Le label londonien Cherry Red propose une belle compilation de maxis iconiques soul, funk et disco.
Le maxi a été inventé pour permettre aux DJ’s de faire danser les gens un peu plus de trois minutes (celles du format 45 tours). C’est un petit label américain, Cyclone, qui, le premier, va proposer, en 1970, un maxi du « For Once In My Life » de Stevie Wonder repris par le guitariste jazz-pop Buddy Fite. Cela ne suscitera pas un grand émoi, et il faudra attendre 1974 pour que le producteur new-yorkais Tom Moulton récidive avec ce format.

Initialement destinés aux DJ’s et à la promo, ces maxis vont bien vite être commercialisés : le premier sera « Ten Percent » de Double Exposure’s en 1976. Cette innovation nourrira la mode du disco qui adoptera définitivement ce format (avec encore plus de succès en discothèque). Ce format étendu génère aussi l’apparition de la figure musicale du break (ou breakdowns), i.e. ces longues parties instrumentales qui viennent « couper » le morceau.
Basse groovy et synthétique, cuivres rutilants, entêtantes guitares claquantes ou wah-wah, Moog à gogo… Beaucoup de ces gemmes disco-funk-soul seront pillées par le rap postérieur. Un exemple parmi d’autres : le riff de cuivres de « Got My Mind Made Up » d’Instant Funk qui sera merveilleusement recyclé par De La Soul (« A Roller Skating Jam Named “Saturdays” », 1991). On songe aussi à Jamiroquai qui a beaucoup puisé là-dedans (et dans Stevie Wonder) ou Norman Cook (Housemartins, Fatboy Slim) qui fera, avec son groupe Beats International, un tube en reprenant « Just Be Good To Me » de SOS Band, mélangé avec le pattern de « Guns Of Brixton » (le morceau sera rebaptisé « Dub Be Good To Me »). Sans oublier « Money’s Too Tight To Mention » des Valentine Brothers (groupe originaire de l’Ohio), une chanson sur les années de récession sous Reagan qui sera reprise par Simply Red et qui deviendra un hit mondial.
En dehors des tubes bien connus comme « And The Beat Goes on » (Whispers), « Boogie Wonderland » (Earth Wind & Fire), « Disco Inferno » (Trammps – et repris par Tina Turner, Madonna ou Notorious B.I.G.), « Expansions » (Lonnie Liston), « Flashlight » (Parliament), on découvre ici quelques pépites oubliées comme « You Got The Floor » d’Arthur Adams, « Searching » de Change, ou « He’s The Greatest Dancer » de Sister Sledge.
Enfin, rappelons aux amateurs de rock (dont je suis) qui moquèrent cette mode musicale trop légère, et dédiée à la danse et aux paillettes, qu’elle influença jusqu’aux meilleurs combos rock eux-mêmes puisque les Stones y puisèrent l’inspiration de « Miss You » (1978) et « Emotional Rescue » (1980), Blondie celle de « Heart Of Glass » (1978), et David Bowie lui-même, bien avant Daft Punk, embaucha le guitariste de Chic, Nile Rodgers, sur son album Let’s Dance (1983).
> The Greatest Soul/Funk & Disco 12’’ Singles of the 70’s & 80’s (Coffret 4 CD, Cherry Red)

