Voir les articles précédents sur Micro et les quelques lignes sur ce spectacle enthousiasmant.
Les 16 et 17 février, sa toute dernière création, Théâtre des opérations sera accueillie au Sorano avec le CDC Toulouse-Midi-Pyrénées et le festival Made In Asia. Pour ce nouveau spectacle ou performance, Pierre Rigal s’est inspiré de La Jetée (1962), court-métrage mythique de Chris Marker, réalisateur décédé l’an dernier à l’âge de 91 ans. Le chorégraphe travaille sur les mouvements de masse en réunissant neuf danseurs rencontrés en Corée et possédant une haute formation technique, alliant classique et contemporain. Le chorégraphe met en lumière les notions de groupe et, à contrario, les notions d’individu, lorsque celui-ci est isolé, au sein d’une communauté d’êtres étranges et nomades, comme un conte atmosphérique et visuel.
A la question : « Aviez-vous dès le départ une idée du spectacle et de son thème, qui comme son titre l’indique, traite de conflits ? », Pierre Rigal a donné comme réponse : « Non, pas du tout et je peux vous dire qu’elle est venue à moi comme une évidence, un matin, alors que s’achevaient les représentations de Micro, ma précédente pièce, au festival d’Avignon. Le Théâtre des opérations, qui évoque une zone de conflit militaire, n’a rien à voir en particulier avec la Corée, même si le thème trouve une certaine résonance dans ce pays compte tenu des tensions toujours vives avec son voisin la Corée du Nord. Le thème est hélas universel et j’espère que le spectacle, qui va être montré sur des scènes très diverses, trouvera partout un écho auprès des spectateurs. »
« La guerre ou, plus largement, la confrontation ne sont pas les thématiques uniques de la pièce. Il faut rajouter à ces deux notions leurs opposés complémentaires que sont l’amour, l’harmonie, la douceur. » Pierre Rigal
Sur le plateau, règne un climat d’après la catastrophe où circulent d’étranges communautés. Histoire fictive de civilisation qui évoque, sous la forme du jeu, les chocs des sociétés et les heurts du temps. Théâtre des hostilités, des négociations, des amours, des révolutions, des événements. Pourquoi l’être humain est-il inexorablement attiré par la rupture, le conflit, la violence ? Comment bascule-t-il dans le chaos et puis, plus tard, comment revient-il dans la civilisation ? C’est cette question qui sera mise en avant avec décalage, détournement et même drôlerie. Sur le projet, Pierre Rigal aura trouvé des danseurs « très volontaristes, d’une énergie foisonnante. J’aime ça, mais j’aime aussi les contrastes, je leur demande donc des moments de lenteur, de géométrie immobile. » Entre le natif de Toulouse et les coréens, il vaut mieux une interprète. Gi-Hye est devenue son assistante sur le spectacle.
«L’espace, les situations et les conditions physiques inhabituelles nourrissent les créations de Pierre Rigal (…). Avec son art permanent de l’hybride et du décalage, le chorégraphe met en scène un paysage poétique, sorte de combinatoire harmonique aux accents ludiques et absurdes.» Irène Filiberti pour le programme de saison du CDC
Michel Grialou
Centre de Développement Chorégraphique
Made In Asia
Crédits photos : Nation Group/ Sungjin Jung