Onzième album studio de Benjamin Biolay, “Le disque bleu” est d’une grande générosité avec pas moins de 24 chansons. Beaucoup de ballades au programme dont de nombreuses d’inspiration bossa-nova. Et, comme toujours, des textes incisifs sur les déchirements du cœur et le temps qui passe. Très attendu sur scène, l’artiste affiche déjà complet à Balma, en avril 2026. Il sera de retour le 24 novembre 2026 au Bikini de Ramonville.

Benjamin Biolay. Photo Chloé Rose
Cet été, le single « Juste avant de tomber » avait pu donner une fausse impression de ce que serait le nouvel album de Benjamin Biolay. La chanson, pop en diable, se plaçait dans la continuité des deux précédents disques de l’artiste, « Grand prix » et « Saint-Clair » et notamment de son plus gros tube, « Comment est ta peine ? » Le rock a finalement peu sa place dans le millésime 2025 du Sétois d’adoption. On en trouve bien des traces dans « 15 octobre » (« jour dégueulasse où tant de souvenirs s’entassent »), « Soleil profond » (où il est question de « soulever la table et tout casser » sur des riffs de guitares) ou de « Pauline partout, Justine nulle part » (régal de contrepèteries avec Jacky et Michel Sardou en invités surprises). Pour le reste, ce sont les ballades qui se taillent la part du lion(nais), ce qui va bien au timbre grave de Benjamin Biolay, gros fumeur et buveur devant l’éternel. Guitare acoustique et quatuor à cordes accompagnent superbement le titre introductif, « Le penseur », dont la philosophie, cette recherche d’un « bonheur indicible » se cultive aussi au comptoir des bistrots. « Testament » est du même tonneau, toute de mélancolie teintée d’ironie. « Oh la guitare » reprend les mots d’Aragon pour illustrer la passion de Biolay pour cet instrument, qu’il pratique parmi tant d’autres, ici magnifié dans sa version acoustique. Ambiance similaire avec « Trois grammes », hommage si simple et si beau, aux musiciens et aux poètes qui « passent de l’élégie aux plus amères stances ». Et clin d’œil à cette Capitale que l’artiste n’a jamais beaucoup aimée, avec un « Adieu Paris » à la contrebasse jazzy et à l’accordéon volontairement cliché – et néanmoins émouvant.
De Brassens à la bossa-nova
La deuxième partie de ce « Disque bleu » d’une grande richesse nous promène entre chanson française classique (celle de Brassens dont Biolay reprend « Les passantes », sur un poème d’Antoine Pol) et bossa-nova brésilienne (pléonasme). Et cela donne encore de beaux joyaux comme « Mauvais garçon », portrait bourré d’autodérision d’un homme « capable au mieux de pas grand-chose » (et tout le monde de s’inscrire en faux !) ; « Tout nu et tout mouillé » (réminiscences de l’art délicat de Françoise Hardy derrière un titre pouêt-pouêt à la Carlos) ; « Oooooooo » (et la fascination maritime) ou encore « Mes souvenirs » (« les plus beaux, les moins pires » : « la 4L GTL bleue du paternel », « les sonnets de Paul Valéry », « l’album Melody Nelson »…)
Hommage à Gainsbourg
Là encore, sous un air désabusé, Benjamin Biolay vend la mèche. Oui, on lui a souvent dit qu’il faisait son Gainsbourg. Alors, il en rajoute avec « Morpheus Tequila » et « Résidents visiteurs » – voix traînante, piano électrique, guitare qui griffe. « Le disque bleu » est ainsi : profond et taquin, lyrique et désespéré, sensuel et brutal, direct et elliptique. Comme le résumé d’une vie cabossée filant à mille à l’heure.
Album « Le disque bleu » (Virgin/Universal). Benjamin Biolay en concert à la salle Interférence de Balma samedi 11 avril 2026 (complet) et mardi 24 novembre 2026 au Bikini de Ramonville-Saint-Agne (tarif : 50 euros).