Chaque mercredi, on rend hommage à un grand classique du cinéma. A voir ou à revoir.
Les Enchaînés d’Alfred Hitchcock
En 1946, à Miami, Alicia Huberman, une jeune femme à la vie dissolue, est contactée par les services américains via l’agent T.R. Devlin. On lui propose d’entrer en contact au Brésil avec d’anciens amis de son père qui vient d’être condamné pour espionnage à la solde des nazis. Ne partageant pas les convictions paternelles, elle accepte. A Rio, Devlin et Alicia ont une liaison avant d’apprendre la mission précise qui lui incombe : approcher, quitte à le séduire, un certain Alexander Sebastian afin d’infiltrer son organisation de sympathisants nazis. L’objectif sera pleinement accompli puisqu’elle va épouser, avec l’aval de ses supérieurs et de Devlin, la cible… Sorti en 1946, Les Enchaînés compte parmi les plus belles réussites d’Alfred Hitchcock dans une filmographie qui en contient tant. Comme souvent, le réalisateur anglais réunit à l’écran un tandem d’acteurs de rêve : Cary Grant (qu’il a alors dirigé dans Soupçons et qu’il retrouvera dans La Main au collet et La Mort aux trousses) et Ingrid Bergman (qu’il fit tourner dans La Maison du docteur Edwardes puis qu’il mettra en scène dans Les Amants du Capricorne).

Pour autant, la réussite du film ne réside pas dans la seule présence des deux stars. La finesse du scénario de Ben Hecht (coécrit par Hitchcock lui-même) est évidemment servie par la mise en scène du maître, la fluidité et la précision des mouvements de caméra, le sens inouï du cadrage et du montage, la magnifique photographie en noir et blanc.
Le plus long baiser du cinéma
Parfait mélange de romance et d’espionnage, Les Enchaînés use du traditionnel « McGuffin » hitchcockien, c’est-à-dire d’un objet que le ou les héros doivent récupérer et qui sert de moteur au scénario bien que l’intérêt réel de la chose soit totalement secondaire ou vite oublié… Ici, il s’agit d’uranium dissimulé dans des bouteilles de vin stockées dans un cellier qui vont susciter un subtil ballet, plein de suspense, entre les personnages. Histoire d’amour contrariée pour une juste cause, Les Enchaînés est resté célèbre pour sa scène du baiser entre Grant et Bergman, baiser présenté alors comme le plus long du cinéma (deux minutes trente seconde).

On retrouve par ailleurs dans le film des thèmes et des figures chères à Hitchcock – la mère possessive (en l’occurrence celle de Sebastian), l’empoisonnement… – ainsi qu’un « méchant » d’anthologie formidablement interprété par Claude Rains. « Au cinéma, plus le méchant est méchant, plus le film est réussi », disait le cinéaste. Comme ceux de L’Ombre d’un doute, L’Inconnu du Nord-Express, La Mort aux trousses ou Psychose, celui des Enchaînés est parfait et devient presque aussi inoubliable que le couple Ingrid Bergman / Cary Grant.
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