Un divan à Tunis, un film de Manele Labidi
Le premier long de cette réalisatrice franco-tunisienne ressemble fort à un scanner de la Tunisie post-printemps arabe. Issue du monde de la finance, Manele Labidi fait ses armes à la Femis, puis, à 38 ans, réalise son rêve : présenter un film. C’est une réussite dans laquelle le meilleur des comédies italiennes des années 60/70 du siècle dernier nous fait des clins d’œil savoureux. Il en est ainsi de la sincérité, de l’humour, de l’empathie, du picaresque des personnages, de la profondeur de regards dénués de tout jugement qui baignent en permanence cette comédie sociale aux accents que l’on devine d’une grande authenticité. Selma (électrisante Golshifteh Farahani), fraichement diplômée française en psychanalyse, décide de revenir au pays pour la pratiquer, devinant, à la lueur des événements politiques, que sa mère-patrie a besoin de parler, de s’exprimer. Elle ouvre donc innocemment un cabinet dans lequel très rapidement se précipite tout un petit peuple haut en couleurs. Mais voilà, Naïm (Majd Mastoura, épatant de candeur administrative), un policier intègre un brin sensible aux charmes de Selma, va la sommer tout de même de fermer son officine car son dossier n’est pas en règle. Il lui manque une autorisation. Le chemin de croix de la psychanalyste peut commencer. Mais c’est sans compter sur l’attachement de Selma à son travail certes, mais aussi et peut-être surtout à son pays. Même si l’on aurait souhaité un peu plus de fluidité dans le montage et de liant dans le scénario, force est de constater combien cette galerie de personnages venant chercher du secours, aux profils parfois et certainement un peu appuyés, est amusante autant que révélatrice de l’état actuel de cet immense pays sortant à peine de trop nombreuses années de dictature. Autant vous le dire, certaines scènes sont franchement irrésistibles et témoignent d’un talent qui ne demandera qu’à s’affirmer.