Les artistes ont abordé le thème « l’Histoire est à moi » de cette édition 2012 du Printemps de Septembre sous différents angles : la mémoire, le discours historique travaillé par la représentation et le rapport à l’Histoire de l’Art.
Pour ce dernier aspect, au Musée des Abattoirs, sont exposées de nombreuses photographies pastiches d’œuvres célèbres (Radeau de la Méduse, Cène, Liberté guidant le peuple, peinture renaissance, style pompier, etc,…).
Au milieu de ces oeuvres au style « léché » et n’apportant pas grand’chose, émerge la série d’autoportraits de Samuel Fosso, dans laquelle il se met dans la peau de personnages d’Afrique, importants ou non, rendant un bel hommage à l’Homme Noir. La forte dimension intérieure de ses photographies n’est pas sans rappeler le travail de Cindy Sherman. Elles auraient méritées d’être mis plus en avant.
Toujours à la Galerie Sollertis, il faut voir le pendant de l’oeuvre « Guerre Version 03 » d’Alain Josseau exposée au Musée des Abattoirs. Dans « 3 minutes scénario : guerre », la minutie filmographique du montage vidéo en direct est époustouflante et nous fait toucher du doigt les recherches de cet artiste sur la construction d’une représentation historique devenue factice. Sous nos yeux ébahis, de banales figurines en plastique se transforment en Images de Guerre.
Platon’s Mirror de Mischa Kuball
A l’Espace Croix Baragnon, une autre œuvre mérite qu’on s’y attarde.
Mischa Kuball, un artiste allemand a fait une trouvaille géniale qui lui permet de réactualiser la notion de support et de représentation.Il installe une toile « magique », une feuille d’argent, non parfaitement tendue, sur laquelle il projette une vidéo.
Si on y regarde de plus près, on s’aperçoit que cette toile est à la fois support de projection, miroir et filtre lumineux.
L’image vidéo devient une matière travaillée par le support dans un espace multidimensionnel. On voit 4 représentations différentes : l’image projetée sur le mur vierge (témoin), l’image projetée sur la toile et déformée par l’absence de tension, l’image assombrie filtrée à travers la toile et qui apparaît derrière elle, et enfin le signal lumineux diffracté par le relief du support et dont les effets cristallins envahissent la pièce.
S’ajoute à cela le spectateur, qui est inclus dans la représentation car il se reflète lui-même dans le support.
Avec cette œuvre, la Caverne de Platon part vraiment dans tous les sens.
Le « Jardin suspendu » de Mona Hatoum
A l’inverse des autres artistes, Mona Hatoum, d’origine libano-palestinienne, se projette dans le futur pour une Histoire qui reste à écrire.
Elle réussit une fois de plus cette combinaison sensible entre recherche plastique, discours et émotion (cf. article Light Sentence).
Dans cet espace en plein air adossé à l’église de la Dalbade (DRAC, rue de la Dalbade), elle a installé un mur de barricade, emblème des guerres d’usure du Proche-Orient. Mais les sacs sont remplis de graines qui germent tout au long de la session du Printemps de Septembre, donnant naissance à un mur végétal.
Mona Hatoum met ainsi en scène la force de régénération et la capacité d’oubli. Et tout comme on a pu rêver des mythiques jardins suspendus de Babylone, elle rêve d’un avenir où la vie aurait repris ses droits.
Anne Dargenton
Un article à retrouver sur Jardins Mentaux