Critique. Concert. 4ème édition des Rencontres Musicales de Nîmes. Nîmes. Temple de l’Oratoire, le 27 Août 2025. Joseph SUK ; Anton DVORAK ; Eric SCHULHOFF ; Johannes BRAHMS. Alexandre Kantorow, Aurèle Marthan, Jérémie Moreau : piano ; Liya Petrova, Clémence De Forceville, Charlotte Juillard : violon ; Grégoire Vecchioni, Paul Zientara : alto ; Edgard Moreau, Aurélien Pascal : violoncelle.
Superbe panorama de quatuors avec piano à partir de Brahms.
Ce programme à nouveau très cohérent et particulièrement bien présenté par Philippe Bernhardt a eu un succès retentissant.

Philippe Bernhardt présente le concert au Temple de l’Oratoire lors des Rencontres Musicales de Nimes Photo: Lewis Joly
Le partage et l’amitié qui président à ces rencontres nîmoises a en effet un beau succès public. Malgré une lourde chaleur le public est resté très concentré et les artistes ont enflammé leur art sans s’économiser. Car ce qui est magnifique à voir c’est l’énergie physique que ces jeunes musiciens déploient. Leur jeu est toujours très engagé et leurs intentions musicales très généreuses.
Nous avons découvert la première œuvre composée par Joseph Suk en hommage à son professeur Antonin Dvorak. Ce premier quatuor avec piano de Joseph Suk son opus 1 est très abouti. La composition en est élégante et dansante. L’hommage à Dvorak est subtil et déjà le style de Suk est original. Charlotte Juillard au violon a un jeu incandescent, ses sonorités sont généreuses et magnifiques. Paul Zientara à l’alto est extrêmement engagé et a de très belles couleurs. Aurélien Pascal au violoncelle sait relancer les danses avec art et il tire de son instrument des sonorités ambrées et mordorées du plus bel effet. Très souvent c’est l’accord entre les trois cordes qui crée un son d’une richesse incroyable et des phrases d’un lyrisme généreux. Au piano Aurèle Marthan a les yeux et les oreilles partout pour compléter les belles sonorités de ses amis des cordes. L’atmosphère de complicité et d’admiration mutuelle est absolument remarquable. Les rythmes complexes sont allégés et semblent d’une surprenante facilité. Le quatuor de Joseph Suk avec de tels interprètes pourrait accéder à la célébrité.

Charlotte Juillard, Aurèle Marhan, Paul Zientara, Aurélien Pascal. Photo: HS
Puis le Quatuor de Dvorak, œuvre qui a inspiré celle de Suk, va nous être proposé dans une interprétation vibrante et fougueuse. L’œuvre regorge de danses et de thèmes populaires qui s’imbriquent et se complexifient dans des rythmes subtils. Nos musiciens semblent se délecter de cette si belle musique et nous partageons avec eux les charmes exercés par ce chef d’œuvre. Liya Petrova, Aurélien Pascal, Grégoire Vecchioni et Jérémie Moreau trouvent une complicité rare et jubilatoire. Le public leur fait une belle ovation.

Aurélien Pascal, Jérémie Moreau, Liya Petrova, Grégoire Vecchioni. photo: HS
Après l’entracte nous retrouvons toutes le cordes pour un sextuor d’Erwin Schulhoff. L’œuvre est puissante, percutante, dès le début et nous entraîne vers les affres de l’époque qui précède la deuxième guerre mondiale. Partition très exigeante pour les instrumentistes comme pour le public, la concentration était à son comble sur scène et dans la salle. La tension qui se dégage de cette musique mais également les moments de paix permettent de passer par des émotions très contrastées. Les musiciens sont à nouveau merveilleux d’écoute et d’admiration mutuelle . Cette œuvre, devient avec des passeurs de cette qualité, lisible et compréhensible malgré sa complexité. Le public a été très réceptif et a fait un triomphe aux artistes.

Edgard Moreau, Aurélien Pascal, Grégoire Vecchioni, Paul Zietntara, Clémence de Forgeville, Charlotte Juillard
Pour le final qui sera grandiose, nous retrouvons Alexandre Kantorow au piano. Cet artiste si intimement proche de Brahms va dans ce troisième quatuor avec piano être un partenaire incroyablement à l’écoute et il va offrir un jeu nuancé et subtilement coloré qui va inspirer tous ses partenaires. La beauté et la subtilité de cette interprétation restera dans les mémoires. Au violon Clémence de Forceville va chanter de toute son âme les magnifiques phrases qui lui sont confiées. A l’alto Paul Zientara est toute écoute et tous regards complices avec ses partenaires. C’est au violoncelle d’Edgard Moreau que reviendra la plus grande complicité avec le piano d’Alexandre Kantorow en termes de partage de nuances, subtilité rythmique et de phrasés. La puissance de cette interprétation atteindra des sommets.

Première soirée de concert au Temple de l’Oratoire lors des Rencontres Musicales de Nimes, le 26/08/2025
Le piano souverain d’Alexandre Kantorow a irrigué de la plus belle eau ce chef d’œuvre brahmsien si inspirant. Le triomphe des artistes est total. Et à nouveau le final des saluts se fait avec tous les musiciens sous un tonnerre d’applaudissements. Nous avons vécu une très belle deuxième soirée des Rencontres Musicales de Nîmes 2025.

Clémence de Forgeville, Alexandre Kantorow, Grégoire Vecchioni , Edgard Moreau
Hubert Stoecklin

Aurélien Pascal, Aurèle Marthan, Jérémie Moreau, Liya Petrova, Paul Zientara, Edgard Moreau, Charlotte Juillard, Alexandre Kantorow, Grégoire Vecchioni,, Clémence De Forceville. Photo: HS