exercice, Lydie Salvayre construit une autobiographie sensible, sincère et personnelle. Entrer dans le cadre sans s’y conformer. Répondre aux attentes sans s’y perdre. Voilà, la prouesse et l’espièglerie de l’auteur. Et le résultat est bluffant et captivant.
Lydie Salvayre présentera son nouveau roman le 4 octobre à 17h à la librairie Ombres blanches.
Autoportrait à l’encre noire • Robert Laffont