Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
The Party de Blake Edwards
Lors du tournage d’un remake de Gunga Din de George Stevens, d’après l’œuvre de Kipling célébrant l’entreprise coloniale britannique en Inde, un figurant – Hrundi V. Bakshi – sème la panique et cause la destruction d’une partie des décors. Bien que banni par le studio, l’acteur indien est invité par erreur à une fête donnée par le producteur du film à Los Angeles. L’arrivée de cet homme, dont la courtoisie extrême n’a d’égale que sa propension à provoquer des catastrophes, va semer le chaos dans la somptueuse demeure du magnat…
Avec The Party, sorti en 1968, Blake Edwards a signé l’une des plus grandes comédies de l’histoire du cinéma, un film d’une maîtrise extrême où la composition géométrique des plans et l’utilisation du cinémascope (l’arme de précision du metteur en scène) se marient à la perfection à la part d’improvisation laissée au génial Peter Sellers que le cinéaste retrouvait après La Panthère rose et Quand l’inspecteur s’emmêle, les deux premiers volets des aventures de l’inspecteur Clouseau.
Jubilatoire
La dynamique burlesque de The Party fonctionne sur le décalage permanent : des personnages, des situations, des objets… La montée en puissance de l’entreprise de démolition involontaire, enclenchée par cet élément étranger à un milieu qui le méprise sans oser l’avouer, se déploie à travers des gags hilarants à double ou triple détente. Comme dans le cinéma muet, Blake Edwards se sert d’un détail (la perte d’une chaussure, un rouleau de papier toilette qui se déroule indéfiniment…) pour enclencher une imparable mécanique.
Le rythme s’accélère jusqu’au feu d’artifice final où un éléphant apporte une touche psychédélique et pop. Influencé par Playtime de Jacques Tati, ce film jubilatoire diffuse un joyeux souffle anarchisant. Il y a aussi la musique superbe d’Henry Mancini, le charme mutin de Claudine Longet. Avec Diamants sur canapé, The Party est la plus belle réussite d’un cinéaste longtemps sous-estimé.
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