Monsieur Aznavour, un film de Mehdi Idir et Grand Corps Malade
Il faut une certaine dose de témérité pour oser affronter cette légende de la chanson française ayant largement dépassé les frontières hexagonales : Charles Aznavour (1924-2018). En fait, et de manière plus prosaïque, ce film est né de la volonté même du chanteur.
Il en a confié la production à son gendre Jean-Rachid Kallouche et a choisi les réalisateurs Mehdi Idir et Grand Corps Malade, ceux- là même qui ont déjà uni leurs talents en 2017 pour le sublime Patients. Tous les deux se sont ensuite attelés au scénario et nous livrent ici une biographie qui, sans tenir de l’hagiographie frôle ses frontières. De son enfance à sa gloire mondiale, nous suivons le parcours de cet Arménien attiré par la chanson et qui eut la chance de croiser sur sa route une certaine Edith Piaf (superbe Marie-Julie Baup). Dans la scène-pivot du film, d’une incroyable violence, Piaf demande au jeune Charles, alors sous contrat dans un petit cabaret québécois, de tout plaquer, sa femme, son ami et partenaire de toujpurs Pierre Roche (épatant Bastien Bouillon) et son employeur d’alors. L’histoire nous dit que, aussi cruelle que fut cette décision, il n’hésita pas longtemps à la prendre… Clairement elle lui fut bénéficiaire. Le film fait bien sûr la part belle à quelques-unes des 1200 chansons de son répertoire. Une véritable playlist ! Nous croisons aussi toute la Variété de cette époque : Gilbert Bécaud, Johnny Halliday, Frank Sinatra, Sammy Davis Jr. Et ce n’est pas l’un des moindres attraits de ce film. C’est Tahar Rahim qui se glisse dans la peau de l’autre Grand Charles français, avec un engagement évident.
Le geste cinématographique ne révolutionne pas le genre biopic, genre très difficile, mais comblera les millions de fans de celui qui n’aura pas eu le temps de voir « sa vie, son œuvre » sur grand écran.